L'adolescent en crise
Introduction
Période charnière entre l’enfance et l’âge adulte, l’adolescence est caractérisée par un bouleversemen de l’équilibre psychique précédemment établi. Crise en soi, elle pose au sujet de nombreuses interrogation identitaires : identité en soi (avec rejet des identifications parentales), mais aussi identité sexuée ave l’avènement de la puberté, l’émergence des pulsions sexuelles et les modifications brutales et rapides du corps
Au cours du processus de l’adolescence, le sujet est de nouveau invité à revisiter son enfance qu’ faudrait désormais quitter sans angoisses ni ambivalences, a régler définitivement la question oedipienne, refaire l’inventaire des mécanismes de défense et les assouplir.
Cette épreuve assimilée par certains auteurs à un véritable examen de rattrapage est source d perplexité, perplexité qui va s’extérioriser par des attitudes relationnelles contradictoires et conflictuelles voir par de véritables troubles du comportement qui par leur intensité ou leur gravité vont amener la rencontre ave le praticien.
Psychologie a l’adolescence
L’émergence des pulsions sexuelles, les transformations corporelles parfois spectaculaires confronter l’adolescent à la construction d’une nouvelle image du corps et à ia question de son identité en particulie sexuée. L’élaboration psychique de cette mutation passe également par une expérience de perte et d séparation comparée à un travail de deuil. L’adolescent doit se détacher et se séparer de ses objets et plaisir d’enfant, du seul lien d’amour à ses parents pour choisir ailleurs un objet d’amour. Il recherchera égalemer des repères identificataires dans le groupe des pairs et les idéaux.
Face à tous ces remaniements et face à l’anxiété que ces processus ne manquent pas de provoque tous les mécanismes de défense vont être mobilisés, certains d’entre eux étant plus spécifiques à cette période ce sont la sublimation, l’ascétisme, l’intellectualisation et la mise en acte (ou la tendance à l’agir).
Ces mécanismes aideront l’adolescent à neutraliser voire à désexualiser les conflits psychiques. L groupe des pairs offre également au sujet des repères identificatoires, un sentiment de protection et de tout puissance .
Les troubles psychiques a l’adolescence
Les Déviances :
Sous tendues par l’agir et les passages à l’acte, les troubles du comportement à l’adolescence slnscrivent au cœur même de la problématique adolescente et représentent le mode privilégié d’expression des conflits.
Bien plus que les vofs, les fugues, les conduites toxicomaniaques (notamment la toxicomanie à COIIP), les troubles qui supportent la rencontre avec le praticien sont principalement l’hétéro agressivité et les tentatives de suicide.
L’hétéro-agressivité
L’agressivité intra familiale est essentiellement dirigée contre les membres de la fratrie : frères et sœurs. Cette agressivité ne fait l’objet d’une demande de soins que lorsque les dommages deviennent conséquents. La famille souvent dépassée par ces troubles se réfère au praticien le désignant en quelque sorte comme un substitut à la loi.
Cliniquement, l’hétéro agressivité à l’adolescence se caractérise par son caractère brutal, impulsif et mprévisible. Il peut s’agir d’actes clastiques avec bris d’objets, de colères violentes, d’agressivité verbale voire de coups et blessures. Ces réactions agressives sont toujours motivées, même si les motifs semblent le plus souvent dérisoires.
Il est rare dans notre pays que l’agressivité soit dirigée contre les parents (à la différence de nombreux pays développés), l’adolescence se présente alors comme un caractéropathe rigide voire un prépsychotique désireux de réparer une carence d’autorité parentale surtout paternelle .
Les tentatives de suicide :
Elles sont d’une grande fréquence à l’adolescence, elles touchent principalement les jeunes filles. Clinique :
• Le passage à l’acte suicidaire survient dans un contexte réactionnel de crise : conflit familial, manque de liberté, autoritarisme des parents ou des frères, échec scolaire, déception amoureuse etc.
• Le geste suicidaire est le plus souvent impulsif et non prémédité.
• Les moyens utilisés sont essentiellement l’intoxication médicamenteuse ou par absorption de produits ménagers.
Les médicaments absorbés sont souvent prélevés dans la boîte à pharmacie familiale et souvent prescrits à l’un des parents.
• La détermination suicidaire et le désir de mort sont rarement présents et le geste suicidaire peut avoir en fonction des cas divers significations : fuite, chantage, quête affective… Dans tous les cas, toute tentative de suicide doit être prise au sérieux et doit être entendue comme un appel, un cri de détresse.
• Ailleurs, lorsque les récidives se multiplient, lorsque le sujet utilise des moyens violents tels que la pendaison, la défenestration, l’immolation par le feu, la précipitation sous un véhicule, l’existence d’une pathologie avérée comme une psychose ou une dépression grave doit être suspectée.
L’usage de toxiques
L’usage occasionnel de produits toxicomanogènes apparaît fréquemment lié à l’adolescence et n’implique pas nécessairement le passage à une toxicomanie avérée. Cette conduite agie fait partie des nombreuses « expérimentations » spécifiques à cette tranche d’âge. Le rôle des pairs, souvent organisés en groupes dans l’initiation de cette pratique, est habituel. Le cas particulier de l’inhalation de colle oui ” « Sniffing » mérite d’être souligné, grande est sa fréquence en milieu scolaire chez les adolescents et préadolescents. En Tunisie, malgré l’absence d’une évaluation épidémiologique rigoureuse, le » Sniffing » semble être la conduite toxicophilique la plus fréquente et souvent la première forme d’abus de toxiques chez ceux qui développent ultérieurement une toxicomanie averee.
Le » Sniffing » touche 10 fois plus les garçons que les filles et semble intéresser des sujets de classe sociale défavorisée, issu s le plus souvent de familles instables et dissociées. L’association à un échec scolaire et à un autres troubles du comportement est habituelle.
Dans la majorité des cas, le » Sniffing » disparaît plus ou moins spontanément après quelques mois ou années de pratique, sans être remplacé par une toxicomanie avérée. Cette interruption est souvent contemporaine à l’apaisement de la dynamique de crise de l’adolescence et de l’entrée dans des projets professionnels ou pré professionnels c’est dire qu’elle dépend de la conjonction de facteurs psychologiques et socio-familiaux.
Les conduites de fugue :
Sont assez spécifiques de l’adolescence et sont le plus souvent brutales et impulsives. Elles surviennent habituellement dans un contexte de conflits et peuvent devenir une modalité répétitive de résolution des tensions.
Même si la fugue ne s’intègre pas dans un contexte psychopathologique particulier, elle peut dans certains cas permettre au sujet une prise de distance par rapport à ses images parentales ainsi qu’ une affirmation de soi au moment où il vit un doute identitaire et recherche de nouveaux modèles identificatoires.
Conduite à Tenir :
Face à tout passage à l’acte à l’adolescence, le praticien doit être en mesure de replacer le symptôme dans son contexte, de dépister une pathologie psychiatrique patente telle que une éclosion délirante ou une dépression grave. Le rétablissement de la communication au sein de la famille peut parfois à elle seule suffire à arrêter l’escalade dans les conduites agies.
Les troubles de la perception de soi et de l’image du corps : le cas particulier de l’anorexie mentale essentielle de la jeune fifle.
Bien que rare dans notre pays, cette entité nosologique s’appuie sur des données cliniques et sur une structure psychopathologique spécifique .
Approche clinique :
L’anorexie mentale est une affection qui touche essentiellement les jeunes filles avec un sexe-ratio voisin de 1 sur 10.
Ce sont souvent des jeunes filles décrites comme modèles, conformistes et perfectionnistes .
L’anorexie mentale est caractérisée par une triade symptomatique : l’anorexie, l’amaigrissement et ‘ aménorrhée .
• L’anorexie débute toujours par une restriction alimentaire volontaire et progressive, souvent motivée par des rationalisations/ prise de poids, troubles digestifs, douleurs abdominales etc. On peut retrouver dans certains cas un événement douloureux précédant les troubles/ deuil, échec, séparation. Progressivement va s’installer une véritable anorexie avec inappétence totale. Des épisodes boulimiques peuvent émailler les cours évolutif de l’anorexie et sont rapidement suivis de vomissements provoqués, de prise de laxatifs oui de diurétiques, d’activité physique et intellectuelle effrénée .
• L’amaigrissement est majeure avec perte de 20 à 50% du poids initial. Cet amaigrissement est activement méconnu et l’adolescente continue à trouver gros un corps chétif. A la fonte du panicule
adipeux succède !a fonte musculaire l’atteinte des phanères et à uni stade avancé les troubles hydro-éléctrolytiques graves et la cachexie.
• L ‘aménorrhée est un signe constant, primaire ou secondaire elle peut accompagner le début de la restriction alimentaire, iui succéder ou même la précéder de quelques mois. Elle n’est donc pas liée directement à l’amaigrissement et peut persister â la normalisation de la courbe pondérale. L’aménorrhée n’ inquiète pas 1′ adolescente qui parait plutôt soulagée .
• Autres caractéristiques cliniques
La méconnaissance de l’état morbide est telle qu’a été évoqué à ce sujet un trouble de la perception de l’image du corps. L’adolescente continue à se trouver grosse alors que la maigreur est nette. Les conduites de dissimulations sont fréquentes : stockage de la nourriture, falsification des pesées, ports de vêtements amples etc.
Les réactions de l’entourage sont souvent dramatiques, aux supplications et prières succèdent menaces et scènes violentes au moment des repas. Et il n’est pas rare que les parents soient surpris de la brutalité de la décompensation de leur fille .
L’évolution :
Dépend de la sévérité de l’anorexie, de la qualité des soins et du délai de Sa prise en charge.
Il existe des formes mineures qui cèdent spontanément au bout de quelques mois d’évoiution, des formes majeures dont l’issue peut être fatale, enfin des formes intermédiaires où les épisodes anorexiques se stabilisent et alternent avec dés épisodes boulimiques.
Approche psychopathologique :
Certains auteurs définissent I’ ‘anorexie mentale en terme de » psychose froide « , la majorité d’entre eu» s’accordent sur les difficultés qu’éprouve l’adolescente anorexique à assumer son identité sexuelle d’où ce corps refusé, sadisé d’une part et l’objet d’une » idéalisation » mégalomaniaque défensive d’autre part.
Conduite à Tenir :
L’hospitalisation peut dans certains cas être nécessaire lorsqu’il existe un risque vital de plus, elle permet la séparation du milieu familial qui souvent, aide à interrompre les interactions pathologiques autour des symptômes. L’hospitalisation est conçue en terme de contrat thérapeutique (fixer un poids atteindre pour recevoir des visites, et un autre pour quitter l’hôpital).
Dans tous lés cas, la prise en charge thérapeutique s’inscrit dans le cadre d’une approche psychothérapique globale prenant en compte le risque somatique mais visant surtout un réaménagement de l’économie psychique.
Vidéo : L’adolescent en crise
Vidéo démonstrative pour tout savoir sur : L’adolescent en crise
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