Pour la mère : sa santé physique et psychique
« La science, par son évolution, s’immisce de plus en plus dans le processus de reproduction qui, de naturel devient artificiel. L’allaitement, étape ultime de ce processus, en est la premiere victime»
Le respect du rythme biologique
L’allaitement : un antidéprime
L ‘allaitement prévient les risques de dépression postnatale. La maternité est une telle source de transformations, que la femme a le droit d’être bouleversée et déstabilisée. Un état d’angoisse, de dépression même, peut suivre l’accouchement, qui est une séparation de la mère et de son enfant. L’allaitement, en favorisant une séparation en douceur, joue alors un rôle d’antidéprime. En effet, la sensation de vide du ventre n’est-elle pas compensée par la plénitude des seins ? Le cordon lacté maintient la relation maternante tout en lui permettant d’être déjà vécue sur le mode de la séparation.
Les endorphines antistress
Au moment de la tétée, temps de contact et d’échange corporel entre la mère et l’enfant, temps accordé à l’abandon et au plaisir, le cerveau libère des hormones appelées « endorphines ». Véritable morphine naturelle sécrétée par le cerveau, ces substances découvertes par les chercheurs biochimistes dans les années 1970 ont des vertus calmantes, euphorisantes et soporifiques ; leur sécrétion est associée à la notion de plaisir : plaisir d’aimer, plaisir de la chair et de la table. Leur flux dans l’organisme préserve l’équilibre de la santé en aidant la mère à réagir et à s’adapter au stress de la maternité. Les endorphines participent au renforcement du système végétatif (commande du cœur, des poumons et des viscères), malmené par le stress, et lui permettent de récupérer après la fatigue due à la grossesse et à l’accouchement1.
Vers un épanouissement et un renouveau de la sexualité
Il est fréquent d’entendre qu’allaitement maternel et sexualité vivante dans le couple ne font pas bon ménage. Parfois, devenir mère et allaiter son enfant inhibent la créativité sexuelle de la femme ou le désir de l’homme. Notre culture véhicule encore une contradiction importante entre être mère et rester femme. En ce sens, l’une ne peut exister qu’aux dépens de l’autre. Il n’est pas exagéré de dire que la femme, en devenant mère, accède au respect. En revanche, elle perd le désir et fait l’amour pour accomplir sa mission, tandis que celle qui n’est pas mère se maintient dans le désir et fait l’amour pour le plaisir.
Dans l’imagination collective, une femme enceinte ou qui allaite devient asexuée.
D’ailleurs, certains hommes se permettent de lui toucher le ventre, ce qu’ils n’auraient jamais osé faire auparavant. De même, une femme qui allaite sort très facilement le sein en public pour le donner à son bébé. Son geste n’est alors pas considéré comme un acte sexuel ou provoquant, et ce serait, de toute façon, presque un blasphème de la désirer. En accédant au statut de mère, certaines femmes donnent l’impression d’échapper à la sexualité et, parallèlement, beaucoup d’hommes ne peuvent concevoir que leur femme, devenue mère, reste une femme de plaisir. La voici élevée au rang de madone, et une madone ne s’abaisse pas à vivre de sexualité !
La première a un caractère masculin. La zone génitale qui lui correspond est le clitoris. L’objet d’amour privilégié de la petite fille est alors sa mère.
La deuxième phase, spécifiquement féminine, concerne la zone génitale du vagin. L’objet d’amour devient le père. Freud a écrit que le clitoris (membre viril) devra céder la place au vagin pour un accomplissement épanoui de la sexualité féminine1.
Pendant la maternité
Cette étape de la vie d’une femme peut ouvrir les portes à la sexualité du dedans. Elle peut prendre la forme d’une initiation au monde du féminin intérieur. La grossesse est une étape intériorisante d’écoute des rythmes du corps. L’énergie libérée dans le corps pendant l’accouchement, les muscles qui se contractent, la descente du bébé, l’extension des tissus… tous ces phénomènes créent des sensations intenses dans tous les organes sexuels, qui vibrent à l’unisson sous les spasmes ondulants et brûlants des contractions. L’utérus et le vagin s’éveillent aux sensations ; ils se connectent et s’intégrent dans une continuité de chair aux organes sexuels externes : la vulve, les lèvres et le clitoris. Souvent, l’allaitement permet de mettre en évidence la relation seins-périnée- utérus, organes reliés par le même canal hormonal et énergétique.
La stimulation du mamelon par le bébé, le contact de ses petites mains et de sa joue peuvent provoquer une sensation de bien-être, mais aussi une stimulation génitale réelle, même si beaucoup de femmes n’auraient pas l’idée de l’associer à de l’excitation sexuelle. Pourtant, nombreuses sont celles qui ont déjà perçu le lien sein-vagin lors des relations amoureuses. Les vieux textes chinois2 disent d’ailleurs que les seins sont le lieu de naissance et de formation de l’énergie féminine. Siège de sécrétions considérées comme du « féminin véritable », ils sont en communication avec l’utérus et les menstruations. L’initiation à cette énergie féminine peut permettre à la nouvelle mère d’approfondir sa sexualité en laissant les sensations pénétrer vers la profondeur pour y rencontrer son identité sexuelle intérieure.
Le féminin-maternel a été renié par le mouvement féministe des années 1970 sous prétexte qu’il symbolisait soumission, inertie, passivité et non-réalisation professionnelle. Ce mouvement capital a permis à la femme de récupérer le phallus pour se réaliser dans sa dynamique extériorisante. D’ailleurs, les textes de cette époque mettaient en avant l’importance du clitoris par rapport au vagin, qui présentait selon eux peu d’intérêt sexuel. L’affirmation de la femme dans son masculin s’est trouvée de plus en plus sollicitée aux dépens de la rencontre avec l’homme.
Ainsi, délaissant quelque peu la profondeur de sa féminité, la femme s’est en priorité identifiée à une sexualité de type masculin- clitoridienne.
La jeune femme qui devient mère se différencie encore plus de sa propre mère pour trouver son expression maternelle personnelle. Elle entre dans le féminin-maternel ; elle conquiert, sous le sceau des sensations de l’enfantement, un territoire féminin dans lequel elle nomme l’homme et l’appelle à poser son empreinte pour la combler.
Tous deux peuvent alors évoluer vers des jouissances inédites en explorant la profondeur du nouveau continent qui s’offre à eux.