Psychopathologie de l’adulte:Le degré d'extension
Le délire peut s’étendre à toute la pensée du sujet, ou rester cantonné à un secteur de la vie psychique du sujet. Par exemple, le délire ne peut être qu’en rapport avec la vie professionnelle, ou, au contraire, avec la sphère affective du sujet. Lorsque le délire est sectorisé, le sujet peut continuer à fonctionner de façon quasi « normale » dans les autres domaines. Lorsque le délire s’étend à tous les domaines de la vie du sujet, ce dernier peut difficilement continuer à fonctionner socialement.
Les différents types de psychoses
On distingue plusieurs types de psychoses : les délires chroniques et la schizophrénie. Nous verrons ici les délires chroniques (pour la schizophrénie, voir le chapitre 3 de la partie III).
Pour retenir un diagnostic de délire chronique, il faut qu’il y ait absence de syndrome dissociatif (comme dans la schizophrénie), absence de trouble organique et que l’âge du début soit après trente-cinq ans.
La paraphrénie
Lorsque le mécanisme principal du délire est de type imaginatif, on parle de paraphrénie. Le sujet est persuadé d’appartenir à un monde imaginaire dont il est souvent le héros. La plupart du temps, le thème est de grandeur. Ainsi, les sujets sont des princes ou des rois. Le délire est systématisé et sectorisé. Le contact avec la réalité reste donc et la qualité de la relation avec ces sujets est bonne. Il y a une véritable cohabitation de la réalité et du système délirant. L’adaptation à la vie sociale peut donc être préservée. On observe rarement des troubles du comportement, car le délire n’est pas vécu, mais plutôt transmis par le discours du sujet.
La paranoïa
Lorsque le mécanisme dominant du délire est de type interprétatif, on parle de délire paranoïaque. Le thème est la persécution ou la jalousie. Le délire est totalement systématisé. Cohérent et logique, il se base sur des faits réels réinterprétés par le sujet dans le sens de la persécution. L’interlocuteur peut se laisser convaincre par le sujet délirant paranoïaque. L’investissement affectif du sujet dans son délire est majeur, ce qui le rend très sensible sur ce thème. La relation avec lui en devient délicate et tout geste ou mot peut être pris dans le sens du délire. Le sujet est réticent à livrer sa pensée délirante. Son adaptation à la réalité reste néanmoins assez bonne, car le délire est sectorisé.
Les sujets paranoïaques peuvent, par exemple, avoir construit un délire autour de leur vie professionnelle dans laquelle une personne en particulier, mais parfois l’ensemble des collègues, semble liguée contre lui. Cela peut également être un délire de persécution envers les voisins. Il est difficile de soigner ces patients qui demandent rarement de l’aide car ils sont très réticents à livrer leur pensée. De plus, ils parviennent parfois à convaincre leur entourage du bien fondé de leur système.