Moyens et stratégies thérapeutiques des schizophrénies
Objectifs thérapeutiques ;
Les avantages de l’instauration précoce d’un traitement antipsychotique sont multiples :
- levée plus rapide et complète des symptômes psychotiques
- meilleure efficacité préventive sur le risque suicidaire, l’incapacité au travail, la détérioration cognitive, la désadaptation sociale et les désordres comportementaux.
Cadre thérapeutique :
Dans les formes d’évolution aiguë, l’hospitalisation est nécessaire, parfois sur demande d’un tiers (HDT) si refus de soins ou par hospitalisation d’office (HO) en cas de dangerosité du patient pour lui-même ou pour autrui.
Moyens thérapeutiques pharmacoiogiques :
Les neuroleptiques ou antipsychotiques constituent le traitement biologique de base qui réduit dans près de 60% des cas les signes productifs (hallucinations, délire, perturbations de la pensée) ainsi que l’agitation au cours des décompensations. Leur prescription dans les phases résiduelles permet de réduire le risque de rechute.
Le choix du produit est fonction du tableau clinique présenté par le malade, de sa tolérance au produit, du profil de la molécule et de la réponse antérieure à un traitement.
Médicament antihallucinatoire et antidélirant (Halopéridol, Fluphénazine, Pipothiazine) en cas de symptomatoiogie productive.
Produit sédatif (Chlorpromazine, Lévomèpromazlne) en cas d’agitation ou d’anxiété. Neuroleptique désinhibiteur (Sulpiride, Amisulpride, Pipothiazines) qui sont efficace à faibles doses en cas de prédominances de symptômes déficitaires.
Les antipsychotiques atypiques peuvent avoir une action globale sur les symptômes productifs et déficitaires (Olanzapine, Rispéridone, Clozapine, Ziprazidone, Âripiprazole). Ils diffèrent entre eux essentiellement au niveau des effets indésirables notamment métaboliques et sont généralement bien tolérés sur le plan neurologique.
Les neuroleptiques retards ont l’avantage de faciliter la prise du traitement et de s’assurer de la compliance
La voie d’administration : pour les épisodes aigües en hospitalisation, la voie IM est préférée pendant les 48 à 72 premières heures pour les neuroleptiques classiques, car les concentrations plasmatiques sont atteintes plus rapidement, et on est sûr de la prise du traitement et de ta posologie administrée. La voie orale prendra ensuite le relai en doublant la dose si la tolérance est bonne.
Associations thérapeutiques :
Les correcteurs antiparkinsoniens ne doivent pas être prescrits systématiquement. Si l’indication s’est posée, la prescription doit être réévaluée au bout de quelques mois en vue de l’arrêter.
Les benzodiazépines : leur efficacité sur l’angoisse psychotique est inférieure à celle des neuroleptiques sédatifs. Leur bénéfice thérapeutique en association aux neuroleptiques s’estompe après 4 semaines de traitement, au profit d’un risque de dépendance. Leur intérêt doit être limité au traitement transitoire des effets indésirables tels que l’akathisie ou les dyskinésies aigües.
L’association de neuroleptiques doit rester exceptionnelle car le bénéfice thérapeutique n’a pas été démontré. Mais certaines associations sont classiquement proposées, par exemple l’adjonction d’une molécule sédative à une molécule antidélirante.
L’électroconvulsivothérapie ;
Elle est indiquée en première intention dans les formes catatoniques et en urgence en cas de risque suicidaire majeur et inévitable, de passage à l’acte clastique, de syndrome hallucinatoire extrêmement intense avec injonctions hallucinatoires ou de troubles thymiques sévères ne répondant pas à la chimiothérapie. En dehors de ces cas, elle reste indiquée dans les formes résistantes.
5. Moyens psychothérapiques : la chimiothérapie n’est qu’un des aspects de la prise en charge. Les psychothérapies et la sociothérapie doivent y être associées.
Elles visent à :
– éviter la désinsertion socioprofessionnelle ;
– favoriser une meilleure compliance au traitement ; mettre en place les mesures de protection adaptées à l’handicap présenté par le malade ; favoriser une communication saine au sein de Sa familie.
Les techniques psychothérapiques
les psychothérapies de soutien : elles sont les plus utilisées et s’appuient sur une relation positive de soutien psychologique grâce à une attitude empathique et en donnant des conseils et des informations au patient et à sa famille.
– Les thérapies cognitivo-comportementales : elles ont pour but d’améliorer les symptômes déficitaires, le comportement social, les habilités pratiques, l’autonomie et la communication interpersonnelle.
– les psychothérapies familiales : elles visent à améliorer le fonctionnement de certaines familles quand celui-ci s’avère pathogène pour le malade.
– les psychothérapies analytiques : elles sont classiquement contre-indiquées dans la schizophrénie.
La sociothérapie :
Elle vise la réadaptation sociale du malade en envisageant des congés de maladie, une réorientation professionnelle, une formation professionnelle en milieu protégé, des ateliers thérapeutiques, des mesures de protection des biens du malade.
L’ensemble de ces mesures de réhabilitation s’inscrit dans le cadre d’un projet thérapeutique au sein d’une équipe pluridisciplinaire incluant des travailleurs sociaux, les médecins de première ligne, les médecins hospitaliers, les infirmiers et les psychologues, tout en collaborant avec la famille.