Approches psychosociologiques de l'organisation
Après avoir vu les approches trop exclusivement sociologiques ou psychologiques, nous allons examiner différentes approches qui font intervenir à la fois le sociologique et le psychologique.
L’approche stratégique
L’analyse stratégique s’oppose aux théories psychologiques que nous avons vues et récuse l’interprétation en termes de « besoins fondamentaux», du comportement humain à l’intérieur des organisations.
«L’homme est aussi une tête», dit Crozeir, c’est-à-dire une volonté personnelle, des objectifs personnels; et la rencontre de ces projets personnels avec les contraintes de l’organisation produit des comportements qui sont pratiquement de deux grandes catégories La protection d’avantage, et la négociation comme forme de lutte pour le pouvoir.
Les comportements de La protection d’avantage se fixent assez facilement en des modalités chroniques de relations appelées
«jeux».On peut observer de tels «jeux» au niveau des individus mais plus facilement au niveau des groupes statutaires de l’organisation.
Analyser une organisation c’est alors élucider les «jeux» des partenaires sociaux de l’organisation.
On dit «jeux» car tout se passe comme si objectifs des partenaires et contraintes de l’organisation façonnaient des règles définissant le cadre général à l’intérieur duquel les comportements doivent se situer.
Les acteurs sociaux, partenaires à l’intérieur d’une organisation, rejouent donc inlassablement avec des contenus divers, le même scénario de base. S’il y a cette stéréotypie, ces cercles vicieux, c’est parce que chacun des acteurs en retire des bénéfices. Bénéfices souvent inconscients et qui cachent en fait des motivations plus profondes.
Par exemple le jeu de la «bureaucratique à la française» se joue à trois
- Les employés de base ou le public,
- L’échelon –tampon
- L’échelon supérieur
Les premiers se plaignent de leur situation et des injustices, les seconds appliquent des règles impersonnelles et transmettent des informations erronées, les troisièmes n’étant pas informés prennent des décisions de routine aveugle et renforcent les règles bureaucratiques.
Pour Crozier, les motivations qui maintiennent ce jeu sont les motivations fondamentales de la société française la recherche de la sécurité, de l’autonomie personnelle, la crainte des relations de face à face…et le goût pour l’autorité autocratique.
Crozeir et son école ont ensuite proposé une interprétation des stratégies des acteurs sociaux en termes de lutte pour le pouvoir.
L’organisation est en effet, disent les acteurs de cette école, le lieu privilégié pour les relations de pouvoir car l’organisation lie les partenaires les uns aux autres par sa structure et par les objectifs communs qu’elle impose.
Cette obligation de relation entre individus qu’ont besoin les uns des autres fonde la permanence des relations de pouvoir. Tout peut se comprendre en termes de pouvoir. Les stratégies mises en œuvre par les acteurs sociaux vont avoir pour but ultime d’optimiser, en tenant compte des règles du jeu une position de force dans l’organisation.
Le pouvoir ce n’est pas forcément la position hiérarchique, c’est la possibilité d’une liberté d’action, imprévisible pour autrui, parce que l’on dispose d’information qu’il n’a pas.
D’où la lutte pour le pouvoir consiste en partie à s’efforcer d’accroitre la «Zone d’incertitude» des autres tout en réduisant la sienne.
L’organisation est donc le lieu d’une négociation permanente pour le «pouvoir» c’est une réalité complexe, résultat de marchandage multiple entre des intérêts divergents.
L’analyse actionniste
Pour le courant dit «actionniste» les «faits sociaux ne sont pas des choses» (J.Monnerot, 1949) c’est-à-dire qu’on ne peut pas considérer les actes humains comme les résultats mécaniques d’un conditionnement, comme une réponse prévue à un stimulus précis.
Pour ce courant, chaque action a une signification subjective difficile à saisir, car une même action, une même situation peuvent être interprétées comme amical par un groupe de travailleurs ou comme une tentative illégitime de gagner leur sympathie par un autre groupe.
Une action est le produit d’un «système d’attentes»issu de l’expérience passée des acteurs, «système qui définit leur perception».
L’action sociale,c’est toute conduite humaine qui est motivée et guidée par les significations que l’auteur découvre dans le monde extérieur,significations dont il tient compte et aux quelles il répond.
Les traits essentiels de l’action sociale résident donc dans la sensibilité de l’acteur à la signification des choses et des êtres ambiants, la prise de conscience de ces significations et la réaction aux messages que ces dernières transmettent.
Puisque l’action découle des significations, on doit se demander d’où viennent ces significations?
Elles viennent en premier lieu des rôles sociaux attachés aux institutions sociales.
La société comporte un ensemble d’institutions composées d’une hiérarchie de statut aux quels sont attachés des droits et des devins.
Les individus situés dans ces postes doivent respecter les droits et devons attachés à la charge, ils jouent donc des rôles sociaux à répondre au système des exigences du rôle.
la personnalité, dans une telle conception est un ensemble de «dispositions» apprises, et de «valeurs» transmises qui s’organisent dans des rôles sociaux par les quels la personnalité en effet agence ses dispositions et valeurs de manière à répondre aux attentes des autres rôles, et pour se conformer aux valeurs sur les quelles repose le système des rôles.
À travers le jeu possible entre les rôles –jeu régi par les valeurs implicites du système, l’individu élabore des buts personnels qui vont diriger son action.
Pour comprendre ce qui se passe dans une organisation, il faudra donc analyser, pour chaque partenaire, sa perception de la situation c’est-à-dire ses implications, la définition qu’il donne à son propre rôle et aux rôles des autres, expliciter les conditions habituelles de chacun et les significations de chacun en fonction de sa propre définition de la situation donné à chaque conduite.
La synthèse de toutes ces observations permet de saisir l’organisation comme un système des rôles, d’attentes des rôles, des significations données.
L’analyse sociotechnique
L’idée de base de l’analyse sociotechnique est que l’on ne peut pas considérer séparément le système technique au technique de l’organisation, c’est-à-dire sa structure formelle, son environnement physique… et son système social, c’est-à-dire la psychologie des individus et des groupes, les communications, les relations sociales, les satisfactions des travailleurs…
Il faut considérer l’ensemble de ces sous système dans un système ouvert plus vaste. Il existe des relations de dépendance, d’induction réciproque entre le système technique et le système social.
L’environnement pose des exigences qui limitent, les variations possibles du système technologique. Une fois le système technologique établi, il introduit à son tour une série d’exigences qui limite le champ de variation du système social utilisé.