Femme d'affaires et affaires de femmes : Savoir-vivre (au masculin) et muflerie
A la banque
Vous tendez votre bilan, l’homme vous demande,goguenard : « C’est votre mari qui s’occupe de la | partie financière ? » Ou, carrément grossier, il vous interroge : « Quel est l’homme derrière votre réussite ? »
En réunion
« Je vous présente la charmante Carole Bompart qui est aussi une excellente collaboratrice… »
Au restaurant
« Je suis vieille France, vous savez chère petite madame ! » Et il en profite pour mettre sa main sur la vôtre.
Il a choisi la table, vous a arraché la carte des vins, a commandé pour vous, alors qu’il est votre invité.
Le maître d’hôtel, lui aussi doit savoir. La réservation est à votre nom, mais l’on vous tend une carte sans prix et l’on ne vous autorise ni à goûter le vin, ni à émettre la moindre opinion (sauf sur un éventuel courant d’air dans le dos).
Les restaurateurs commencent à peine, lors des déjeuners d’affaires, à tenter de savoir qui invite, et à respecter un égalitarisme qui permettra aux femmes d’éviter ces situations embarrassantes. Dans 90 % des cas, l’addition est déposée devant l’homme.
Lors d’un briefing
« Ce contrat ? avec des yeux pareils vous ne pouvez que l’obtenir… »
Chez un chasseur de tête
« Vous cherchez un plein temps ? »
« Je vois sur votre CV que vous avez déjà deux enfants, vous n’en voulez pas d’autres ? »
Au bureau
Sans qu’il vous connaisse et malgré vos 40 ans : « Mademoiselle, pouvez-vous me dire ce qui… ». L’usage du « Mademoiselle » introduit la plupart du temps la touche de commisération nécessaire et suffisante pour mettre tout de suite une femme en position d’infériorité.
Après une réaction un peu vive sur un point professionnel : « Eh bien que se passe-t-il mon petit, vos nerfs ? »
« Et votre mari comment prend-il ça ?» à propos d’une nomination, d’une augmentation, d’un déplacement à l’étranger, d’une prise de fonction… Sous-entendu, c’est un minable ou votre factotum.
« Je ne vous mets pas en contact avec Mme Duplas avec qui vous ne vous entendez pas, on sait ce que ‘ c’est que les bonnes femmes entre elles I »
« Moi, je ne supporterais pas d’être sous les ordres ; d’une femme. » Cela tombe bien d’ailleurs car vous le ; virerez à la prochaine occasion, quand vous aurez de l’avancement et lui, pas.
En salle de réunion
« Quelle est celle d’entre vous qui va nous chercher des cafés ? » Soit, allez-y, mais en échange, envoyez-le déplacer votre voiture !
et fous ces bruits de couloirs
Elle est ravissante : « En voilà une qui fera carrière ! »
(clin d’œil)
Pas jolie : « Elle n’est pas aidée par la nature. »
Pas mariée : « Elle doit avoir un sale caractère. »
Jeune mariée : « Ne perdons pas de temps en formation, elle va faire un bébé. »
Elle a 50 ans : « À cet âge-là, les femmes ont des problèmes. »
Elle est autoritaire : « Sa vie amoureuse doit laisser à ; désirer. »
Elle est réservée : « Elle n’a pas d’abattage. »
Elle a des enfants : « On ne peut pas la promouvoir à ce poste. »
Elle n’en a pas : « Attention, c’est une arriviste ! »
Une nouvelle conquête de la femme au travail dans les années à venir pourrait être, non plus de s’imposer en tant que femme, car on peut espérer que c’est un phénomène acquis et irréversible, mais bien d’introduire un nouveau savoir-vivre en affaires. Elle peut imposer un véritable code des usages grâce pour tout ce qui concerne l’art de vivre en société et la transmission des usages et ce depuis J.-J. Rousseau.
La hiérarchie s’estompe lorsqu’il s’agit de décider ce qui se fait ou ce qui ne se fait pas. On ne se trouve plus devant un patron et son assistante, mais devant un homme qui s’en remet à une femme, aveuglément la plupart du temps. Vue par une femme, l’entreprise n’est plus la même. Qui mieux que nous repère le détail qui tue, le geste ou l’attitude qui peut tout faire basculer ?
Il ne s’agit pas bien sûr de renvoyer les femmes à des postes d’intendance ou de super hôtesses en persistant à les cantonner à des emplois pseudo relationnels. Il faut au contraire, que chacune d’entre elles possède un nouveau pouvoir, celui de la gestion du savoir-vivre en entreprise, c’est-à-dire de la création du lien social.