Mise en évidence des comportements autistiques en pédiatrie
Le pédiatre est appelé :
• A examiner ;
• A surveiller dès le plus jeune âge les enfants, qu’ils soient nouveau-nés, nourrissons ou jeunes enfants.
C’est lui qui :
Assiste au développement harmonieux de la grande majorité des enfants ;
• Est amené à reconnaître en premier toutes les pathologies de l’enfant, elles sont fort nombreuses ;
• Voit aussi en premier des comportements autistiques.
C’est un moment difficile, que celui d’établir ou de craindre un tel diagnostic, surtout si l’enfant est très jeune. En effet, une telle annonce ne doit pas se faire à la légère, et nous savons par l’expérience que c’est un moment dramatique dans l’exercice de la pédiatrie : prononcer un tel « mot » à des parents qui n’y pensent pas ou au contraire s’en méfient et quêtent avec angoisse le verdict du médecin, cela représente un moment très difficile.
Nous touchons là à un des aspects les plus dramatiques dans l’exercice de la pédiatrie.
Et pourtant, nous nous devons de reconnaître ces comportements afin de pouvoir proposer aux familles les meilleures solutions pour accompagner pet enfant, en leur révélant la vérité à laquelle ils ont droit, à condition d’y apporter un échange de qualité.
En présence d’un tel problème, il est nécessaire :
• D’écouter les parents ;
• De regarder l’enfant.
Il faut rappeler qu’un des temps essentiels de l’examen chez le jeune enfant, c’est à dire le nourrisson, c’est ce que nous appelons le face à face « nourrisson-pédiatre » qui nous permet de vérifier ce que toute mère connaît depuis des générations. Nous avons pu l’observer chacun de nous lorsque nous sommes devenus parents.
« Quand la maman tient son enfant sur ses genoux face à elle, en soutenant sa tête, au bout d’un temps plus ou moins long, elle obtient, dès les premières semaines, une fixation, une poursuite oculaire et vite un sourire, surtout si elle associe à son regard une voix répétitive avec un langage adapté s’adressant à son enfant. C’est souvent un des temps les plus importants de l’examen neurologique de l’enfant bien portant. Souvent, entre 2 et 3 semaines, parfois même avant, la parole de la mère permet d’obtenir une fixation de l’attention du nouveau-né se matérialisant par le contact mutuel des deux regards mère-enfant. Une ébauche de sourire apparaît à ce moment ».
En agissant ainsi, cela m’a permis de dépister très tôt (2 mois) des comportements autistiques en mettant en évidence :
Un signe cardinal : l’absence de sourire au visage humain, ce que confirme la mère si on pense à le lui demander. Elle a en effet souvent remarqué l’absence d’un regard au moment de la tétée. Je dois vous avouer que si l’on met en évidence précocement un tel signe (à condition d’avoir éliminé une cécité) c’est un des moments les plus dramatiques que je connais en pratique pédiatrique : on réalise alors que ce petit enfant, qui est tout pour ses parents, est appelé à un destin tout autre que celui envisagé par sa famille. Ce signe doit être recherché quels que soient les autres signes pour lesquels les parents consultent leur pédiatre. En effet, des troubles très précoces de l’alimentation sont fréquents, mais ils peuvent s’observer dans de nombreuses maladies très diverses ainsi que défaut de succion, anorexie, vomissements. … Il en est de même des troubles du sommeil, l’insomnie est fréquente, avec cris, hurlements ou mouvements auto-agressifs, plus souvent insomnie calme. Les parents découvrent que leur enfant reste éveillé une grande partie de la nuit. Il a les yeux grand ouverts, il est indifférent à ce qui se passe autour de lui.
Plus tard vers 5 mois, le pédiatre peut remarquer que le bébé ne porte pas les bras en avant vers la personne qui veut le prendre dans ses bras. Il ne regarde pas la personne… Et, comme disent souvent les parents, il s’intéresse « uniquement aux choses, aux objets et pas aux personnes ».
Quant à l’hypotonie axiale qui existe au cours de ces « comportements » et comme le disent ses parents « il ne se tient pas quand il est dans nos bras. Il est tout mou… » Ce signe n’est pas spécifique et il existe souvent dans toutes les affections graves atteignant le système nerveux central.
Plus intéressant est de constater que l’enfant regarde uniquement ses mains pendant des moments très longs. Il les contemple. Ce signe est très frappant et préoccupant s’il existe chez un enfant de 5 mois et davantage.
Vers 1 an et au-delà, un signe très fréquent et très caractéristique, c’est la tendance à l’isolement. L’enfant manifeste un désintérêt total à tout ce qui l’entoure. Il reste indifférent aux sollicitations, il ne joue pas. Il est replié sur lui-même. Il est soit calme, soit agité, en proie ou non à des stéréotypies gestuelles diverses, le balancement du tronc étant assez fréquent.
Chez ces enfants autour de deux ans et au-delà, la sémiologie peut s’enrichir par une grande instabilité. Nous connaissons tous ces enfants qui touchent à tout et qui ne s’intéressent à rien et qui parcourent sans arrêt le bureau du médecin, alors que d’autres sont capables de refaire sans arrêt le même puzzle dans une totale indifférence ;
D’autres sont tyranniques vis à vis de leurs parents, se servant des mains de leurs parents pour saisir tout et n’importe quoi.
C’est toujours pour les parents et le médecin un moment douloureux car on imagine la souffrance des parents qui sont conscients que ce comportement est anormal mais qu’ils doivent tout de même répondre à celui qu’ils aiment.
Certains de ces enfants sont totalement indifférents au bruit au point qu’on les prend pour des sourds. D’autres ont une modification de leur sensibilité à la douleur. Ils risquent de se blesser.
Vers 2 ans 1/2, ce sont des enfants en retard qui présentent des troubles du langage qui enrichissent le tableau :
• Très souvent absence de langage ;
• Des dysphasies ;
• Rarement logorrhée, parfois écholalie ;
• Langage rudimentaire seulement compris des parents.
Ces troubles du langage pouvant s’observer dans d’autres maladies neurologiques, c’est dire l’importance qu’il y a à faire toujours une analyse la plus complète possible et à tenir le plus grand compte du regroupement des signes qui conduisent à solliciter l’avis d’un spécialiste compétent en psychiatrie infantile.
Souvent ces enfants cherchent à s’isoler dans un coin, où à chercher toujours les mêmes objets qui les fascinent. A ce stade les stéréotypies sont très fréquentes, elles peuvent différer d’un enfant à l’autre. Ils ont souvent des lubies, des bizarreries, des attitudes de repli plus ou moins familières, le visage est figé, ils déambulent sans prendre garde à ce qui se passe autour d’eux. . Tandis que d’autres sont en proie à une anxiété très vive, témoignant d’une angoisse qui inquiète les parents et même les médecins qui les voient. Ils nous donnent en effet l’impression qu’ils souffrent tandis que d’autres sont en proie à des phobies très vives. Le mérycisme enrichit quelquefois le tableau.
Certains comportements autistiques nous posent des problèmes particuliers :
• Les formes familiales ;
• Certaines maladies neurologiques bien définies, aberration chromosomique, X Fragile, maladies génétiques, syndrome de Rett, maladie de Bourneville, maladie de Duchenne de Boulogne, hyper mélanose d’ito, neurofibromatose, épilepsie sévère grave et certaines infirmités motrices d’origine cérébrale ;
• On peut observer des comportements autistiques marquant le début de certaines affections neurologiques ou apparaissant au cours de l’évolution de certaines maladies posant alors le problème d’une prise en charge particulière.
Vidéo : Mise en évidence des comportements autistiques en pédiatrie
https://www.youtube.com/watch?v=f7lBQGVZFtg