Le mythe du psy au cinéma: Les thérapies comportementales
Les thérapies comportementales apparaissent rarement et souvent de manière indirecte à travers des procédés thérapeutiques qui sont un mélange de pratiques diverses.
— Dans Sueurs froides (Vertigo, 1958) de Hitchcock, on voit James Stewart, qui souffre d’une phobie des hauteurs après une chute de plusieurs étages, tenter de se rééduquer en montant les marches d’un escabeau. Une de ses amies tente sans succès de désensibiliser son vertige par cette méthode. Cette amie, qui n’est pas sans charmes, ne parviendra ni à guérir ni à conquérir le beau James. C’est en suivant Kim Novak en haut de la tour d’un couvent qu’il vaincra sa phobie, avant que la femme ne se jette dans le vide. Comme quoi, une thérapie ne fonctionne qu’avec la motivation du patient.
— Dans Pas de printemps pour Mamie {Mamie, 1964) l’héroïne est une jeune beauté kleptomane et phobique de la couleur rouge qui séduit un aristocrate de la côte est des États-Unis joué par Sean Connery. Elle refuse toute sexualité, jusqu a ce que, devant de nouveaux vols, son mari la fasse suivre par un détective privé, qui découvre que sa mère vit à Baltimore et quelle lui apporte l’argent de ses vols. Sean Connery va alors utiliser une méthode peu psychanalytique, mais franchement comportementale : il reconstitue le passé de Mamie en l’emmenant de force chez sa mère où elle apprend la vérité. Sa mère était prostituée, et elle a reçu un jour un marin ivre qui l’a brutalisée. Marnie, alors âgée de 5 ans, a tué à coups de tisonnier le marin qui était tombé par terre. De là la phobie du sang et du rouge. De là aussi la kleptomanie : la fille vole pour que sa mère n’ait plus à se prostituer. Après que cette confrontation aura produit une intense expérience émotionnelle, Marnie sera libérée de son passé et partira, apaisée, vivre avec Sean Connery. La dernière image du film représente un bateau à quai, au bout de la rue du port où vit la mère de Marnie. C’est un décor et le spectateur s’en rend compte. Sans doute Hitchcock a-t-il voulu nous dire qu’il s’agissait de la reconstruction d’un fantasme.
— Dans Orange mécanique de Stanley Kubrick (1971), le héros est un délinquant dangereux qui suit un traitement de condi¬tionnement à base de chocs électriques et de produits chimiques destinés à modifier ses comportements violents et meurtriers. Bien entendu, ce programme thérapeutique fantaisiste échoue, mais l’image négative des thérapies comportementales sera fixée pour quelques années dans l’esprit du grand public.
— Dans Pour le meilleur et le pire (1997) de James Brooks, enfin, un patient obsessionnel (Nicholson) prend des antidépresseurs et suit une thérapie de groupe comportementale. Cependant, c’est par l’amour qu’il sera guéri : pour rejoindre sa belle, il devra renoncer à ses rituels.
L’hypnose:
L’hypnose est souvent représentée sur le mode de la manipulation ou pour expliquer certains comportements aberrants. Le film qui représente le mieux la pratique de l’hypnose est un film peu connu de John Huston Let there be light (Que la lumière soit, 1945).
Ce film, négligé et jamais traduit en français, est un remarquable documentaire sur le traitement du stress post-traumatique de guerre. C’était d’ailleurs une commande de l’armée américaine. Les patients sont joués par des acteurs et le scénario s’inspire de cas réels. La représentation de scènes de thérapie qui mélangent l’hypnose à des considérations psychanalytiques est remarquable. C’est dans doute pourquoi ce film a longtemps été interdit de diffusion : il risquait de porter atteinte au moral des troupes encore en action.
Les thérapies humanistes:
Les thérapies humanistes ont été représentées aussi bien par le cinéma américain que français. Bob, Carole, Ted et Alice (P. Mazursky, 1969) ou Psy (P. de Broca, 1980) nous invitent dans l’univers de groupes de rencontre évoluant dans des lieux bucoliques. Cadres et couples fatigués explorent leurs vécus et leurs impasses existentielles tout en contestant la société de consommation qui les fait vivre.
La psychologie du travail:
La psychologie du travail a été récemment brocardée dans Le Placard (Francis Veber, 2001) où un ex-psychologue d’entreprise tire les ficelles d’une comédie de mœurs dont les méandres abou¬tissent à révéler l’homosexualité latente d’un macho joué par Depardieu.