Les troubles musculosquelettiques
Définition
Les TMS constituent un enjeu en santé au travail. Ils sont des maladies multifactorielles à composante professionnelle. Ils regroupent un grand nombre de lésions touchant les muscles, les articulations, les tendons et les nerfs. Gênants et douloureux pour ceux et celles qui en souffrent .Les sollicitations qui sont à l’origine des TMS sont d’origines biomécaniques, organisationnelles et psychosociales.
A quelques exceptions, toute activité professionnelle peut donner lieu à un TMS. Autrement dit, les travaux lourds ne sont pas les seuls à comporter des risques puisque le fait de travailler dans une mauvaise position ou d’effectuer toujours les mêmes mouvements sont également incriminés.
Plusieurs études ont mis en évidence le lien renforcé entre des conditions de travail spécifiques et l’apparition de TMS. Par exemple, les femmes sont davantage engagées pour un travail monotone et répétitif, de sorte qu’elles sont plus souvent victimes de TMS. Il arrive également que les équipements de travail soient mieux adaptés à la physiologie masculine, ce qui accroît les risques de TMS pour les femmes.
Les facteurs de risque
Combien de personnes ne se plaignent-elles de souffrir du dos, d’avoir mal à la nuque, des épaules endolories…? Des douleurs chroniques ou récurrentes qu’on finit par banaliser, avec lesquelles on vit tant bien que mal en se disant qu’elles sont liées au vieillissement, à sa faible constitution, à une prédisposition héréditaire. Or, ces affections que l’on nomme troubles musculo-squelettiques(TMS) trouvent bien souvent leur origine dans les conditions de travail. Mais le lien entre les douleurs et le travail est trop peu examiné: aucune mesure n’est prise pour prévenir les TMS, les travailleurs ne font pas l’objet d’un suivi médical, les TMS sont détectés à un stade beaucoup trop avancé, les victimes ne sont pas indemnisées pour les dommages subis.
Facteurs biomécaniques
Les facteurs biomécaniques recouvrent la répétitivité des gestes, les efforts excessifs, la position statique prolongée et les postures articulaires contraignantes. Le critère retenu pour évaluer la «répétitivité» est celui de «mouvement identiques ou comparables effectués à intervalles de quelques secondes».
Facteurs organisationnels:
L’amélioration de la productivité et de nouvelles formes organisationnelles (gestion à flux tendu, principe du juste à temps) ont entraîné plusieurs conséquences en termes de densification du travail Le manque de pauses ou d’alternance dans les tâches ainsi qu’une durée de travail excessive, réduction des délais, accélération des cadences et diminution des temps de récupération. Parallèlement, l’automatisation partielle des procédés de fabrication a accru la répétitivité des gestes restés manuels et contribué à limiter les marges de manœuvres des opérateurs. Ces facteurs organisationnels augmentent le risque de TMS car ils ne permettent pas une récupération suffisante pour l’organisme.
Facteurs psychosociaux
De mauvaises relations de travail, de courts délais d’exécution des tâches, le manque de contrôle du travailleur sur son travail ou de participation à son organisation et le risque de licenciement sont des facteurs psychosociaux qui peuvent être sources de stress c’est pour cette raison il faut considérer ici le stress comme «un syndrome de débordement» qui fait que la personne «perd le contrôle de son propre geste». Il en résulte une tension incarnée qui agît après coup sur l’appareil biomécanique. Les raisons de ce débordement sont la répétitivité des mouvements et la diversité des gestes qui font qu’un opérateur ne «s’appuie plus sur un geste protecteur» car la diversité convoque sans possibilité de les anticiper, en temps réel, des gestes qu’il n’a plus le moyen de rendre «sûrs». C’est à ce niveau que les mécanismes stresseurs peuvent s’enclencher et se métaboliser dans les articulations.
Donc, le stress amplifie la perception de la douleur et rend les opérateurs plus sensibles aux facteurs de risque de TMS.
Les facteurs individuels
Les facteurs de risque individuels englobent un caractère intrinsèque et extrinsèque. Dans le premier cas, il s’agît du patrimoine génétique d’un individu et de ses antécédents médicaux. Ainsi, il est admis que le diabète ou une fracture du poignet sont des facteurs de risque du syndrome du canal carpien. De même, la grossesse ou la ménopause peuvent favoriser l’apparition de TMS chez les femmes. Par ailleurs, l’âge entre aussi en ligne de compte car la capacité fonctionnelle et la force musculaire diminuent avec le vieillissement. Dans le deuxième cas, il s’agît de facteurs à risque liés à l’environnement de l’individu, ses modes de loisirs (pratique ou non d’un sport, d’un instrument de musique ou des activités domestiques (bricolage, jardinage, etc.).
Pourtant, d’après plusieurs études belges et européennes, les troubles musculo-squelettiques constituent une des premières plaintes des travailleurs quand ils parlent de leurs conditions de travail. Et une part importante et croissante du taux d’absentéisme découle directement des TMS. Dans tous les secteurs de la vie professionnelle, la flexibilité accrue dans l’organisation du travail provoque une intensification et une accélération des tâches et augmente le risque de TMS.
Les types de troubles musculo-squelettiques
Les TMS peuvent être classés en deux grands groupes. Les maux de dos sont les plus connus et les plus fréquents. Viennent ensuite les affections des membres supérieurs, encore plus variées et complexes. L’exécution répétée ou répétitive d’un même mouvement est l’une des causes majeures à l’origine de ces troubles que l’on appelle également les microtraumatismes répétés.
Outre ces deux grandes catégories de TMS, il convient de noter l’apparition potentielle de lésions au niveau des membres inférieurs, et plus précisément des pieds, des chevilles, des genoux, etc. Mais ces problèmes ont une ampleur moindre.
Les maux de dos
Les maux de dos peuvent être répartis en deux grands groupes: les lombalgies fonctionnelles et les maux de dos d’origine médicale. La majeure partie des maux de dos appartiennent à la première catégorie.
Les lombalgies fonctionnelles sont des troubles que l’on peut réduire voire empêcher en respectant quelques règles de prévention. Les causes de ces douleurs sont multiples: une mauvaise condition physique générale (pas assez d’exercices physiques, vie sédentaire, surpoids…), une mauvaise position ou une position maintenue trop longtemps, de mauvais mouvements (ramasser des objets légers ou soulever des charges lourdes sans plier les genoux…), des vibrations (manipuler des objets vibrants ou conduire des moyens de transport). Les facteurs psychologiques et émotionnels ne sont pas à négliger: une personne qui souffre par exemple de dépression, du stress ou qui se sent insatisfaite dans sa situation professionnelle court plus de risques de développer des maux de dos.
Quant aux maux de dos d’origine médicale, les plus fréquents sont le lumbago, la hernie discale, la sciatique et l’arthrose.
Les maux de dos peuvent toucher tous les travailleurs mais les maçons, les infirmières, les travailleurs sur écran, les nettoyeurs, les travailleurs à domicile, les coiffeurs sont particulièrement touchés.
Affections des membres supérieurs
Les TMS des membres supérieurs concernent tout ce qui se trouve entre le cou et le bout des doigts. Les troubles peuvent aller de la simple gêne, la fatigue ou la raideur à des troubles de la sensibilité, un gonflement, une douleur et une perte de force.
Par ailleurs, les TMS des membres supérieurs peuvent être localisés ou diffus. Les premiers peuvent être ramenés à une partie du corps spécifique (le poignet, l’épaule, le cou…) et le siège précis de la lésion peut être facilement établi (par exemple l’inflammation d’un tendon). Les seconds sont plus difficiles à saisir. Il s’agit de muscles douloureux et affaiblis, de douleurs brûlantes, de fourmillements, etc. Les TMS diffus sont plus fréquents que les TMS localisés et sont également plus difficiles à traiter.
Les TMS des membres supérieurs peuvent apparaître soudainement mais il s’agit la plupart du temps d’un processus lent dans lequel les symptômes et conséquences s’aggravent progressivement. Au stade le plus avancé, la douleur et la faiblesse deviennent chroniques et le sommeil est fortement perturbé. Les activités quotidiennes sont très limitées et la situation peut provoquer une perte fonctionnelle importante et une incapacité de travail.