La thérapie cognitive des dépressions
La thérapie cognitive des dépressions développée par Beck et al. (1979) s’indique chez des patients adultes souffrant de dépressions unipolaires. Elle est inadéquate dans les dépressions endogènes «raves (où la pharmacothérapie est indiquée) ou dans les dépressions de patients souffrant de troubles borderline de la personnalité (c’est-à-dire de troubles de la personnalité comportant des éléments psychotiques, névrotiques et psychopathiques) qui se traitent mieux par une thérapie développée spécialement pour ces patients.
Le but de cette thérapie est la modification du comportement dépressif, des pensées négatives et des sentiments tristes. Selon Beck, il y a à la base des dépressions des « schémas cognitifs négatifs » qui se manifestent avant tout dans une attitude négative à l’égard de soi, de l’environnement et de l’avenir (« triade cognitive négative ») et qui doivent être modifiés. Le but ici est également l’amélioration et la disparition du symptôme et non une modification de la personnalité. Le travail thérapeutique s’étend sur quinze à vingt-cinq séances hebdomadaires dans des dépressions graves d’abord deux fois par semaine pendant un mois.
Il est relativement structuré et dirigé vers des « symptômes cible » et des problèmes cible. Après avoir clarifié le but thérapeutique et élaboré une première liste des problèmes à traiter prioritairement, le thérapeute explique l’importance qu’il y a à les aborder un à un et à l’aide d’exercices quotidiens. En plus, il suggère au patient de ne pas ruminer sur l’origine et la psychodynamique de ses problèmes, mais d’accorder toute son attention à ce qui se passe pendant et entre les séances. En prenant des exemples dans l’expérience du patient, le thérapeute lui montre ensuite comment les pensées influencent le comportement et le sentiment dépressifs. Le thérapeute et le patient choisissent un problème à traiter prioritairement, et le thérapeute montre comment travailler ce problème à l’aide des différentes techniques. À la fin de la séance, un travail est proposé qu’il s’agit de continuer à la maison et qui sera discuté lors de la séance suivante. Chaque séance commence par un accord sur les points à traiter. Au début, au milieu et à la fin de la séance, le thérapeute fait des remarques qui résument les événements et points importants. Les symptômes de l’avant plan étant traités, les séances du milieu de la thérapie et les séances ultérieures sont consacrées aux problèmes plus profonds et plus difficilement accessibles qui concernent les croyances profondes quant à soi et à la vie et qui rendent le patient vulnérable à la dépression. Les techniques thérapeutiques utilisées pour le dépistage et la modification des attitudes cognitives négatives menant à la dépression sont aussi bien cognitives que centrées sur le comportement. Les plus importantes techniques centrées sur le comportement, qui doivent aussi stimuler des activités concrètes et positives, sont la planification d’activités, des tâches progressives, l’entraînement à l’affirmation de soi et le jeu de rôle. Les techniques cognitives utilisent des instructions pour l’établissement des protocoles de pensées, des questions, la mise en évidence des pensées automatiques, des attributions erronées, des erreurs de pensée et de jugement, ainsi que les procédés de résolution de problèmes.
Le travail du patient consiste dans sa collaboration lors de l’analyse du problème et de la formulation du but thérapeutique, dans le dépistage et la modification des cognitions dysfonctionnelles (c’est-à-dire négatives et donnant lieu à des problèmes) et inclut des exercices à faire à la maison à ce sujet.
Le thérapeute dont l’attitude devrait être chaleureuse, empathique et authentique, a un rôle actif et de soutien. Il aide à formuler les problèmes, fait des projets et propositions de traitement, donne les exercices à faire à la maison et des informations en retour, et il veille à ce que le travail reste centré sur les cognitions du patient.