deuils pathologiques: deuil impossible
d’un deuil normal, le sujet investit de nouveaux objets, s’ouvre vers l’extérieur et retrouve ses centres d’intérêts.
Un deuil peut mettre plusieurs années à se faire. Plus la mort est subite, plus le travail de deuil sera long et difficile. Au contraire, si la personne est atteinte d’une maladie qui peu à peu la conduit à la mort, le sujet peut se préparer à l’idée de la perte.
Les rituels collectifs autour du deuil nous aident à symboliser la perte. Ainsi, la communauté prend en charge collectivement le deuil. Dans nos sociétés modernes, ces rituels sont de plus en plus réduits et laissent au sujet le soin de trouver sa façon de faire son deuil.
Les deuils pathologiques
Il y a un certain nombre de facteurs qui influencent de manière positive ou négative la réalisation du travail de deuil. Le mode du décès (subit, suicide, maladie), le degré d’affection unissant les deux personnes, la qualité du support psychosocial (entourage, finances, etc.) que le sujet trouve, en sont quelques exemples. Dans ces circonstances, on observe à des degrés variables des difficultés à faire le deuil, sources de souffrance et de désadaptation qu’on appelle les deuils pathologiques. La forme extrême en est la mélancolie qui conduit, si elle n’est pas soignée, à la mort.
Deuil impossible ou inachevé
Le déni de la réalité
Le déni de la réalité est symptomatique d’un deuil pathologique. Le film de François Ozon, Sous le sable, en rend compte. L’inassimilable de la perte pousse l’héroïne, Charlotte Rampling, à se comporter comme si son mari était encore vivant. Le fait qu’il ait disparu et qu’on ne l’ait pas retrouvé joue en défaveur de son travail de deuil. Tout comme ce personnage de film, certaines personnes continuent à mettre un couvert pour la personne décédée, gardent ses vêtements dans la penderie, conservent les espaces du défunt tels qu’ils étaient avant sa mort (chambre dans le cas du décès d’enfant, bureau pour un conjoint, etc.). En général, ces personnes se comportent dès le début comme si rien ne s’était passé. Un certain désarroi les habite, mais ils ne peuvent laisser libre cours à leur tristesse. On a alors l’impression d’une indifférence étrange de la part du sujet. Ce comportement n’a pourtant pas cette signification. Il s’agit d’un déni qui vient préserver le sujet contre la crainte de l’effondrement. Le sujet se défend contre lui-même.
Le « faux deuil »
Dans le « faux deuil », le sujet reprend une vie sociale et ne semble pas triste. Extérieurement, on peut penser qu’il a réalisé son deuil. Mais le sujet vit à l’intérieur de lui-même avec la pensée de la mort du défunt, regrettant sa présence, cherchant à retrouver sans cesse sa trace dans la réalité. Cette attitude interne se donne à voir dans quelques conduites comme l’impossibilité de renouer une relation affective (veuvage), dans l’absence d’investissements nouveaux (loisirs) ou dans l’effondrement aux dates anniversaire de la mort.
Deuils intenses et longs
Certains deuils, sans être pathologiques, sont plus intenses et longs que la normale. Ainsi, certaines personnes continuent à éprouver une grande tristesse (pleurs, crises, etc.) après une année de deuil.
La dépression majeure liée à un deuil
Le sujet s’enlise dans la dépression qui est normale et nécessaire, pour une période seulement. Si elle perdure, elle devient pathologique. Bien qu’il soit difficile de mettre une limite entre le normal et le pathologique, les cliniciens ont choisi de la mettre après un an. Les symptômes de la dépression majeure sont l’humeur triste, le sentiment de vide, d’ennui, la fatigabilité, le désintérêt pour le monde extérieur, l’anorexie ou la dévalorisation.