Psychologie émotions
Les émotions sont des réactions très intenses, face à des situations d’alarme, d’urgence ou liées à de très fortes motivations. De tout temps, philosophes et psychologues (Fraisse, 1965) ont remarqué que les émotions se caractérisaient par un double aspect, l’aspect neurobiologique et l’aspect cognitif (subjectif), les sentiments. Caroll Izard, un des chercheurs les plus productifs dans ce domaine, a présenté une théorie des émotions différentielles (en anglais DET) et une échelle correspondante basée sur des analyses des termes employés (dans différentes cultures) pour les expressions de visages dans des photographies (Izard, 1971, 1993). Des recherches successives étalées sur une dizaine d’années, utilisant l’analyse factorielle aboutissent à douze émotions primaires dans sa dernière version (DES-IV). Voici ces émotions de base avec quelques items représentatifs (fortement corrélés).Cependant, une analyse factorielle sur les émotions elles-mêmes indique seulement deux grands facteurs qui correspondent à la grande dichotomie biologique des émotions (voir réactions émotives), les émotions positives avec l’intérêt, la joie et la surprise et les autres correspondant aux émotions négatives.
émotions (neurobiologie des)
Jack Panksepp (1982, 1989) a proposé une synthèse théorique dans laquelle, il y a quatre grands systèmes motivationnels-émotifs.Chaque système est pré-programmé génétiquement et répond à un nombre réduit d’incitateurs naturels (stimulus inconditionnels) qui déclenchent des réactions spécifiques.
Désir (ou plaisir)
Panksepp préfère parler de « désir » plutôt que de plaisir car il correspond à ce que les physiologistes appellent les motivations appétitives, recherche de nourriture, d’un partenaire sexuel, etc. L’auteur fait remarquer qu’il y a plaisir lorsque la peur ou la colère cesse et pour cette raison distingue plaisir et désir ; mais cet argument est discutable et lorsque la douleur, colère ou peur s’arrêtent, il y a plutôt un traumatisme plutôt que du plaisir. Plaisir et désir peuvent donc être considérés comme synonymes. D’une façon générale le désir correspond chez l’homme aux besoins hédonistes des philosophes, la recherche des plaisirs.
Colère
Le système de la colère (rage, agressivité) a été le premier découvert. L’ablation du cortex chez le chat (Magoun, 1954), du bulbe olfactif chez le rat ou la stimulation électrique de certaines régions du système limbique déclenchent chez l’animal un état de colère d’une violence intense, appelée rage. Les réactions correspondantes sont l’attaque et le combat avec notamment, chez l’animal, des morsures. Le cortex aurait donc un rôle modulateur ou inhibiteur dans les conditions habituelles grâce aux stimulations (olfactives chez le rat, visuelles et auditives chez l’homme) et aux apprentissages. Privé de ces modulations (ablation du cortex, alcool, absence d’un apprentissage de règles morales…), le centre de rage déclenche des réactions paroxystiques pour produire la colère et l’agression.
Peur
Le système de commande de la peur (angoisse, anxiété…) peut être également déclenché par des stimulations intracérébrales et faire naître la peur d’une souris chez un chat. Les incitateurs naturels paraissent être la douleur et le danger de destruction. Les réactions déclenchées sont soit la fuite lorsque c’est possible, soit l’immobilité ; on connaît les diverses expressions employées pour désigner cet état chez l’homme, « les jambes en coton » ou « les jambes flageolantes ». La finalité biologique de la fuite est évidente, elle permet d’échapper à un prédateur mais l’immobilité peut être également un mécanisme de survie en permettant de se cacher (par exemple homochromie : les insectes qui ont la couleur ou la forme de leur support, feuilles, brindille…).
Détresse et tendresse
Le système de la détresse (tristesse), découvert par Panksepp, s’observe plus chez le singe et l’homme. Le fonctionnement positif de ce système correspond aux activités sociales, dont le fameux grooming chez les singes (épouillage mutuel) et les contacts chez l’homme (serrement de main, accolades, caresses de l’amour…). De là viendrait chez l’enfant (et même chez l’adulte) le besoin doux et chaud des peluches. Sur le plan biochimique, certaines hormones de l’hypophyse se répandent dans le cerveau et créent divers états émotifs ; par exemple la vasopressine pourrait être l’hormone du désir sexuel (chez les mâles castrés, la vasopressine est diminuée de moitié dans le cerveau) tandis que l’ocytocine serait l’hormone de l’instinct maternel (et du comportement nourricier chez le mâle) et du plaisir sexuel. Dans la théorie de Panksepp, l’amour est double, sexe (centre du désir) et tendresse (centre de l’amour/détresse).