La thérapie comportementale de l’agoraphobie
Le manuel pour la thérapie de patients agoraphobes (c’est-à-dire souffrant de peurs dans des endroits déterminés, généralement des lieux publics), avec ou sans attaques de panique, qui ne souffrent pas de troubles organiques, psychotiques ou bipolaires (c’est-à-dire maniaco dépressifs) a été développé par Barlow &Waddel (1985). La thérapie peut se faire individuellement (avec ou sans partenaire) ou en groupe.
Le but du traitement, qui est ici présenté avec des groupes de six patients accompagnés de leurs partenaires, est de modifier le comportement phobique et ses composantes cognitives (perceptions, pensées, traitement de l’information, etc.), affectives et motrices, de façon telle qu’il ne donne plus lieu à des problèmes.
Il s’agit en outre de faire acquérir au patient des compétences de contrôle qui lui permettent de gérer des situations critiques et d’éventuelles rechutes.
Le travail thérapeutique est relativement structuré. Il commence par huit séances hebdomadaires de 90 minutes. Lors des huit séances suivantes (deux par semaine), le travail thérapeutique fourni par le patient à la maison entre les séances est discuté et approfondi. Après seize séances, la thérapie se termine. La première séance commence par la présentation des problèmes faite par le patient. Suit une information donnée par le thérapeute sur l’anxiété, l’agoraphobie et son traitement. Le thérapeute ne se borne bien sûr pas à expliquer le plan de traitement, mais souligne la nécessité de noter les activités et de faire les exercices quotidiens. Lors de la deuxième séance, ces informations sont répétées et l’on discute les expériences vécues par chacun des patients pendant la semaine. À la fin de cette séance le thérapeute explique brièvement le rôle joué par les pensées (cognitions) dans l’anxiété et l’agoraphobie et montre au patient comment observer les pensées dans une situation déclenchant l’anxiété. Dans les séances suivantes l’exploration des activités quotidiennes du patient et de leur évolution continue ; les diverses techniques sont progressivement apprises et exercées et l’on donne entre les séances des tâches à accomplir qui seront discutées lors de la séance suivante. Le travail commun consiste principalement dans une confrontation auto-initiée (c’est-à-dire que le patient prend lui-même l’initiative et fait le premier pas) et progressive à des situations déclenchant l’anxiété, le partenaire de son côté apportant une aide importante. Occasionnellement le thérapeute explique au patient que l’anxiété, se manifestant de façon plus intense par moments, n’est pas de nature à l’inquiéter, mais plutôt un signe que la thérapie commence « à prendre ». Le but n’est pas d’arriver à l’absence totale d’anxiété, mais bien d’apprendre à la gérer.
Les techniques thérapeutiques sont l’auto-observation, le journal clinique et l’exposition auto-initiée progressive aux situations anxiogènes. L’application de ces techniques dans la vie quotidienne et dans des situations de stress est minutieusement préparée et faite avec l’aide du thérapeute. S’y ajoute l’utilisation de la restructuration cognitive, de procédés de gestion de la panique et de stratégies de maîtrise (surtout de situations sociales stressantes) ainsi que des jeux de rôle. Dans les cas où ce programme n’améliore que peu ou pas le patient et où cela semble s’expliquer par des conflits intra ou interpersonnels, on recommande de les traiter en plus.
Le travail du patient consiste donc à observer et à comprendre son comportement, à acquérir et à exercer des compétences de gestion qu’il peut appliquer dans la vie quotidienne, et à risquer la confrontation auto-initiée progressive avec les situations déclenchant l’anxiété. Dans ces efforts le patient est aidé par l’instruction, le soutien et l’encouragement du thérapeute et du partenaire.
La tâche du thérapeute est de clarifier le problème ; il conçoit, explique et met en œuvre le projet et le plan thérapeutique qu’il adapte aux circonstances individuelles. De plus, il assiste le patient dans son travail thérapeutique et l’encourage. Le partenaire apporte, lui aussi, sa contribution à la réalisation des tâches proposées sous forme d’un accompagnement compréhensif et aidant.