Les troubles psychologiques:Les troubles alimentaires
L’anorexie s’accompagne souvent d’autres types de troubles. L’angoisse de l’anorexique est massive. L’idée obsédante de perdre du poids et la restriction qui y est associée pompent une partie de cette angoisse. Toutefois, il arrive que ce ne soit pas suffisant pour dégager le psychisme. D’autres symptômes se déploient alors : les TOC (Troubles obsessionnels compulsifs) et les phobies. Ils participent à cette tentative d’encadrer l’angoisse. Les rituels concernent généralement la propreté et tout ce qui touche au corps. Les phobies, si elles sont ciblées sur des objets, permettent à l’anorexique de décharger l’angoisse et lui offrent la faculté d’éviter l’objet.
L’anorexique peut aussi avoir des accès de boulimie, qu’elle fera suivre par des vomissements. A un niveau comportemental, le vol est aussi fréquent. Il s’agit souvent de vol de nourriture ou d’objet. Les troubles du sommeil surviennent également et contribuent à fatiguer son corps maltraité. Des sentiments dépressifs se cachent derrière la conduite anorexique, mais ils sont insupportables pour la jeune fille qui ne peut les laisser venir et faire un travail de deuil.
Les hypothèses expliquant la maladie
Il est toujours difficile de trouver les raisons qui conduisent quelqu’un à la maladie mentale. Toutefois, il s’agit toujours d’un ensemble de
facteurs. Si dans le cas de l’anorexie mentale on ne trouve pas d’origine organique ou de vulnérabilité génétique, on peut en revanche rassembler un ensemble de tendances communes aux anorexiques qui nous permet de réfléchir sur l’origine de cette maladie.
Ce qui semble récurrent dans la personnalité des jeunes filles anorexiques (ou des garçons : un pour mille), c’est leur mauvaise estime d’elles-mêmes, qui n’avait pas été mise en évidence dans l’enfance. Confrontée à la puberté, elle apparaît comme essentielle. La fragilité narcissique et l’insécurité interne engendrent une impossibilité de traverser l’adolescence sans entrer dans ce mode de fonctionnement restrictif. Le contrôle et le développement d’une dépendance (à la nourriture) contrebalancent ce que l’anorexique est en train de perdre : l’investissement du lien parental.
Il semble également que la relation aux parents soit marquée par une grande dépendance, notamment vis-à-vis d’un des deux. On retrouve chez certaines des anorexiques la marque d’un œdipe structuré, mais chez d’autres, il y a une défaillance de la triangulation qui a laissé la possibilité d’un investissement de type narcissique vis-à-vis d’un parent. L’enfant était envisagé inconsciemment comme un appendice de l’un des deux parents et n’a pu constituer sa personnalité comme lui appartenant. La séparation engendrée par le travail de l’adolescence laisse l’enfant devenu jeune fille devant le vide de ses capacités. Ainsi, l’anorexie permettrait de maintenir le lien avec les parents, en tombant malade, et de garder une distance avec eux, en ne les laissant pas secourir la jeune malade.
La société actuelle a sans doute aussi son rôle à jouer, bien qu’elle ne suffise pas à expliquer le trouble. En effet, cette maladie existe depuis plus d’un siècle, époque où la maigreur n’était pas un critère de beauté. Notre société de l’image qui propose des modèles identificatoires féminins très minces (sans rondeur ni même épaisseur !) favorise le désir de maigreur des adolescentes. L’adolescence est l’une des périodes de la vie qui s’appuie beaucoup sur ce que lui offrent les objets externes. On aimerait que durant ce passage difficile, les personnalités les plus fragiles puissent compter sur les valeurs essentielles à la quête de l’identité. Il y a donc ici un piège, comme il y en a sans doute à toutes les époques.