Paranoïde
Paranoïde
Le délire est une perte du sens de la réalité, se manifestant par des convictions fausses, auxquelles le sujet adhère totalement. Les délires apparaissent dans les psychoses. La pensée délirante touche le fonctionnement du psychisme et l’intégrité de la personnalité.
L’idée délirante est en rapport avec les thèmes, les croyances, les convictions de la vie imaginaire, qui est prise pour la réalité et qui tend à se développer et à organiser la totalité de l’existence.
Le jugement de réalité que porte le malade a un caractère à la fois subjectif, non partagé par les sujets de même milieu socioculturel, et inébranlable, car l’expérience comme la démonstration logique sont incapables de les modifier.
– L’imagination est débordante; elle trouve son origine dans l’univers fantasmatique. La fabulation en est l’exemple le plus typique, le sujet vit son rêve et y croit complètement.
– Le malade interprète les faits et voit des signes partout; le raisonnement prend son origine dans une sensation réelle, un fait exact, qui prennent, à la suite de déductions fausses, une signification personnelle pour le malade.
– Les hallucinations sont constantes sensorielles (auditives, visuelles, olfactives, gustatives, tactiles…) ou psychiques; ce sont des ‘perceptions sans objet à percevoir’.
Le délire peut être systématisé ou non. Le délire systématisé est un délire de structure paranoïaque. Le délire est bien construit, cohérent, logique. La conviction du malade est inébranlable. Ces délires provoquent des comportements antisociaux et rendent les patients dangereux. Les délires d’interprétation se rattachent aux délires paranoïaques, bien qu’ils ne s’accompagnent pas de mégalomanie constante. L’idée de persécution y domine toutefois. Dans tout ce qui l’entoure, dans tout ce qu’il entend, dans tout ce qu’il lit, le malade découvre des messages, des allusions malveillantes, des avertissements qui équivalent à des menaces. Dans chaque chose, il voit une sorte de langage codé qu’il lui suffit de déchiffrer pour y déceler les intentions de l’ennemi ou ses injures. Ce délire est le type même du délire systématisé, structuré. Parfois, il glisse vers des formes moins réalistes et s’apparente aux manifestations de la schizophrénie.
L’érotomanie est un délire paranoïaque. Ce terme psychiatrique ne désigne pas la frénésie sexuelle. L’érotomane s’imagine être aimé par une personne d’un rang social généralement plus élevé ou possédant un certain prestige. Les obstacles que son amour rencontre peuvent le conduire aux pires excès. D’autres délires sont moins systématisés. Le délire est alors moins cohérent. Le malade garde un flou, un doute dans ses convictions délirantes. Ce sont des délires de structure paraphrénique. Les patients séparent leur thème délirant de leur comportement quotidien qui reste logique. Ces délires sont dits fantastiques car les thèmes d’extravagance et de communications célestes sont fréquents.
Les délires peu ou pas systématisés sont plus hermétiques, contradictoires, absurdes. C’est le délire de structure paranoïde qui se voit surtout dans la schizophrénie.
Maladie au long cours, la schizophrénie nécessite un soutien psychologique régulier et continu. Les professionnels s’accordent à le dire : l’efficacité de la psychothérapie repose sur sa régularité, à raison d’une séance par semaine. Reste à encourager des patients que la maladie a rendu méfiants, que la durée du traitement fait douter. Là encore l’entourage joue un rôle clé.
Pour faire face à la diversité des symptômes, les traitements s’organisent autour de deux axes : des soins curatifs (notamment médicamenteux) destinés à enrayer les manifestations les plus fortes de la schizophrénie, à commencer par les hallucinations, et les soins d’accompagnement, pour épauler les malades dans cette épreuve au long cours.
– L’hospitalisation : Assurer la sécurité de chacun, diagnostiquer la schizophrénie en écartant les autres maux, commencer un traitement efficace qui allégera les symptômes de la maladie, organiser la suite des consultations… aussi difficile soit-elle, l’hospitalisation, volontaire ou sous contrainte, est malgré tout initiatrice d’espoir. Si le séjour en service psychiatrique est souvent nécessaire en cas de crise, de nombreuses structures prennent le relais et prodiguent désormais des soins sur mesure, à commencer par les centres de médico-psychologie et d’accueil thérapeutique à temps partiel ou les hôpitaux de jour.
– Les traitements médicamenteux : les médicaments antipsychotiques – neuroleptiques – permettent aux personnes malades de trouver un certain apaisement. Ils atténuent les hallucinations, les phases de délire et l’agitation. Ces traitements « procurent une sorte de distance par rapport à son propre vécu intérieur (…), permettent de recouvrer le contrôle de ses pensées et d’entrer en contact sereinement avec l’entourage », explique Nicolas Franck dans son ouvrage. Mais la médication n’est pas sans effets secondaires (somnolence, tremblements, prise de poids, etc.) et l’efficacité du traitement repose sur son suivi, certaines personnes étant amenées à le poursuivre pendant plusieurs années, voire à vie. C’est là que repose tout le ‘nerf de la guerre’ : l’information et le soutien de la famille.
– C’est aussi là qu’entre en compte la psychothérapie : complément indispensable du traitement médicamenteux, elle permet de rétablir une bonne relation entre le malade, le médecin et son entourage, d’apprendre aux personnes schizophrènes à gérer leur traitement et leur stress. Au-delà du suivi par le psychiatre, la psychanalyse, la psychothérapie d’inspiration analytique, la thérapie comportementale, les thérapies familiales, à médiation corporelle ou objectale (musicothérapie, art-thérapie, psycho-drame…) peuvent aider à mieux vivre sa maladie.
A chacun de choisir celle qui lui convient le mieux et, comme le souligne Cléant sur le forum de Psychologies.com, de garder l’espoir : « Je suis schizophrène depuis 10 ans déjà. Je pense que le temps est le meilleur allié pour cette maladie. Avec un traitement adapté et un suivi thérapeutique régulier la maladie évolue et souvent elle s’estompe avec l’âge. Il faut être patient et le soutien d’un bon thérapeute peut aussi faire avancer les choses. »
Certains centres de soin proposent des consultations en ergothérapie pour que chaque malade puisse identifier ses compétences et les améliorer. Une aide non négligeable vers le retour au travail…
Si l’on retient de la schizophrénie ses drames et ses débordements, on omet souvent à quel point la maladie est invalidante, source de souffrance et d’exclusion pour les personnes qu’elle atteint. Quand l’on est plus capable d’assumer un travail, un logement, des soins, quand l’on ne sait plus être en relation avec ses proches, des activités psychiosociothérapiques s’imposent en donnant à chacun les clés pour (ré)agir et recréer du lien.
– A commencer par les activités centrées sur la vie quotidienne. L’objectif : apprendre les gestes pour retrouver sa place dans la société. Les centres de soins proposent ainsi des ateliers autour de la gestion d’un budget, l’entretien du logement ou tout simplement réapprennent aux malades à renouer avec leur famille, grâce à des thérapies familiales comportementales.
– Les activités de médiation tentent elles aussi de mettre fin à l’exclusion, tout simplement en rendant le rapport aux autres supportable. Le travail de groupe s’articule autour d’activités physiques, comme la relaxation ou le yoga – qui permettent aussi d’atténuer les symptômes liés au stress – et des groupes d’expression artistique (modelage, peinture, écriture)…
Créer du lien pour faire face à la maladie, le beau message d’espoir de Cynthia à Guillaume : « Je suis schizophrène depuis déjà 6 ans. Je comprends ta douleur face à cette maladie, car je la vis chaque jour. Je crois comprendre que tu n’as pas beaucoup d’autonomie, comme moi. C’est extrêmement dur de vivre avec la schizophrénie. Je te dirais de vivre au jour le jour et de continuer à prendre tes médicaments. Je sais que nous ne sommes pas comme les autres, mais tôt ou tard il faut se faire à l’idée de vivre avec ce handicap et se créer le plus de liens possibles pour s’en sortir. Surtout, ne te décourage pas, car la vie peut être belle malgré tout… »
Une réponse pour "Paranoïde"
Je ne savais pas que l’érotomanie c’etait cela, je viens d’apprendre quelque chose!
🙂