les remaniements psychologiques à ladolescence:La régression
C’est ce mécanisme défensif qui entraîne le sujet vers un stade libidinal antérieur, qu’il avait dépassé. La régression à l’adolescence est un moyen de reprendre confiance en retrouvant un mode de relation à l’objet connu. Les conduites autoérotiques, les attitudes anales, en sont des exemples. Face à l’angoisse suscitée par la nouveauté, l’adolescent retarde transitoirement son avancée vers l’âge adulte. Avec ses amis, il rit de blagues scatologiques et de jeux enfantins.
La sublimation
C’est le mécanisme de défense le moins coûteux psychologiquement, et le plus accepté socialement. Il s’agit de déplacer l’énergie sexuelle et agressive vers des objets socialement valorisés. L’intérêt pour la culture et la créativité en est un exemple. L’adolescent, dont le pulsionnel est débordant, trouve en ce mécanisme une façon de diriger cette énergie de manière constructive. Il se tourne vers l’écriture, le dessin, le théâtre, le sport et la compétition.
Le recours à l’agir
Nous sommes tentés d’inclure dans cette partie le recours à l’agir car il paraît témoigner à l’adolescence d’un véritable mouvement défensif.
Il s’agit d’une défense comportementale que l’on observe fréquemment chez les adolescents, notamment dans la psychopathologie de cette période : tentatives de suicide, passage à l’acte sexuel, violence contre les objets externes. L’adolescent tente de reprendre le contrôle de son corps et des émotions qui lui échappent, en agissant. C’est une façon coûteuse de se décharger des émotions pulsionnelles. Cela peut le conduire à des actes impulsifs, transgressifs, auto ou hétéroagressifs.
Le développement intellectuel à l’adolescence
Nous évoquerons ici de façon très succincte les acquisitions de l’intelligence à l’adolescence. Selon Piaget, l’intelligence se développe en plusieurs étapes. Il distingue l’intelligence sensori-motrice de l’intelligence opératoire concrète (voir la partie II). Une fois ces deux paliers franchis, l’adolescent accède à la pensée formelle. En d’autres termes, il s’agit du raisonnement hypothético-déductif. Alors que l’enfant raisonne par tâtonnement avec des objets concrets, l’adolescent acquiert la capacité de raisonner par hypothèse, en induisant des conséquences et en les vérifiant.
La période formelle repose sur deux structures de raisonnement :
• le système combinatoire, qui permet d’envisager toutes les possibilités d’une situation. L’adolescent devient capable de dire de façon exhaustive les permutations possibles d’un cas de figure ;
• le groupe d’identité, Négation, Réciproque, Corrélative. Il s’agit du système que la pensée formelle utilise pour résoudre des opérations logiques. Par exemple, l’expérience de Piaget est d’équilibrer une balance avec des poids. Les enfants peuvent la déséquilibrer et la rééquilibrer en enlevant puis en ajoutant un poids. La pensée formelle permet d’utiliser d’autres stratégies, notamment en se servant des deux côtés de la balance.
Dans les stades piagétiens, c’est le stade ultime de l’intelligence. Piaget précise toutefois que la pensée et les acquisitions intellectuelles continuent à évoluer tout au long de la vie. En outre, tous les adolescents n’accèdent pas à la pensée formelle. Piaget précise qu’il faut de bonnes conditions environnementales pour pourvoir l’acquérir.
Si l’adolescence ne se traverse pas toujours bruyamment, elle n’en est pas moins une crise au sens de changement et d’adaptation. Elle est une crise positive de construction. C’est sans doute la période à vivre la plus difficile pour le jeune, ses parents et les éducateurs.
Elle peut être bruyante, en raison du bouillonnement pulsionnel que l’adolescent ressent soudainement et du changement corporel irréversible et inquiétant. Adultes, nous en avons peu de souvenirs, grâce au mécanisme du refoulement qui en a gommé les affects désagréables, et parfois les expériences qui y sont associées.
Toutefois, pendant cette période, tout peut se rejouer et s’installer dans un sens nouveau. Tout sujet est passé par cette phase de maturation. Les parents qui ne supportent pas le changement d’attitude de leur adolescent à leur égard peuvent répondre par une rupture qui, si elle n’est pas définitive, n’en laissera pas moins des traces. Au contraire, cette période peut intéresser le parent qui voit en l’adolescent un être en construction et cherche à l’aider avec discrétion. C’est pourquoi la crise d’adolescence est également une crise parentale, dans la mesure où elle fait également bouger le fonctionnement des parents et ravive leur problématique, notamment leur vécu relationnel avec leurs propres parents à cette même époque.
L’adolescence peut également se passer sans grande souffrance ni conflit, comme pour la plupart des adolescents. Cela se produit grâce à un ensemble d’acquisitions de l’enfance en matière de sentiment de sécurité interne, de narcissisme, de relation de confiance avec les parents et dans un cadre rassurant. Par contre, pour 15 à 20% des adolescents, elle provoque de la souffrance et débouche parfois sur une pathologie. Ces adolescents doivent alors être aidés par un spécialiste.