Les troubles obsessionnels-compulsifs
Tout comme les phénomènes anxieux, les phénomènes d’ordre obsessionnel compulsif s’observent aisément dans la vie de tous les jours. Avant un événement important, qui n’a pas déjà compté les éléments d’un motif de tapisserie et soupiré d’aise lorsque le nombre était pair ? Qui n’a pas encore fait l’expérience de mélodies, de rimes, d’images ou de pensées se présentant de façon répétitive ? Qui ne connaît pas de proches ou de collaborateurs qui sont fiables, consciencieux, propres et ordonnés, sincères et soucieux d’efficacité ? Tout le monde les apprécie et les estime, même si l’on regrette parfois un certain manque de chaleur, de spontanéité, de fantaisie ou d’humour, ou si l’on déplore une certaine tendance à contrôler, à avoir raison, une certaine rigidité et un manque de générosité. Ces caractéristiques ont leurs avantages et leurs inconvénients tout comme d’autres.
Ces traits de caractère vous rendent plus réservé lorsque celui qui les possède (et éventuellement un proche) en souffre, lorsqu’ils handicapent sa vie personnelle, professionnelle ou sociale. On parle alors de troubles obsessionnels-compulsifs.
Le DSM-III-R définit ce trouble comme suit :
« Les caractéristiques essentielles de ce trouble sont des obsessions ou des compulsions récurrentes, suffisamment graves pour être à l’origine d’un sentiment important de détresse ou d’une perte de temps considérable ou pour interférer de façon significative avec les activités quotidiennes du sujet, son fonctionnement professionnel ou ses activités ou relations sociales habituelles. »
Les obsessions y sont définies comme « des idées, des pensées, des impulsions ou des représentations persistantes, qui, du moins au début, sont ressenties comme faisant intrusion dans la conscience du sujet et sont éprouvées comme absurdes… » À cela s’ajoute que « le sujet fait des efforts pour ignorer ou supprimer ses pensées ou impulsions ou pour neutraliser celles-ci par d’autres pensées ou actions ». La personne reconnaît d’ailleurs « que les obsessions sont le produit de ses propres pensées et qu’elles ne sont pas imposées de l’extérieur… » Des doutes et une rumination constante, des idées de contamination, des pensées d’actions violentes (par exemple blesser ou tuer son propre enfant) sont les exemples les plus fréquents.
Les compulsions sont « des comportements répétitifs, dirigés vers un but et intentionnels, se déroulant, selon certaines règles ou de façon stéréotypée, en réponse à une obsession… Quand le sujet essaie de résister à une compul¬sion, il se sent envahi par une tension croissante qu’il peut réduire immédiatement en cédant à la compulsion ». Les actes compulsifs les plus fréquents sont : compter, vérifier, avoir besoin de toucher et se laver les mains.
La fréquence de ce trouble est difficile à déterminer parce que les patients ont souvent honte de leurs symptômes et de ce fait essayent de les cacher. C’est également une des raisons pour lesquelles les troubles obsessionnels- compulsifs ont pendant longtemps été considérés comme peu fréquents. Une recherche plus récente (Myers et al., 1984) estime, par contre, que 1 à 2 % de la population en souffrent, ce qui en fait le quatrième ou le cinquième trouble psychiatrique le plus fréquent.
Les troubles obsessionnels-compulsifs peuvent aussi s’accompagner d’anxiété et de dépression et se présenter au début de psychoses ou d’autres troubles psychiatriques ; ce contexte ne devrait pas être perdu de vue. Les traitements classiquement proposés sont les thérapies psychanalytiques, le traitement pharmacologique et les thérapies comportementales.