Les troubles psychologiques:La prise en charge
La plupart du temps, la prise en charge de l’anorexique arrive tardivement. Le déni des troubles par la jeune fille et l’entourage en est la cause. C’est souvent lorsque le poids de l’adolescente atteint un niveau
critique, voire mortel, que la prise en charge commence par une hospitalisation.
Une prise en charge à trois niveaux est nécessaire :
• physique. Hospitalisée, la jeune fille a un contrat de poids à récupérer et est coupée de sa famille jusqu’à ce qu’elle atteigne ce poids. Ceci a généralement un côté bénéfique car l’aliénation de tous les membres de la famille autour du trouble alimentaire contribue au cercle vicieux de l’anorexie. Les contraintes imposées par l’hospitalisation libèrent la jeune fille de ses contraintes internes ;
• psychologique, en thérapie individuelle. En arrière-plan du trouble alimentaire, il est nécessaire de traiter les troubles de la personnalité. Ceci peut se faire en thérapie individuelle, en thérapie de groupe et lors d’activités artistiques. Le but est que la jeune fille reprenne confiance en elle et s’autorise à se procurer du plaisir ;
• familial. La famille et ses dysfonctionnements, antérieurs ou conséquents au trouble, doit rencontrer un spécialiste avec la jeune fille. Une thérapie familiale pourra rétablir des liens sains et une bonne communication entre ses membres.
La boulimie
Généralités
La boulimie est un autre trouble alimentaire qui n’est pas sans lien avec l’anorexie, bien qu’on trouve des différences. La boulimie est trois fois plus fréquente que l’anorexie. Plus de la moitié des anorexiques a également des accès boulimiques, mais en revanche peu de jeunes filles boulimiques deviennent anorexiques. C’est une maladie également féminine bien que le pourcentage de garçons atteints soit trois fois plus élevé dans la boulimie que dans l’anorexie. Le trouble apparaît plus tardivement que chez l’anorexique, vers dix-huit ou vingt ans.
Le diagnostic de boulimie est posé lorsque les crises de boulimie atteignent une fréquence de deux fois par semaine pendant deux mois. Dans un trouble boulimique avéré, les crises sont généralement bien plus nombreuses dans une même journée.
La crise boulimique
La crise boulimique se caractérise par une prise soudaine et impulsive de nourriture, en cachette, qui peut atteindre 10 000 calories. Elle peut faire suite à une contrariété, un sentiment de tension interne ou de solitude qui provoque chez la jeune fille une angoisse et un besoin de la calmer par l’absorption de nourriture. L’adolescente avale alors sans pause un grand nombre d’aliments dont la caractéristique majeure est
d’être gras ou sucrés. Peu lui importe la qualité. Elle éprouve parfois du plaisir à manger pendant la crise et est consciente de ce qu’elle fait. S’ensuit un malaise physique et psychique avec des douleurs abdominales et des nausées ainsi qu’un sentiment de honte et de dégoût d’elle-même. Parfois, les boulimiques provoquent des vomissements pour se soulager, pour ne pas prendre de poids, ou pour pouvoir recommencer une crise.
Contrairement à l’anorexique, la personne boulimique a conscience de son trouble et en éprouve une honte qui l’empêche d’en parler. De plus, elle n’a pas une perception altérée de la réalité de son corps, comme l’anorexique. En outre, les personnes boulimiques n’ont pas un poids anormal grâce à la régulation des crises par les vomissements et des périodes de jeûne. Ainsi, elles ont cette même peur de grossir, mais ne peuvent s’empêcher de se combler avec de la nourriture. Elles absorbent souvent des laxatifs, diurétiques et coupe-faims. D’un point de vue extérieur, on peut tout de même observer une fluctuation pondérale particulière, en moyenne de cinq kilos, entre les périodes de crise et de régime. La conduite boulimique a des conséquences très négatives sur la santé du corps : détérioration de l’estomac et des reins, ulcère, ostéopo- rose, etc. Sur le plan psychologique, ce comportement isole la boulimique des autres, car ses crises se passent en cachette. Après la crise, la honte la conduit également à s’isoler. Son contact avec autrui devient pauvre et source d’angoisse.
Les troubles associés
A la conduite boulimique peuvent être associés d’autres troubles addictifs comme l’alcoolisation, la toxicomanie, la dépendance aux médicaments. On observe aussi une anxiété diffuse et toujours présente, une incapacité d’être seule, une impulsivité. L’humeur est instable et les troubles de la personnalité révèlent une dépression en deçà du trouble alimentaire. Les sentiments dépressifs amènent la jeune fille à des tentatives suicidaires répétées. Elle attaque parfois aussi son corps par des automutilations (coupures sur les bras et les jambes). La présence ou non de l’ensemble de ces troubles et leur organisation plus ou moins structurée apportent un pronostic plus ou moins bon.