Psychologie perception des formes
Fovéa et périphérie
La rétine n’est pas une structure homogène car elle contient une zone centrale, la fovéa ; tout le reste est appelé périphérie. La fovéa est au milieu de la rétine et se caractérise par : un diamètre extrêmement petit d’environ 0,4 mm qui ne couvre qu’un angle visuel de 2 degrés à 4 degrés mais qui contient vingt-cinq mille cônes. Chaque cône, au niveau de la fovéa, est relié au cerveau par un câblage direct. Cela permet une discrimination maximale : c’est l’acuité visuelle. Chez l’homme, l’acuité est d’1 minute d’angle (= l/60e de degré).
A l’inverse, la périphérie couvre presque tout le fond de l’œil (sauf le centre = fovéa) et elle est peuplée essentiellement de bâtonnets. La structure de transmission est hiérarchique, plusieurs photorécepteurs sont connectés à un câble optique, comme des grappes qui deviennent de plus en plus grosses vers l’extérieur de la périphérie. Ainsi, à 15 degrés de l’axe optique, il y a soixante bâtonnets pour une fibre du nerf optique tandis qu’au bord extrême (près des muscles ciliaires), à 80 degrés, il y a dix mille bâtonnets pour une fibre. Le cerveau qui n’est informé qu’en bout de câblage voit donc flou lorsque les images sont projetées sur la périphérie de la rétine et d’autant plus flou que l’image est loin du centre. Dans certaines maladies où la fovéa est détruite, les malades voient très grossièrement ;par exemple, ils ne voient pas les yeux ou le nez du visage en face d’eux.
Saccades et fixation
Etant donné la petitesse de la fovéa, le cerveau commande des mouvements oculaires pour prendre des « échantillons » de la scène visuelle, et la reconstitue (d’où les erreurs dans les témoignages oculaires). Ainsi lorsque nous lisons, notre vue n’est pas panoramique et les yeux ne se promènent pas régulièrement le long des lignes du texte. Les enregistrements des yeux démontrent que la lecture est constituée de sauts et de pauses : les saccades et les fixations oculaires. Les saccades sont les sauts qui ont pour fonction d’amener le regard en face de la cible (un mot) ; les saccades sont très courtes de l’ordre de 20 ms (millisecondes) entre chaque mot et de 80 ms pour un changement de ligne. Les fixations sont les pauses qui permettent la saisie de l’information : elles durent en moyenne 250 ms (1/4 seconde). En général, pour des mots ou pour les détails de dessins, la vision n’est efficace avec une bonne acuité que dans un angle de 2 degrés (1 degré de chaque côté du centre de fixation) ; c’est très réduit ; pratiquement cela fait à peu près la longueur d’un mot. On constate d’ailleurs dans les enregistrements au cours de la lecture que toutes les fixations ne sont pas également efficaces et il existe un certain nombre de retours en arrière, ou régressions, notamment chez les enfants.
Stratégie d’exploration oculaire et construction des formes
La perception des formes est un paradoxe car la plupart du temps la forme d’une figure est trop grande pour que son image entière se limite à la fovéa. Or l’identification est très mauvaise en périphérie (acuité faible). La perception des formes, ne pouvant être assurée par un seul des systèmes de la vision, est assurée par la coordination de la vision fovéale (fixation) et de la vision périphérique dans de véritables stratégies d’exploration (saccades). L’œil est l’explorateur et le cerveau est le cartographe. Ainsi s’explique que certaines formes s’imposent comme des bonnes formes (gestalt) car plus la figure est simple, symétrique, régulière et plus la construction mentale (comme un programme informatique) est simple. Ceci explique que certaines figures nous apparaissent comme élémentaires, comme les formes géométriques, le cercle, le carré, le rectangle, le triangle…