Evolution de la dépression chez l'enfant
Dépression et suicide chez l’enfant
Le suicide de l’enfant avant l’âge de la puberté est très rare, les tentatives de suicide sont inconnus avant l’âge de 5 ans, l’intention suicidaire est souvent remise en question vu que !a tentative de suicide nécessite une certaine maîtrise du concept de la mort.
Chez l’enfant on observe plus fréquemment des équivalents suicidaires. En effet, certains comportements qui mettent en jeu la vie d’un sujet sans que celui ci n’ait exprimé directement le désir de mort sont particulièrement fréquents chez l’enfant déprimé. On peut citer par exemple les jeux dangereux avec les pairs, les accidents domestiques à répétition, les paris mettant en jeu le pronostic vital, etc.
Dans une étude tunisienne réalisée auprès d’une population de 107 enfants âgés de 6 à 12 ans déprimés on retrouve : des idées suicidaires dans 6.5% des cas, des équivalents suicidaires dans 5.6% des cas, une tentative de suicide par ingestion médicamenteuse dans 1.87% des cas.
En France, 10% des tentatives de suicides d’enfants et d’adolescents concernent des enfants de moins de 12 ans (âgés entre 10 et 12 ans le plus souvent).
A l’adolescence, les tentatives de suicide deviennent beaucoup plus fréquentes s’inscrivant dans le registre de la tendance à l’agir si caractéristique à cet âge. Les tentatives de suicide à l’adolescence sont le plus souvent impulsives, réactionneiles à un conflit immédiat avec l’environnement, sans réel désir de mort. Ces tentatives sont plus fréquentes chez la fille que chez le garçon. Lorsqu’elles surviennent chez des enfants ou des adolescents déprimés, elles sont volontiers plus violentes, s’associent à un risque de récidive plus important et un désir de mort plus fréquent. La dépression est de ce fait considérée comme un facteur de risque important devant un enfant ou un adolescent suicidant.
Devenir a l’adolescence et a l’age adulte
En l’absence de prise en charge, l’épisode dépressif peut durer plusieurs mois (9 mois en moyenne), alors que l’état dysthymique se prolonge entre 2 et 4 ans.
Le risque de récidive est assez élevé à l’adolescence et à l’âge adulte, la dépression de l’enfant et de l’adolescent est considérée de ce fait comme un facteur de risque de dépression chez l’aduite (environ 20% présenteront un rechute ultérieure).
En plus du risque suicidaire, d’autres complications peuvent survenir pendant ou au décours de l’épisode dépressif surtout en présence d’un environnement de mauvaise qualité et/ou de l’absence de prise en charge thérapeutique:
L’échec scolaire : qui survient après une période de fléchissement scolaire, souvent aggravée par la perte de l’estime de soi.
Les troubles des conduites, dont nombre de symptômes peuvent déjà être présents pendant l’épisode (agressivité, opposition, troubles des conduites sociales), mais le risque majeur est de voir la personnalité de l’enfant se structurer sur un mode caractériel ou psychopathique. Cette modalité évolutive est davantage rencontrée lorsque la dépression survient précocement et durablement dans la vie de l’enfant et dans les formes de dépression avec troubles du comportement.
L’abus de substance : est également une complication redoutée.
Psychopathologie
Les mécanismes psychopathologiques à l’œuvre varient avec l’âge de l’enfant auquel survient la dépression, et corrélativement avec le degré de différentiation de son appareil psychique et la nature de sa dépression.
Processus dépressif au cours du développement de l’enfant
Plusieurs auteurs de tendance psychanalytique se sont intéressés à la psychopathologie de la dépression et à sa genèse au cours du développement normal de l’enfant.
M Klein a élaboré le concept de « position dépressive », étape de développement normal qu’elle situe au deuxième semestre de la vie. La dépression survient chaque fois que la position dépressive ne peut être dépassée normalement et ce pour de multiples raisons (telle qu’une trop grande ambivalence vis à vis de l’objet d’amour maternel). M Klein a également décrit chez l’enfant, dés le plus jeune âge, des défenses maniaques qui ont pour fonction de lutter contre la culpabilité et !a nostalgie liée à la perte de l’objet,
M Mahler note que c’est l’intensité et la durée accrue de la réponse dépressive chez certains enfants au cours du processus de séparation -individuation (6eme au 36eme mois) qui crée une humeur de base que l’auteur estime être la tendance affective à la dépression.
La dépression comme rupture d’un lien et perte d’objet
La dépression de l’enfant apparaît fréquemment réactionnelle à un événement, en particulier, une perte ou une séparation. De même, dans la dépression du nourrisson, la rupture des liens d’attachement, en particulier avec la mère, a été souvent mise en cause.
Plusieurs pédopsychiatres et psychanalystes d’enfant se sont intéressés à la compréhension des mécanismes en jeu. Ainsi, Bowlby estime que l’enfant est lié à sa mère par un certain nombre de réactions instinctuelies d’attachement présentes dés la naissance. Il montre comment la rupture des premiers liens de cet attachement, rend l’enfant vulnérable, sujet à un mode d’attachement anxieux, puis à l’effondrement dépressif.
Spitz décrit un véritable traumatisme narcissique subi par le moi de l’enfant qui est en cours de constitution, traumatisme lié à la perte de l’objet externe maternel. La désorganisation dépressive profonde et invalidante observée dans la dépression anaclitique serait liée à un retournement secondaire de l’agressivité contre soi-même.
Sandler parle plutôt de réactions dépressives liées à des expériences de déprivation, au cours desquelles, plus que la perte de l’objet, c’est la perte de la partie idéalisée du soi qui serait en cause.
Un équivalent de ces situations de perte ou de séparation peut se rencontrer lorsque la mère n’est pas disponible psychiquement pour son bébé, ce qui entraine un appauvrissement voire des distorsions des interactions mère-enfant.
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