psychologie attention divisée et concurrence cognitive
Un des thèmes majeurs de la psychologie ergonomique ou psychologie du travail, est l’attention divisée (ou concurrence cognitive), c’est-à-dire la capacité de gérer plusieurs tâches simultanément. Car contrairement à la conception d’un esprit immatériel gérant toute activité mentale sans limite d’espace et de temps, des chercheurs ont montré que des activités entraient bien souvent en concurrence, entraînant souvent une diminution d’une des tâches, ou des deux. Les chercheurs anglais ont été les premiers à développer ce thème. Colin Cherry puis Donald Brodbent qui faisaient écouter des messages différents par les deux oreilles en même temps (attention sélective). Alian Baddeley du centre appliqué de Cambridge proposa avec Graham Hitch (1974) le concept de mémoire de travail pour interpréter les problèmes de concurrence cognitive. Dans les recherches, on mesure la performance dans une tâche principale tandis qu’une tâche secondaire doit être également effectuée. Un bon exemple, est l’écoute de la radio ou d’un téléphone dans la conduite automobile. Dans une recherche (Lieury, Robert, Castell, 2004), l’expérience consistait à simuler sur ordinateur le temps de réaction à freiner, à la différence qu’il s’agissait d’un appui avec le doigt sur une touche d’ordinateur, en fonction d’un signal de danger (par exemple ambulance, feu rouge…). Ce temps de réaction, pour la tâche dite principale, était mesuré en fonction de différentes tâches secondaires (ou concurrentes), l’écoute d’une bande-son avec des messages de quatre niveaux de difficultés. Par rapport à un temps de réaction de 650 ms (millièmes de secondes) dans la condition contrôle, le temps de réaction atteint presque le double, avec 1 180 ms (augmentation de 80 %) lors de l’écoute de messages sonores complexes (par exemple publicités). Dans une expérience de l’institut de recherche sur le transport dans le Michigan (Reed et Green, 1999), les résultats de la conduite réelle sont similaires avec ceux du simulateur et montrent une dégradation plus ou moins élevée des performances par rapport aux conditions contrôle (conduite sans concurrence cognitive) : + 23 % dans les écarts du pied sur l’accélérateur, + 38 % dans les variations de rotation du volant et la vitesse latérale et jusqu’à 118 % (soit plus de deux fois plus) dans la variation de vitesse. La difficulté de travailler en concurrence cognitive explique de nombreux accidents de la vie quotidienne.