Travail sur écran
Les ordinateurs sont devenus un élément incontournable de notre environnement de travail
Travailler intensivement devant un écran peut engendrer des troubles de la santé fatigue visuelle, troubles musculosquelettiques, stress… Cependant, il est possible de limiter ces troubles en faisant une analyse de la présentation de l’information, de l’implantation et de l’aménagement du poste de travail et des tâches qui incombent à l’opérateur peut permettre de mettre en œuvre une stratégie de prévention efficace.
Le corps humain et les postures du travail à l’écran de visualisation(T.E.V)
Les postures de travail adoptées par l’utilisateur d’un T.E.V. sont généralement statiques et réparties sur des périodes prolongées. Le travail statique au T.E.V. impose une contraction musculaire constante sur plusieurs parties du corps. Les positions du corps sont fixes et il y a peu de mouvements articulaires et de relâchement des muscles sollicités. Il est donc primordial que les
équipements de bureau soient bien ajustés à la morphologie de l’utilisateur pour prévenir la fatigue, les tensions et lésions musculo-squelettiques.
Les caractéristiques physiques de l’utilisateur d’un T.E.V. sont les facteurs centraux à considérer au moment de l’ajustement des différentes composantes du poste de travail à écran de visualisation (chaise, table, écran, clavier, souris). Comme le corps de chaque personne a ses caractéristiques propres, on doit considérer que le poste de travail est ajusté correctement que lorsqu’il est ajusté à la personne qui utilise le T.E.V.
Cette adaptation du poste implique que l’utilisateur réduira au minimum les tensions et les pressions
musculo-squelettiques générées par le travail au T.E.V.
Ces tensions se situent principalement aux niveaux du cou, des épaules, des bras et coudes, poignets et doigts et du dos, tandis que les pressions se situent aux niveaux du bassin, des jambes, cuisses,
mollets et pieds.
Les conséquences du travail à l’écran sur la santé
La fatigue visuelle
Travailler devant un écran pendant plusieurs heures d’affilée peut entraîner une fatigue visuelle lourdeur des globes oculaires, rougeurs, picotements, éblouissements, myopie temporaire, maux de tête.
Le travail sur écran est révélateur de petits défauts visuels car il est très sollicitant pour la vue. La fatigue visuelle sera d’autant plus marquée que le poste est peu ergonomique (reflets sur l’écran, éclairement inapproprié, écran mal placé, distance œil – écran trop courte, mauvaise qualité de l’image, durée de travail excessive…). La préexistence d’un défaut visuel non corrigé augmentera aussi la fréquence des symptômes oculaires. Quoi qu’il en soit, tous ces symptômes disparaissent avec du repos.
Des problèmes cutanés
Des enquêtes épidémiologiques ont montré que la fréquence des affections dermatologiques (érythème facial, démangeaisons, sensation de brûlure…) est plus élevée chez des opérateurs travaillant sur écran que chez les autres. Ce phénomène avait été attribué aux champs magnétiques, électriques et électrostatiques émis par les écrans mais il s’avère que ces champs sont très faibles et que leur suppression n’élimine pas les symptômes.
Certaines études se tournent vers les émissions chimiques des écrans (vapeur de phosphate de triphényle) et estiment que celles-ci pourraient engendrer des allergies se manifestant par des irritations, une congestion nasale ou des maux de tête. Une hypothèse encore à démontrer.
Des troubles musculo-squelettiques (TMS)
Le travail sur écran impose une posture statique pendant de longues périodes. Ce phénomène engendre d’autant plus de troubles musculo-squelettiques douloureux (tendinite, ténosynovite, syndrome canalaire) que la posture est peu ergonomique. Les muscles et tendons touchés sont essentiellement ceux de la nuque, des épaules, de la région lombaire, des poignets et des mains. Le syndrome du canal carpien (SCC) est la pathologie la plus connue et la plus répandue il s’agit d’une inflammation du nerf carpien due à sa compression au niveau du poignet. Les femmes sont plus touchées que les hommes, ainsi que les personnes souffrant d’obésité.
Le stress ainsi qu’une perception négative du contexte de travail pèsent d’un certain poids dans l’apparition des TMS. Un des liens les plus forts entre stress et TMS s’exerce par le biais du tonus musculaire. Ainsi, lorsque l’on est stressé, on est plus contracté que d’ordinaire. En conséquence, les muscles ne peuvent pas se relâcher complètement au repos.
La façon d’utiliser le clavier et la souris exercent aussi une influence sur la survenue de TMS. Ainsi, un appui continuel du poignet pendant la frappe ou une souris éloignée de l’opérateur constituent des situations à risque de TMS des membres supérieurs.
Le contenu de la tâche peut aussi avoir une influence sur la survenue de TMS. Par exemple, les douleurs cervicales sont plus répandues chez les opérateurs effectuant des tâches monotones que chez ceux qui ont des tâches plus variées. Par contre, une intense concentration peut provoquer une tension musculaire dans les poignets et les mains, source de TMS.
En France, la plupart des TMS sont reconnus comme maladies professionnelles (tableaux 57, 97 et 98 du régime général). Et on estime que 3 à 4% des TMS reconnus sont attribuables au travail sur écran.
Exposition aux rayonnements émis par les écrans
Les rayonnements émis par les écrans cathodiques couvrent pratiquement toute l’étendue du spectre électromagnétique
– rayonnement optique ultraviolet (UV) proche, rayonnement visible et infrarouge (IR);
– champs électro-magnétiques de différentes gammes de fréquences selon qu’ils sont émis par les bobines de déflexion horizontale ou verticale, la source d’énergie ou les transformateurs;
– rayons X de très basse énergie produits dans le tube cathodique (le verre de l’écran est suffisamment épais pour les absorber).
Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), il n’est pas nécessaire de mesurer régulièrement l’émission de rayons X car elle n’augmente pas avec le temps. Le champ électrique étant plus étendu derrière l’écran que devant, il est conseillé d’observer une distance d’au moins un mètre entre les opérateurs et les écrans voisins.
Aménagement du poste de travail à écran
L’aménagement convenable du poste de travail à écran de visualisation est susceptible d’accroître le confort de l’utilisateur et de réduire les contraintes visuelles et les douleurs corporelles
Pour aménager convenablement un poste de travail à écran de visualisation, on doit tenir compte
– de l’environnement lumineux du poste de travail.
-des caractéristiques du corps humain et des particularités physiques de l’utilisateur du T.E.V.
– de la configuration des équipements de bureau et de leur ajustement.
– de la nature des tâches et de l’organisation du travail.
Pour prévenir la fatigue visuelle et les troubles de vision
– Éviter l’éblouissement direct ou indirect.
– Assurer un niveau d’éclairement adéquat du lieu de travail, lequel devrait être inférieur à celui exigé pour la lecture des documents.
– Introduire un éclairage d’appoint au poste de travail pour la lecture des documents à saisir (500 à 750 lux).
– Au besoin, munir le poste de travail d’un porte-copie à la même hauteur et distance que l’écran et dans le même angle que celui-ci.
– Munir les sources lumineuses de diffuseurs.
– Contrôler la lumière naturelle au moyen de stores ou de rideaux. Au besoin durant la journée, ajuster les stores ou rideaux.
– Éviter les surfaces de travail brillantes. Préférer les surfaces avec un fini mat. Les contrastes importants sont à éviter.
– Au besoin, munir l’écran d’un filtre antireflet. Nettoyer l’écran et le filtre anti-reflet régulièrement.
– Faire une pause visuelle de l’écran au besoin en alternant les tâches de bureau. Porter le regard à 6 mètres et plus pour reposer les muscles oculaires.
– Ajuster régulièrement la luminance des caractères et la brillance de l’écran en fonction du niveau d’éclairage ambiant durant la journée. S’assurer que la mise au point du foyer de l’écran est correcte.
Pour ajuster le poste de travail avec T.E.V
• La chaise et le repose-pied
La chaise devrait être munie d’un système de réglage à vis ou à cylindre pneumatique permettant d’ajuster le siège et le dossier selon les dimensions de l ‘utilisateur. On préfèrera une chaise qui permet d’ajuster la hauteur et l’inclinaison du siège et du dossier ainsi que la profondeur du dossier et la hauteur des appuis-bras.
Un recouvrement ferme et un tissu poreux sont conseillés parce qu’ils offrent un bon appui et assurent une meilleure circulation de l’air. La base devrait posséder 5 pieds munis de roulettes adaptées au revêtement de sol pour faciliter les déplacements, tandis que le système pivotant facilite les mouvements du tronc et des membres supérieurs.
Le repose-pied est utilisé pour garder les pieds appuyés au sol tout en laissant sous les cuisses un espace suffisant pour permettre la circulation sanguine dans les jambes. Une trop grande pression sous les cuisses engourdit les jambes et favorise l’apparition de varices.
• La table du travail
La table de travail, munie ou non d’une tablette à clavier/souris ajustable doit être à une hauteur médiane qui permet à l’utilisateur d’un terminal à écran de visualisation de travailler à l’intérieur des angles, des hauteurs et des distances recommandés.
Une table trop haute exigera un ajustement trop élevé de la chaise, entraînant une pression sous les cuisses, ou encore une surélévation des épaules (accroissant la charge statique), tandis qu’une table trop basse incitera à pencher le corps vers l’avant ou à fléchir le cou, entraînant des malaises dans le cou, les épaules ou le dos.
Retenons aussi que lorsque le clavier ou la souris ne sont pas utilisés, la hauteur du plan de travail doit permettre d’appuyer les avant-bras sans créer de surélévation des épaules.
• Clavier_sourie_écran
– Placer le clavier droit devant soi, à une hauteur qui permet de respecter les angles suivants
- L’angle du coude est à environ 90 degrés lorsqu’on est en position de travail au clavier ou à la souris, les bras se situant en parallèle avec le tronc. Les épaules demeurent détendues, de même que les muscles du cou.
- L’angle des poignets est de 180 degrés, en prolongement direct des avant-bras.
– Placer la souris à côté du clavier et au même niveau.
– Éviter de travailler au clavier ou avec la souris les bras en extension, les épaules surélevées ou les poignets en angles ouvert ou fermé avec les avant-bras. Le maintien de ces postures crée rapidement des douleurs.
– Placer l’écran droit devant soi, pour éviter la torsion du cou ou la sollicitation excessive des muscles oculaires.
– Le fait de placer l’écran à gauche ou à droite sur le bureau engendre des maux aux yeux, au cou , aux épaules et au dos. Il existe des porte-écran ajustables permettant de positionner adéquatement l’écran selon les caractéristiques recommandées.
– Le haut de l’écran est à la hauteur des yeux. L’angle de visualisation, au centre de l’écran, se situe entre 10 à 20 degrés de l’horizontale. Le cou ne fléchit ni vers l’avant ni vers l’arrière et demeure dans le prolongement normal de la colonne vertébrale.
– L’angle de l’écran (si ajustable) est de 5 à 20 degrés par rapport à la verticale.
– La luminosité et le contraste de l’écran sont ajustés régulièrement, selon le niveau d’éclairage ambiant du bureau.
– Le porte-copie est à la hauteur de l’écran, dans le même angle que l’écran et le plus près possible de celui-ci. Le document à saisir est clairement lisible.
Des études ergonomiques ont révélé que de longues périodes de saisie de texte, une mauvaise disposition du bureau et du siège où l’on travaille peuvent avoir des conséquences fâcheuses sur la santé.