La négation:mouvement de la tête
Le corps de la négation
La négation par un mouvement de la tête suppose le passage par le corps. Il s’agit du corps de la négation. Ce passage implique cette région de la tête et du cou qui est le support de la vue, de l’audition et de l’équilibre, par le système vestibulaire. Le mouvement du non brouille ainsi les coordonnées sensorielles. Et ceci est tout à fait c aricatural chez les enfants très petits, dont le non si vif et saccadé, est non pas un liigement, mais sans doute plutôt la fuite devant une excitation perçue comme dangereuse, tandis que cela peut aboutir à conférer le cachet de la méconnaissance, à ce qui est perçu comme danger.
La négation appelle
Par ce mouvement de négation fonctionnelle, négation de la perception, le sujet I unticipe — et appelle — la nomination de la bouche de l’Autre, dont il attend ainsi la I chute de l’objet voix qui confère au mouvement son signifiant.
La négation demande
Devant le mouvement de négation de la tête de son enfant, la mère commente : « il I n’a plus faim… c’est trop chaud… c’est pas bon?… » Cela l’amène à l’enfant de dix- I huit mois, qui dit non à tout, lui. Il n’y a plus là appel (manque), mais demande I (manque). La disparition de l’objet, dans le non posturo-moteur, laisse la place pour I i|ii’en apparaisse l’image.
Le leurre négatif
Il ne s’agit pas seulement d’un jeu de cache-cache, il s’agit de la mise en place I d’un véritable leurre négatif : le jeu de la négation, dans lequel le sein disparaît parce I t|lie je dis non, et non parce qu’on me le cache. Cet objet a perdu des yeux, déclenche . une image, du réel objet a perdu (le sein).
Cette négation n’est-elle pas autre chose qu’une tentative de se remettre dans les I conditions du réflexe des quatre points cardinaux d’André-Thomas ? La négation en question — celle du corps — serait-elle étayée par un réflexe, celui qu’Andy’ Thomas décrit, entraînant le corps vers un autre objet de satisfaction?
Visuellement, dans le dégagement négatif de la tête, ce mouvement de torsion qui fait non, est passage dans le corps propre, qui permet de dire : le sein, c’est pas mol, Le sein disparaît dans le non, non dans la dissimulation.
Le non, signifiant
Le très jeune enfant, quand il fait disjonction posturo-motrice de la tête avec mère, celle-ci y ajoute le sens qu’elle lui suppose. Il n’y a donc pas à proprement parler, dans cette disjonction, traumatisme, puisque pour violent et désordonné d’aversion que soit le mouvement, la marque qu’il laisse au corps de l’enfant par lu disposition qu’il met en œuvre, s’accompagne d’un discours maternel dont l’enfant vu retenir le signifiant par lequel il en nomme quelque chose : soit le non.
Le non déliaison
Bien entendu, la disjonction dans le registre visuel marque que la motricité de l’enfant comme de la mère se dissocient; la motricité de la mère et de l’enfant se délient : le non qu’elle lui formule pour marquer cette déliaison posturo-motrice, n’a peut-être pas le même éprouvé chez lui que chez elle — rejet chez l’un et regret chez, l’autre — appel du non chez l’un et non-demande chez l’autre.
La question peut se poser ici de la proximité, dans ce mouvement négatif de la tête, avec ce que Freud articule autour de la décharge et de la suspension de la décharge, En effet ce mouvement est pris dans une répétition et met en cause cette décharge d’une façon qui nous interroge : la décharge elle-même se trouve-t-elle être une visée du mouvement négatif de la tête?
Le non fonction
C’est la même voie fonctionnelle, la même fonction, qui sont constitutives de la recherche de l’objet et du fait de dire non de la tête, d’engager le corps dans la négation. La perte trouve là un refuge, pour croire pouvoir retrouver ce qui est perdu.
Le non inscription, le non refoulement
Quand une stimulation extérieure amène l’enfant à détourner sa tête, pour dire corporellement non, ce non corporel est une réponse, mais énigmatique : pourquoi détourne-t-il sa tête pour faire non ? La réponse à une telle question n’est pas possible. Et sans doute serait-elle inutile si elle l’était. Ce qui est bien plus utile, intéressant ci important, c’est de considérer que ce non corporel fait inscription d’un mouvement —4 plus tard renforcé d’une négation explicite articulée — qui est porteur :
– de la scansion (rupture du continuum)
– du rythme (des non, et des oui)
– de la répétition (des non successifs)
– du refoulé (puisque l’on ne connaît jamais le motif du «premier» non)
– donc du temps proprement dit.
En résumé, et essentiellement : le non, c’est le temps, et c’est le refoulement.
Le non anticipateur d’un oui antérieur perdu
Dans la mesure où le non relève d’un fonctionnement, il s’étaye sur la fonction, qui minmande parce qu’elle est phallique, la scansion et la répétition. Le non est à cet forcément anticipateur a contrario du trou de mouvement qui le précède,ne peut être qu’un oui supposé, mais perdu.
Test donc sur la toile de fond de l’affirmation, donc du continuum — qui peut par exemple être celui de la pulsion, mais qui ne se réduit pas à elle — que le non martèle [ le temps et fonde le refoulement.
Le non inconstant
Ce non bien sûr — et Freud le démontre dans son article sur la Verneinung — est un jugement d’attribution, par lequel le dis-continu vient a minima s’opposer au l’ontinu.
Dans le cadre du complexe perceptif infantile, le contingent constant connaît donc, jvcc la négation, ce qui lui fait opposition et est constitutif du contingent inconstant. le non, c’est l’autre.