Psychologie intelligence
Le concept d’intelligence est polysémique (c’est-à-dire qu’il a plusieurs sens). Par exemple, on dit d’un littéraire ou d’un mathématicien qu’ils sont intelligents alors que leurs modes de pensée peuvent être très différents ; de même chez l’animal, on entend dire qu’une abeille ou qu’un chien est intelligent, ce qui recouvre des activités encore plus différentes. Les chercheurs ont abordé l’intelligence par des approches très différentes :
► approche pratique : initiée par Binet (1905), cette approche a conduit à construire les tests d’intelligence pour mesurer l’intelligence sans présupposés théoriques ;
► approche différentialiste : pour l’anglais Spearman (1904), l’intelligence est un mélange d’aptitudes ; l’invention d’outils statistiques, la corrélation et l’analyse factorielle a permis d’analyser ces composantes sous le nom de « facteurs de l’intelligence » ;
► approche béhavioriste : pour Watson et les béhavioristes (à partir des années 1920), le terme « intelligence » est remplacé par son équivalent comportemental « Résolution de problèmes » (problem-solving) : ce sont tout simplement des apprentissages complexes, dérivés du conditionnement ;
► approche opératoire: Piaget (et Inhelder, 1962) a développé une approche originale et personnelle d’une intelligence basée sur des structures logico-mathématiques, les opérations ;
► approche cognitive : dans la perspective du traitement de l’information (vers les années 1980), l’intelligence repose, comme la mémoire et l’attention, sur des sous-systèmes (par exemple, la mémoire de travail) et des stratégies, notamment différenciables par des temps de réaction.
Définitions modernes :
de tous ces courants et théories apparaît une opposition fréquente entre une intelligence pure correspondant au raisonnement et une intelligence basée sur les connaissances, la culture (la mémoire). Enfin, le terme « intelligence » utilisé dans son sens le plus général est synonyme de « cognition » et englobe alors toutes les activités cognitives, raisonnement, mémoire, langage, perception…
intelligence artificielle:
Les chercheurs en informatique sont intéressés par l’étude des mécanismes psychologiques afin de les « copier ». Sous le nom générique d’« intelligence artificielle », les principales recherches sont axées sur la mémoire (la mémoire sémantique a été découverte par une équipe mixte, Quillian, informaticien et Collins, psychologue), la reconnaissance visuelle, la synthèse de la parole, etc. Jusqu’aux années 1970, les informaticiens utilisaient plutôt la logique mathématique pour programmer l’intelligence artificielle. Mais l’esprit humain n’est pas spontanément logique si bien que les informaticiens s’inspirent plus récemment des recherches en psychologie et en physiologie : la mémoire est fondamentale et repose en dernière analyse sur des réseaux de connexions entre neurones.
intelligence émotionnelle:
La notion d’intelligence émotionnelle s’est construite dans les années 1990 autour des travaux de Salovey et Mayer et l’idée d’un conflit entre les systèmes conatif et cognitif dans la gestion des comportements. Le premier principe était que certains individus sont plus émotionnels, d’autres plus intellectuels. Certains se laissent plus facilement débordés par leurs émotions, d’autres préfèrent la réflexion. Toutefois le développement de cette notion s’est écarté de cette conception que d’aucuns considèrent archaïque d’un conflit entre les systèmes conatif et cognitif en n’en gardant que la certitude que l’intellectualisation n’est pas toujours la meilleure façon de réagir, n’est pas la preuve de la meilleure adaptation.
Il est admis que l’environnement humain est social et émotionnel donc que I individu qui s’y adapte le mieux est celui qui sait à la fois utiliser son intellect et réagir de manière adéquate socialement et émotionnellement. Pour cela, il faut toutefois posséder une certaine capacité de gestion et de contrôle sur ses propres émotions. Mais gérer et contrôler ses émotions, cela implique de connaître son fonctionnement émotionnel comme celui des autres, de maîtriser ses pulsions, de comprendre les tenants et les aboutissants des situations rencontrées, d’en prédire leurs issues pour l’ensemble des acteurs.
L’émotion prend ici place dans la composition même du concept de l’intelligence. Cette dernière n’est plus que le résultat d’une mesure à un test qui pour beaucoup n’est qu’une forme de conformisme social, mais un système comprenant différents modes de réactions correspondant à différents types de problèmes humains (intelligence, spatiale, verbale, logico-mathématique, musicale, interpersonnelle… et émotionnelle).
Certains voient l’intelligence émotionnelle comme une explication de l’échec scolaire chez des enfants ayant pourtant une autre intelligence tout ;i fait convenable, voire supérieure. N’étant pas intelligents émotionnelle- ment, étant trop émotifs ou pas assez, ne réagissant pas convenablement aux interactions émotionnelles avec leurs pairs, ces enfants se couperaient de la société et en subiraient les conséquences dans leurs performances concernant d’autres domaines. Le manque d’intelligence émotionnelle pourrait aussi pour ceux-là être traduit par un manque de curiosité, de confiance, de coopération, de maîtrise de soi qui sont nécessaires à une bonne évolution dans le domaine scolaire.
L’intelligence émotionnelle serait aussi importante dans le domaine de la santé. Il est évident qu’ainsi décrite elle est en relation avec les principaux troubles de l’humeur de la psychiatrie. Elle est aussi un maillon important dans la survie de systèmes comme les couples en forment. Enfin, elle entre dans les pronostics d’affections médicales biologiques par son rôle dans la vulnérabilité, dans les processus de guérison qui comme le voudrait la croyance populaire, ne peut se faire qu’avec un minimum de volonté pour s’en sortir.
L’intelligence émotionnelle est aussi souvent reprise dans le domaine de la psychologie du travail. Elle y est une cause de la capacité de travailler en équipe ou des capacités d’écoute et de management… donc utile aux meneurs d’hommes.
Sans réel fondement scientifique, différentes mesures ont été proposées et diffusées via internet du quotient émotionnel ou QE. Aux Etats-Unis, le QE a vite été opposé au QI comme vecteur d’une égalité possible entre les classes sociales.