Les troubles des conduites alimentaires
Les troubles des conduites alimentaires (TCA) sont de nos jours parmi les troubles psychiatriques les plus médiatisés :
Suicides d’anorexiques qui défraient la chronique.
Images de Top Models affichant une maigreur « insolente » .
Le tout, dans une société qui valorise, de plus en plus la maigreur avec des standards de plus en plus stricts.
Les TCA constituent un groupe de pathologies graves car :
Plus que l’aspect purement quantitatif, ces perturbations soulèvent des problèmes psychopathologiques plus profonds, avec la possibilité de comorbidité avec d’autres troubles, essentiellement les addictions.
Elles touchent avec prédilection l’adolescent et l’adulte jeunes Elles sont associées à une mortalité importantes (anorexie +++}.
Le médecin généraliste (de famille, scolaire….) est appelé à jouer un rôle clé, de part son contact avec ces jeunes, dans le dépistage et Sa reconnaissance des ces pathologies à un stade de début, avant que s’installent des complications irréversibles.
Historique:
Essentiellement pour l’anorexie mentale
Avicenne, XI siècle : premières description cliniques de l’anorexie.
» Raimbault, C. Eliacheff, XiV siècle : Saint Catherine de Sienne : anorexique typique, vivant dans une sorte d’ascèse avec jeûne et hyper-activité ainsi qu’une négation d’organe.
Autre figure historique : Impératrice Sissi.
Richard Morton, XVI siècle : auteur de la première description de ce qu’il appela « consomption nerveuse »
La véritable individualisation : la fin du XÎX siècle, grâce au français Laségue (1873) et l’anglais Gull (1874), qui décrivirent chez des jeunes filles ou des jeunes femmes un refus volontaire de s’alimenter avec amaigrissement et aménorrhée.
Le terme « anorexie mentale » : le français Huchard (1883).
Quant à la boulimie, dérivée du grec « bous », le bœuf, et «limos», la faim.
Apparaissait dans les textes anciens comme un état pathologique de voracité avec ingestion d’une quantité excessive de nourriture.
Empire Romain: manger puis se faire vomir était un comportement habituel « ils vomissent pour manger et mangent pour vomir » SENEQUE.
A cette époque, d’immenses banquets étaient préparés quotidiennement et les romains se livraient à de véritables orgies alimentaires, interrompues par des vomissements provoqués, ce qui leur permettait de continuer leur repas gigantesque!
La boulimie n’était pas un phénomène médical.
A partir du XVIile siècle, changement de regard, Ses médecins prouvant peu à peu qu’il s’agit d’un trouble, donc d’une maladie.
G.F.M Russe!, 1976 première description médicale.
Définitions :
Le comportement alimentaire normal :
Le comportement alimentaire assure, à travers un ensemble de conduites, une triple fonction :
– Energétique et nutritionnelle répondant à des besoins biologiques,
– Hédonique (plaisir) : d’ordre affectif et émotionnel,
-Symbolique : d’ordre psychologique, relationnel et culture!.
Le comportement alimentaire normal intègre ces différentes dimensions. Il participe ainsi à l’homéostasie interne et externe de l’individu, c’est-à-dire au maintien d’un état de bien-être physique, psychologique et social qui définit la santé.
L’homme doit résoudre un double problème :
– Couvrir ses besoins essentiels effectuant un choix parmi une très grande variété d’aliments tout en évitant ies substances toxiques ;
– S’alimenter de manière discontinue, alors que les dépenses sont permanentes.
Pour répondre à ces besoins, la prise alimentaire s’organise en une série d’événements périodiques décrits selon une ‘’séquence comportementale », qui comporte trois phases :
Phase pré-ingestive: qui précède le repas. Chez l’animal, elle est caractérisée par un état d’éveil et la recherche active de nourriture. Chez l’homme, elle est marquée par le stockage, le choix des aliments, ia préparation du repas.
Phase ingestive: la phase du repas ou phase prandiale. Elle se déroule en 3 temps : l’initiation du repas, la prise du repas, l’arrêt de la prise alimentaire.
Phase post-ingestive: Elle débute après le repas et dure jusqu’au repas suivant.
Cette séquence comportementale est modulée par des sensations :
La faim; le besoin physiologique de manger sans spécificité. C’est un ensemble de sensations secondaires à la privation de nourriture. La faim détermine la recherche de nourriture et l’heure de la prise alimentaire.
L’appétit: l’envie de manger un aliment ou un groupe d’aliments définis. En général, ces aliments sont appréciés, le sujet en a déjà fait l’apprentissage et en attend une sensation plaisante.
La satiété: souvent décrite comme une sensation de plénitude gastrique et de bien- être. C’est l’état d’inhibition de la prise alimentaire. Elle dure jusqu’à la réapparition de la faim qui va initier la prise alimentaire suivante (et une nouvelle séquence comportementale)
Les troubles des conduites alimentaires :
s’agit de Perturbations importantes et durables de la prise alimentaire, le plus souvent ssociés à d’autres comportements pathologiques.
Les Limites entre le normal et le pathologique, doivent tenir compte:
– des aspects culturels;
– du degré de perturbation des conduites;
– des conséquences sur le plan somatique;
– de l’altération de l’état psychologique;
– de l’altération des relations sociales.
Deux grandes catégories de perturbations peuvent être isolées: Par Excès ou Par Défaut.
TCA par défaut :
– L’anorexie: la diminution ou la perte de l’appétit. Elle peut être volontaire ou non, entraîner une perte de poids plus ou moins importante et être renforcée par des vomissements provoqués.
– Les refus alimentaires: conduites de restriction, sans perte de l’appétit, souvent dans un contexte délirant.
N.B: Les refus alimentaires volontaires en conscients dans un contexte de revendication (grèves de la faim), ne font pas partie des TCA.
TCA par excès :
– L’hvperphaeie prandiale: correspond à une augmentation des apports caloriques au moment des repas. A l’origine de l’obésité commune.
– L’Hvperphagies extra-prandiale, le Grignotage: caractérisé par l’ingestion répétée, quasi automatique, de petites quantités de divers aliments non spécifiques sans ressentir de faim ou d’appétit, bien que les aliments consommés soient souvent jugés agréables. Il s’agit d’un comportement « passif’ où la disponibilité des aliments, facilement accessibles, joue un rôle essentiel. Il s’associe fréquemment à une sensation d’ennui.
– La boulimie: se caractérise souvent par une sensation de faim intense, souvent vécue dans l’angoisse et amène le sujet à absorber rapidement une grande quantité de nourriture, sans faire de choix alimentaire et souvent en se cachant.
– La gloutonnerie: Avidité et rapidité à manger de certains arriérés ou déments.
– La potomanie: besoin permanent et difficilement contrôlable d’ingérer de grandes quantités de liquides, de l’eau le plus souvent.
– La dipsomanie: besoin irrésistible, survenant par accès intermittents, de boire de grandes quantités de boissons généralement alcoolisées.
Il existe aussi une troisième catégorie, moins fréquente que les deux premières :
Facteurs psychologiques ;
La Personnalité des patients souffrant de TCA est caractérisée par:
– Besoin excessif de tout contrôler et tendance au perfectionnement.
– Anorexie: inhibition émotionnelle, cognitive et comportementale, une psychorigidité et une extrême aptitude à contrôler son alimentation
– Boulimie: plus grande labilité émotionnelle, avec des difficultés à contrôler les pulsions.
Le trouble fondamental est un trouble de l’image du corps.