Psychologie normal/pathologique
Pour la psychologie et la psychopathologie cliniques d’orientation psychanalytique, il n’existe pas de barrière radicale entre le normal et le pathologique sur le plan psychologique. En effet, les processus psychiques qui sous-tendent les troubles psychopathologiques existent à l’état normal chez tout sujet. Par exemple, le rêve, qui traduit – certes de manière symbolique et travestie – des désirs inconscients chez le sujet est formé, sous-tendu par les processus psychiques primaires (voir inconscient), ceux-là même que l’on retrouve à l’œuvre dans le délire du malade schizophrène. D’où la formule de S. Freud : « Le rêve est le délire de l’homme normal. » En revanche, ce qui fait la différence, c’est l’intensité et la place que revêtent ces mêmes processus chez l’individu équilibré ou déséquilibré psychiquement : autant ils sont limités, circonscrits, s’expriment à un moment adapté (le sommeil, dans l’exemple précédent) pour le premier, autant ils ont envahi toute la personnalité chez le second. L’idée psychopathologie, de troubles psychopathologiques comporte toujours s, explicitement ou non, une référence normative et socioculturelle. Le chaman qui entre en transe dans certaines sociétés traditionnelles passe sûrement pour un fou ou plutôt un malade mental dans notre société moderne occidentale. La psychopathologie renvoie aussi à ce qui est tolérable – ou non – au sein d’une collectivité ou société donnée. Certaines familles ont en effet en leur sein un « fou », un des leurs qui est porteur de troubles psychiques, mais dont la psychopathologie n’est pas trop bruyante, d’une part, et qui se trouve particulièrement bien supportée par l’ensemble intersubjectif, d’autre part, pour ne pas nécessiter de prise en charge – sans parler que l’individu en question joue souvent un rôle crucial dans un tel groupe familial, celui de porte-symptôme de la souffrance familiale collective. A partir de quoi alors, en clinique psychanalytique’, peut-on parler d’équilibre psychique ? L’équilibre psychique ne peut assurément être qu’une construction toute personnelle, qui tout à la fois permet suffisamment au sujet de satisfaire la plupart de ses buts et désirs tout en ne le mettant pas (pas trop) en décalage avec la réalité, les règles et valeurs sociales ambiantes dans lesquelles il se trouve.