Psychopathologie du nourrisson:La dépression anaclitique
Il s’agit d’une dépression grave mise en évidence par Spitz qui a démontré l’importance de l’aspect relationnel dans le développement de l’enfant.
A partir d’une étude menée auprès de 123 enfants placés en pouponnière au plus jeune âge dans une institution pénitentiaire pour jeunes délinquantes, Spitz a démontré les effets dramatiques de la séparation précoce mère/enfant quand celle-ci n’est pas suivie de soins substitutifs adaptés.
Nourris et changés de façon assez mécanique et désaffectée, beaucoup de nourrissons se sont laissés dépérir, faute d’avoir trouvé une relation de substitution satisfaisante.
Le déroulement chronologique de ce syndrome est le suivant :
• coupure du lien maternel ;
• période active de protestation : cris, pleurs, rejet de l’environnement, troubles de l’appétit et du sommeil ;
• période de désespoir et d’écrasement dans le repli ;
• période de détachement dépressif.
Lors de cette dernière phase, on observe une chute du quotient de développement et une multiplication des maladies physiques. L’enfant est en danger de mort. Le retour de la mère coupe l’évolution de la dépression chez ces enfants, mais seulement s’il intervient dans un délai inférieur à trois mois après la séparation.
La maltraitance
La question de la maltraitance induit la mobilisation de nombreux préjugés nés de généralisations hâtives et de réactions défensives.
Depuis la reconnaissance des abus et négligences envers les enfants par l’opinion publique et la communauté scientifique, les études n’ont cessé de démontrer l’étendue et la gravité des pathologies entraînées par de tels comportements. La violence intrafamiliale sidère, inhibe et perturbe profondément tout individu qui y est chroniquement confronté.
L’enfant maltraité est celui qui est victime de violences physiques, cruauté mentale, abus sexuels ou négligences lourdes ayant des conséquences graves sur son développement physique et psychologique.
On estime qu’un à deux enfants meurent chaque jour en France des suites de mauvais traitements.
Dans le cas d’un nourrisson, le risque est plus aigu encore. Privé des opérateurs de distanciation que sont la parole et la scolarisation, contraint à une importante dépendance du fait de la grande immaturité de ses développements, le jeune enfant est asservi et modelé par la situation adverse qu’il affronte quotidiennement.
Pour l’OMS, « Il y a abus sexuel lorsqu’un mineur qui n’a pas l’âge du consentement, c’est-à-dire la majorité sexuelle, est victime d’un adulte ou d’une personne plus âgée qu’elle. » La majorité sexuelle est fixée à quinze ans en France, ce qui signifie qu’avant cet âge, toute personne ayant des relations sexuelles avec une personne de plus de quinze ans est considérée comme abusée, même si elle est consentante. On distingue différentes formes d’abus sexuels, toutes passibles de poursuites : les agressions sexuelles avec viol, tout contact sexuel (attouchements, etc.), mais également l’exhibitionnisme, les paroles déplacées à but de séduction, la projection de films pornographiques, etc.
Le statut de l’inceste est également difficile à situer. La loi interdit bien le mariage entre ascendants et descendants (parents, grands-parents, enfants, petits-enfants, etc.), ainsi qu’entre frères et soeurs, mais passé l’âge du consentement (quinze ans en France), rien n’interdit formellement les rapports sexuels entre membres d’une même famille, ce qui rend parfois la tâche complexe pour les travailleurs sociaux.
A côté des atteintes les plus sévères et les plus alarmantes que constituent l’abus sexuel et la maltraitance physique grave, se rencontre tout un panel de situations nocives, allant de la négligence physique à différentes formes de maltraitance psychologique qui ne se révèlent pas nécessairement les plus bénignes. L’imprévisibilité, l’inaffectivité ou l’incohérence de la mère s’avèrent souvent bien plus déstabilisantes qu’une violence adressée à l’enfant.
A un âge si précoce, les modalités de réaction sont également plus réduites. Les comportements d’inhibition, de fuite ou de lutte sont parmi les plus fréquemment observés. Des désordres psychosomatiques, apparaissant lorsque ces situations se pérennisent, traduisent souvent les tensions nées de la difficulté à supporter et gérer un tel afflux de violence.