Psychologie shème: sheme
Dans divers domaines d’activité, il est établi que les conduites (perceptives motrices, ou cognitives) ne se répètent jamais strictement à l’identique. Toutefois, ces conduites sont sous-tendues parfois une organisation commune stable qui, quant à elle, est reproductible dans une variété contextes perçus par le sujet comme similaires. Cette organisation invariante de la conduite est le schème. L’écriture est un bon exemple d’application d’un schème. N.A. Bemstein a montré que la personne qui écrit ne réalise jamais strictement deux tracés identiques. Néanmoins, les régularités des formes et des épaisseurs des traits réalisés, montrent que l’écriture est sou tendue par une organisation invariante de l’activité.
Employé à l’origine à la fin du XV siècle par le philosophe E. Kant (dm son ouvrage Critique de la raison pure), le concept de schème a surtout 0 développé au début du XXe siècle par G. Revalut d’Allonnes, F.C. Barilri puis par J. Piaget. Pour ce dernier, les schèmes sont organisés en deux types de systèmes cognitifs complémentaires : le système présentatif serval essentiellement à « comprendre » le réel et le système procédural servait essentiellement à « réussir », c’est-à-dire à satisfaire des besoins. De très nombreux auteurs utilisent le concept de schème avec, parfois, des nuances dans son application. Par exemple, alors que J. Piaget limite son utilisation il la cognition, J. Pascual-Leone ou G. Vergnaud l’étendent aussi à l’affectivité et W. Doise et G. Mugny l’utilisent dans le champ des conduites sociale, Pour tous les auteurs, les schèmes ont pour caractéristiques d’être souples et dynamiques, autrement dit, modifiables en fonction de l’expérience. Dans les théories piagétiennes, les schèmes sont le produit de l’assimilation et île l’accommodation. Ils sont aussi le fruit d’interactions sociales et d’apprentissages, dans les théories socioconstructivistes.
Pour G. Vergnaud, le schème comporte quatre composantes :
>un but et des sous-buts ;
>des règles d’action, de prise d’information et de contrôle ;
>des inférences ;
>des invariants opératoires (voir Invariant opératoire).
En guise d’exemple, prenons le cas du schème de comptage. Lorsqu’un enfant de 7-8 ans dénombre une collection d’objets, il met en œuvre plusieurs coordinations perceptivo-gestuelles : les gestes du doigt et de la main, les gestes de l’œil, renonciation des mots-nombres coordonnée aux pointages successifs des objets… La conduite de l’enfant peut être modifiée par la taille des objets, leur disposition spatiale, leur nombre mais son organisation reste invariante, dans toutes les situations de dénombrement. C’est donc un schème.
Ce schème repose sur un but, dénombrer, et plusieurs sous-buts : distinguer ce qui a été déjà compté de ce qui reste à compter pour éviter de compter lieux fois le même élément, mettre en relation chaque élément avec un mot-nombre… Ce schème peut comporter plusieurs règles d’actions, éventuellement différentes d’un enfant à l’autre : en cours de comptage séparer spatialement les éléments déjà comptés de ceux qui restent à compter, pointer un élément et un seul en énonçant à haute voix un seul mot-nombre… Le M. hème du comptage comporte par ailleurs des possibilités d’inférence comme celle qui consiste à se dire que si l’on ajoute un certain nombre d’éléments, il suffira de poursuivre le comptage, sans repartir depuis le début, pour trouver le total. Enfin, le schème repose sur un certain nombre île principes, les invariants opératoires, que l’enfant tient pour vrai (par exemple, « l’ordre de comptage ne change rien au résultat ») ou pour pertinent (par exemple, « lorsque je compte, le dernier mot-nombre que j’énonce donne le résultat : un, deux, trois, quatre… quatre ! »). Selon le degré de compétence de l’enfant, chacun des éléments du schème peuvent être maîtrisés ou défaillants, indépendamment les uns des autres.