Les remaniements psychologiques à l’adolescence:La recherche de nouveaux appuis extérieurs à la famille
Une ouverture au monde
L’adolescent se tourne vers de nouveaux modèles, de nouvelles passions, extérieurs à la famille, avec un attrait pour certains mouvements idéologiques. C’est l’âge où l’on refait le monde. De façon subjective bien sûr, les yeux s’ouvrent sur de nouvelles perspectives et questions, suivant les émois intenses intérieurs. Le regard de l’adolescent se porte sur l’actualité et la condition humaine. En se questionnant sur le monde, il cherche qui il est et ce qu’il veut devenir. Cette période rend donc l’adolescent vulnérable aux mouvements endoctrinant sectaires qui proposent une échappatoire à la famille, un soutien affectif et une pseudo-identité au sein d’un groupe. Plus le sentiment d’insécurité interne est grand, plus le sentiment d’identité est remis en question, plus le jeune est en danger. Les sectes proposent de fausses réponses à la question de la recherche d’identité et au sens de la vie. La façon dont l’adolescent se met à penser et à refaire le monde n’est pas pathologique. Ce mode de fonctionnement, porté à l’extrême et systématisé, sert de façon défensive à éviter de penser à sa propre problématique. Il s’agit du mécanisme de défense commun à l’adolescence, appelé « intellectualisation ». Cela consiste à avoir recours à l’abstraction et à la généralisation face à une situation conflictuelle qui angoisserait trop le sujet s’il y voyait son implication. De nombreux adultes ont également recours à ce mode de défense, qui annihile l’implication émotionnelle. A l’adolescence c’est un moyen transitoire, et parfois nécessaire, pour mettre à distance l’intensité des désirs contradictoires et des émergences pulsionnelles.
L’idole : un nouveau modèle d’identification
L’adolescent choisit également des idoles empruntées à différents domaines comme la musique, la télévision ou le cinéma. Cette admiration d’un autre comble l’idéal du Moi laissé vide. Cela sert à l’adolescent de nouvel objet d’investissement qui a l’avantage d’être inatteignable. L’adolescent se sent donc à l’abri de l’action et de ta performance. Les qualités et l’image représentées par l’idole servent de nouveaux modèles d’identification qu’il a lui-même choisis. Il arrive aussi qu’il se lance dans une passion amoureuse qui le dépossède de lui-même et qui a véritablement cette fonction (voir les relations amoureuses à l’adolescence). Ces appuis sur l’extérieur sont le plus souvent transitoires et aboutissent à un retour vers la centration sur soi, avec un ensemble d’identifications choisies en fonction de ses désirs et de ses limites. L’action psychique de faire des choix, de se positionner comme différent, de remettre tout en cause avant de trouver un chemin médian, forme un travail qui va de pair avec l’autonomisation et la distance relative prise avec les parents. En apportant à l’adolescent un regard intéressé, l’adulte le conforte dans la voix de la construction de sa personnalité.