Psychologie pulsion
Concept central dans la théorie psychanalytique, la pulsion l’est également dans la vie psychique de l’homme, conçue au fondement de celle-ci et moteur de la personnalité. Par pulsion, on désigne un état d’excitations qui siègent à l’intérieur du corps du sujet et exercent une poussée dynamique sur celui-ci, s’impose à lui, voire même constitue, ainsi que S. Freud l’a formulé, « une exigence de travail psychique ». Plus précisément, une pulsion se définit par trois caractéristiques :
>sa source : c’est l’endroit du corps où siège cet état de tension interne ;
>son but (pulsionnel) : lequel consiste à décharger cette tension et, in fine, à procurer du plaisir au sujet ;
> son objet : il est ce qui permet d’atteindre le but pulsionnel, ce plaisir ; cet objet est recherché, choisi pour ses qualités spécifiques à satisfaire ce but. S. Freud a élaboré successivement deux théories pulsionnelles, reposant chacune sur l’existence d’un dualisme pulsionnel en l’homme, c’est-à-dire deux groupes de pulsions aux intérêts différents ; la seconde théorie englobe et complexifie la première.
* La première théorie pulsionnelle : pulsions d’autoconservation/pulsions sexuelles
Formulée dès 1905, cette théorisation reçoit une forme plus achevée en 1910. S. Freud distingue alors deux groupes de pulsions, les pulsions d’autoconservation et les pulsions sexuelles :
>les pulsions d’autoconservation correspondent aux besoins organiques (ou fondamentaux) qui doivent impérativement être satisfaits sous peine d’entraver la vie du sujet. Sur ces besoins, au sens strictement bio physiologique, la psychanalyse a peu à dire ? Au contraire des pulsions sexuelles ;
> les pulsions sexuelles prennent naissance sur les précédentes pulsions ; c’est là le processus dit de l’étayage pulsionnel, c’est-à-dire que les pulsions sexuelles vont emprunter aux pulsions d’autoconservation leur source (localisation corporelle) et leur objet ; le but de ces pulsions sexuelles consiste à procurer au sujet du plaisir, un plaisir d’organe en somme, à partir de la somme corporelle précise, d’une part, et de l’objet qui initialement a satisfait le besoin organique, d’autre part (soit un plaisir lié à l’excitation d’une zone organique par un objet spécifique). Prenons un exemple : l’étayage d’une pulsion sexuelle sur une pulsion d’autoconservation, telle la pulsion sexuelle orale apparaissant à partir du besoin alimentaire. Celui-ci provient d’un état de tension situé le long du tractus aéro-digestif (ensemble des organes impliqués par cette zone). L’incorporation de l’objet alimentaire, depuis la bouche jusqu’à l’estomac, va permettre l’apaisement de cette tension (de la sensation de faim). Une fois réalisée cette expérience de satisfaction du besoin physique, la pulsion sexuelle, dans sa forme primitive, soit ici la pulsion orale, peut advenir : celle-ci va emprunter au besoin alimentaire sa zone d’élection, le tractus aéro-digestif donc (lequel constitue sa source) transformant cette région du corps en zone érogène, capable de procurer du plaisir en soi, indépendamment de l’assouvissement du besoin de manger ; pour ce faire elle va aussi lui emprunter l’objet nourricier-sein maternel, biberon, aliment – lequel est désormais recherché en soi, pour la prime de plaisir qu’il procure au sujet indépendamment de la satisfaction biologique de la faim (c’est ce qui explique que l’on puisse manger deux, voire trois fois du dessert, après un repas copieux au cours duquel l’ensemble des besoins métaboliques ont été pleinement satisfaits, juste pour le plaisir… oral !)
* La deuxième théorie pulsionnelle : pulsions de vie/pulsions de mort Formulée en 1920, cette théorie oppose désormais les pulsions de vie aux pulsions dites de mort.
Les pulsions de vie elles englobent en fait les deux précédentes sortes de pulsions, d’autoconservation et sexuelles, car toutes deux soutiennent la vie et vitalité du sujet. Elles s’opposent aux pulsions de mort ; les pulsions de mort sont liées au principe de Nirvana (voir : Principes) et tendent à l’extinction de toute excitation ou tension (et aussi de toute appétence en somme). En principe, les pulsions de mort font l’objet d’un processus de liaison par les pulsions de vie, ce qui rend compte du désir de vivre et plus largement de l’appétence du sujet pour la vie. Mais il peut parfois arriver que s’opère un processus de déliaison, au profit du dynamisme pulsionnel mortifère, qui s’exprime alors dans la psychopathologie ou dans des conduites mortifères (la mélancolie, l’anorexie mentale sévère, la maladie grave illustrent fort bien cette déliaison pulsionnelle à l’œuvre chez l’individu).