Différence entre inscription signifiante et symbolisation: son incidence dans la cure
La perte du souvenir
I n symbolisation du souvenir est une fiction, symbolique du fragment de vérité maintenu, transmis et gardé par l’inscription signifiante correspondante. Dans la mesure où la motricité est mémoire, l’inscription n’est pas symbolisée sous n’importe quelle forme mais sous celle de l’agir, par exemple dans le cas de Goethe rapporté par freud (les assiettes jetées par la fenêtre). S’il y avait des souvenirs, il ne pourrait pas y avoir d’inscription signifiante, laquelle suppose la perte du souvenir. «Il ne lui manquerait rien».est sur ce point en particulier que la résistance de l’analyste, confronté à son tir n il son attente concernant les souvenirs de son jeune analysant, fait obstacle si fréquemment à la conduite de la cure.
Inscription signifiante, fonction, fonctionnement
Les inscriptions signifiantes sont celles qui spécifient chez un sujet comment fonctionne pour lui telle fonction. Pour connaître quelque chose du corps de l’enfant et de ce qui fonctionne pour lui, comme pour les autres, il faut déchiffrer ces signifiants. H Ile s’agit pas de se préoccuper seulement des objets, qui font passer à côté du corps
il ne s’agit pas qu’avec eux le psychanalyste devienne un colporteur.
Inscription signifiante et corps de l’enfant
Entre inscription signifiante et déchiffrage, y a-t-il un support de la chose (das Ihur) sur lequel le signifiant vient s’inscrire, ou est-ce que ce qui est déchiffré n’est que le signifiant? Quand il n’est pas inscrit, ce signifiant, que faire? Notamment avec li psychotiques et les autistes? Que cherche l’analyste alors avec ses objets? Un support. des inscriptions sans support? Car c’est la place, plutôt la trace laissée par la chose quand elle se perd ou peut se perdre, qui permet au signifiant de venir s’y inscrire pour pouvoir être lu ou déchiffré.
La chose et son support
Le corps de l’enfant, dans son réel, place la mère dans une situation qui peut susciter chez elle plusieurs réactions :
ou bien, et c’est le cas normal, elle situe ce corps dans son imaginaire, en réfé- ivnce à son propre corps. Et par la parole elle symbolise ce réel imaginaire ; nu bien la situation est toute autre : l’enfant est un pur réel (1); l’enfant est un objet a (2).
Pour la mère le corps de l’enfant est du réel : innommable objet d’effroi, impossible pour les sens, en aucune manière son savoir inconscient ou sa connaissance n’en sont sollicités.
Dans ce cas, le corps de la mère dans l’image qu’elle en a, et le corps de l’enfant dans ce qu’il a de réel, sont totalement hétérogènes. Au mieux le corps de l’enfant esl un prolongement de celui de la mère.
L’enfant apparaît pour elle comme étant le produit de son corps, produit qui 1 tombe d’elle tel un objet a.
Dans la perplexité où elle se trouve devant le mystère qu’il représente, cet objet esl cependant rattaché à son savoir, mais à son insu : le savoir inconscient de la mère est aussi partie prenante du mystère émanant de ce corps comme support. La notion même de mystère laisse supposer qu’il puisse exister un savoir qui le lève. C’est en ce sens qu’il est le support de la chose. Celle-ci disparaît lorsque les signifiants de lu I mère viennent s’inscrire sur son support.
Nomination. On voit bien que cette nomination de la chose lui fait prendre du même coup la qualité d’objet. Cette nomination suppose le savoir de la mère.
Le support de l’inscription
Ainsi l’on peut avancer que très généralement, c’est à partir du savoir (conscient et inconscient) de la mère que se constitue le support de l’inscription signifiante.
Bien entendu, le corps de l’enfant peut venir démentir par son réel ce savoir : (malformation, blessures, lésions, etc., maladies génétiques); il s’invalide alors comme support, exactement comme nous venons de le voir, quand il y a incapacité de la mère à faire de son enfant autre chose qu’un pur réel.
Clinique
Dans le cas de la psychose, qu’entraîne chez le thérapeute le fait qu’il n’y a pas d’inscription? L’absence d’inscription signifiante a pour conséquence qu’il n’y a pai de corps consistant et aucune limite à ce corps qui ne tient pas : dès lors, la tentation de l’analyste est grande, pour faire corps, de constituer, de nommer des parties du corps par la fourniture d’objets qui seraient du corps, nommés comme peut l’être uni Préfet dans un département. Ainsi il constitue un ensemble fictif imaginaire du corps, et en somme il en fait l’inventaire, la collection : il constate ce qui manque et le melj en boîte, selon ce qu’il pense devoir être fait pour constituer un ensemble; il loi répare, le soutient, l’entoure, le panse, le berce.
La pierre de Rosette
Si l’inscription est illisible ou tronquée ou non faite, l’analyste peut tenter, eu remontant les étapes génétiques, les stades, de créer une pierre de Rosette, donc non plus de lire mais d’écrire, pour y retrouver la trace de son désir, pour tenir lieu dr support fonction de la chose : il est chasseur qui crée la trace de la bête qu’il chasse, pour mieux être sûr d’en faire sa proie.
Pour qu’une inscription soit possible, il faut que la chose tombe, et c’est sur son support que s’inscrit le signifiant que l’on pourra déchiffrer.
Coupure et suture
Conditions requises pour que les inscriptions signifiantes trouvent leurs lieux du mips: les coupures. Par coupure nous entendons celles qui sont nécessaires à I inscription des signifiants au corps, celles qui sont l’effet des écarts successifs entre lu demande et ce qui lui est répondu (toujours à côté) : par exemple, un cri, un regard, uni- attitude, un mouvement, un bruit corporel, etc.
L ‘écart est maintenu par l’inscription signifiante, parce qu’il conserve à cette inscription la vivacité de sa coupure.
Demande inlassablement répétée (le corps n’est parlé que sous la forme de la demande, c’est-à-dire de la plainte, pour une réponse toujours décevante). Réponse qui lait d’ailleurs question : «Ça va? Ça va! ».
Si tel autiste, tel psychotique, hurle, allons-nous nous précipiter vers lui pour faire siture, plutôt que coupure? Faire suture, c’est le propre des objets, mais la réponse dés lors qu’elle n’est que de parole, fait à ce titre coupure, parce qu’elle ne peut répondre à la demande.
Il hurle peut-être aussi pour qu’il n’y ait pas coupure, pour qu’en réponse à son hurlement, nous fassions suture par un objet quelconque.
La mère d’un autiste, d’un psychotique, est phobique de la coupure pour son enfant ; de façon comme contra-phobique, elle suture sans cesse.
Le sujet
Ce n’est pas que de la réponse à la demande que naît l’écart, c’est de ce que la «li-inande elle aussi anticipe : c’est-à-dire de ceci qu’elle est prise dans la subjectivité qui est déjà coupure. «Le sujet, c’est la coupure».
Vouloir le Tout, en se faisant principe unitaire, c’est un déni, au moins un déni, si ce n’est une forclusion, de cette première coupure qu’est le sujet pour lui-même.
Dans une telle perspective, il n’y a pas de sujet. C’est la position de certaines mères incapables de se laisser déborder par le sujet qui est dans la demande.
II y a un préalable du fonctionnement du corps dans la demande, tant il est vrai que corps et sujet ne sont pas dissociables, qu’on ne peut penser l’un sans l’autre. Et réciproquement, si le corps est inanimé, n’y a-t-il plus de sujet? Du moins n’y a-t-il pas du sujet pour celui à qui s’adresserait la demande. Du coup, il ne peut y avoir d’cart, donc d’inscription signifiante.
Quand il n’y a que le corps, le sujet n’est plus que son réel : pas de sujet, pas de demande, pas de coupure.
On rencontre de telles situations, et de façon exemplaire, dans les cas de grande hypotonie de l’enfant avec ou sans autisme, dans les états post-critiques de certaines convulsions infantiles, et plus fréquemment encore dans les services de réanimation luis îles coma prolongés.