Psychologie psychosomatique
Le terme psychosomatique a servi au fil de l’histoire à qualifier différentes choses : la médecine, une approche, la maladie, le malade, la personnalité, etc. Aujourd’hui, en psychologie clinique, on désigne par trouble psychosomatique un trouble au sens médical du terme, comportant une lésion ou atteinte de l’organisme du sujet, qui se différencie ainsi de l’hystérie de conversion (trouble névrotique, consistant lui aussi en un trouble corporel mais qui ne s’explique pas par des raisons médicales, car il ne comporte pas, lui, d’atteinte biologique réelle). En ce sens le trouble dit psychosomatique (ou trouble somatique) s’oppose au troublé de conversion car il engage le corps réel du sujet là ou la conversion engage seulement le corps imaginaire du sujet (c’est-à-dire que dans la conversion, l’hystérique se sert inconsciemment de son corps comme d’une scène de théâtre sur laquelle il figure ses conflits – névrotiques ici – son corps obéissant alors plus à une anatomie fantasmatique qu’aux lois de la biologie).
Si le trouble somatique est certes généré par des facteurs biologiques et environnementaux, il l’est également en regard d’éléments d’ordre psycho-affectif chez le sujet. Ceux-ci ne sont toutefois pas du même ordre que les mobiles psychiques qui s’expriment dans le trouble de conversion.
Souvent, le trouble (psycho) somatique advient quand le sujet ne dispose plus de suffisamment de ressources au plan psychique pour traiter des réalités ou conflits qui le submergent, le corps prend alors le relais de ce qui ne peut s’exprimer et se traiter par la voie (et voix) psychique. Les conflits et angoisses sous-jacents au trouble somatique, ou réactualisés par celui-ci sont également de registre plus narcissique, voire archaïque.
On parle aussi et plus largement d’approche psychosomatique en psychanalyse pour désigner l’écoute clinique du sujet, ici du sujet souffrant dans son corps, pour lequel il convient d’aménager un dispositif clinique (psychothérapie) adapté à ses impossibilités d’expression. La psychothérapie psychanalytique va souvent consister dans ce cas à soutenir, voire réanimer l’activité psychique et représentative du malade afin qu’il puisse subjectiver ce qui lui arrive. (Il ne s’agit donc pas tant de rechercher les causes psychologiques de sa maladie, qui seraient prévalentes sur tout autre facteur de causalité, mais bien davantage d’essayer de comprendre ce qui a pu se passer chez l’individu, dans son économie et dans son appareil psychiques pour décompenser sur un mode somatique et lui permettre ainsi d’inscrire, de lier psychiquement cette situation à d’autres expériences subjectives.)