L'anxiété
Définitions de l’anxiété :
L’anxiété normale :
L’anxiété est en effet une expérience banale. Qu’ils s’agissent de l’inquiétude éprouvée pour la santé d’un proche, de la peur ressenti avant de s’exposer à une situation difficile, ou au « trac » précédant une épreuve, cette émotion, faite d’anticipation déplaisante, associée à des idées péjoratives et pessimistes, est un phénomène général. Chacun a ressenti, un jour, l’expression somatique : tachycardie, bouche sèche, boule dans la gorge, inconfort gastrique ou intestinal.
Cette anxiété, explicable et adaptée à la situation, est variable selon les individus, en fonction de l’organisation de la personnalité ; mais elle a un rôle analogue à celui de la peur « normale » devant une situation de danger réel : elle met l’organisme en état d’alerte et élève son niveau de vigilance.
Quoiqu’il en soit, l’anxiété que qualifions de normale est familière, contrôlable et adaptée. Elle s’apaise, d’une manière rapide et prévisible.
L’anxiété pathologique :
L’anxiété pathologique se différencie de l’anxiété normale par ses modalités d’expression et son évolution.
Le traumatisme causal peut être une situation de catastrophe, individuelle ou collective, ou personnelle vécue comme insupportable.
Les diverses réactions anxieuses posent le problème du rôle pathogène réciproque déclenchant ces réactions et de la structure de la personnalité sous-jacente.
Les différents troubles anxieux :
Troubles panique avec ou sans agoraphobie :
Il s’agit d’un moment (de 20 à 30 minutes) d’anxiété, de peur ou de malaise très intense accompagné d’au moins 5 des symptômes physiques ou cognitives suivants:
- Palpitations, ou battements de cœur, ou accélération du rythme cardiaque
- Transpiration
- Tremblements ou secousses musculaires
- Sensations de « souffle coupé » ou impression d’étouffement
- Sensation d’étranglement
- Douleur ou gêne thoracique
- Nausée ou gêne abdominale
- Respiration inadaptée, abdomen contracté, gonflé.
- Sensation de vertige, d’instabilité, de tête vide ou impression d’évanouissement
- Déréalisation (sentiment d’irréalité) ou dépersonnalisation (être détaché de soi)
- Peur de perdre le contrôle de soi ou de devenir fou
- Peur de mourir
- Paresthésies (sensations d’engourdissement ou de picotements)
- Frissons ou bouffées de chaleur
- Peur d’être soudainement pris par une maladie
- Trouble de la mémoire
- Mal de tête
- Boule dans la gorge ou gorge sèche
- Déglutition difficile
- Douleurs d’estomac
- Douleurs musculaires
- Jambes molles
- Difficulté de concentration
- Se sentir désorienté et confus
- Vision embrouillée
Les phobies :
Il s’agit d’une peur irraisonnée d’un danger inexistant, cet élément déclenchant la phobie, ne présente pas une menace pour le sujet (personnes, situations, objets…)
Les symptômes ressentis lors de la confrontation à l’objet ou la situation phobogène varient d’un sujet à un autre, constituant dans les cas extrêmes une attaque de panique avec malaise général, sensation de mort imminente, tachycardie, sueurs, etc….
Dans tous les cas, les sujets frappées de phobie spécifique sont conscient de l’irrationalité de leur peur, et en souffrent.
L’objet phobogène entraine une réaction d’évitement chez le sujet.
- Agoraphobie
C’est une peur irrationnelle qui se manifeste dans des endroits publics et des espaces découverts. Ces attaques de panique surviennent de façon imprévisible et par conséquent, l’inquiétude du sujet d’être en proie à d’autres attaques suscite chez lui un comportement d’évitement. L’agoraphobie peut également inclure la peur de la foule en tant que masse.
- Phobie sociale
La phobie sociale consiste en une peur persistante et intense d’une ou de plusieurs situations sociales ou de performance qui peuvent exposer la personne à l’observation attentive d’autrui. Celle-ci craint que ses actions la mettent dans une situation embarrassante ou humiliante.
Les situations sociales provoquent une détresse et un évitement. Cet évitement perturbe profondément les activités de l’individu, notamment les activités scolaires de l’enfant.
- Phobies spécifiques (ou phobies « simples »)
Les symptômes sont déclenchés par un objet externe : souris, avions, sang, noir, nosophobies etc….
Ces phobies sont fréquentes chez les enfants souvent négligées par l’entourage et parfois tournées en ridicules, elles peuvent être source de détresse psychologique majeure. (Phobies des transports, phobie des animaux, phobie des phénomènes naturels….)
Trouble obsessionnel compulsif (TOC) :
Le trouble obsessionnel compulsif (TOC) est caractérisé par la survenue d’obsessions (pensées et/ou représentations incessantes et de compulsions. Les personnes qui en sont victimes sont confrontées à des pensées préoccupantes qui reviennent sans cesse (obsessions). Elles sont contraintes, pour les chasser ou les empêcher de survenir, de se livrer à des rituels particuliers (compulsions).
Les TOC se caractérisent par l’existence d’obsessions, et la mise en place de rituels afin de limiter l’impact de l’anxiété générée par une obsession ou une phobie . Ils sont souvent associés à des compulsions (comportements ou actes mentaux répétés de façon irrépressible).
Les manifestations des TOC sont variées, et s’expriment typiquement dans la mise en œuvre d’actions rituelles :
- Le rituel de lavage : Par peur de la contamination ou de la souillure, le sujet se lave en permanence et nettoie tout ce qui se trouve dans sa maison.
- Le rituel de vérification : Trouble qui consiste à vérifier plusieurs fois de suite un fait ou une action qui pourrait avoir un effet négatif. Par exemple, vérifier le gaz plusieurs fois.
- L’obsession-impulsion : Trouble phobique des personnes ayant peur de passer à l’acte, de perdre le contrôle de soi ou de faire quelque chose contre leur gré sans s’en rendre compte.
La personne lutte contre ses idées et doit s’assurer en permanence de ce qu’il vient de faire. (peur de commettre un crime).
- Les TOC d’ordre : Personnes obsédées par la symétrie, l’ordre et le rangement.
- Les compulsions cachées (ou compulsions cognitives) : Caractérise tous les TOC n’entrainant aucun rituel physique. Tout se passe dans la tête, par exemple se répéter sans cesse des phrases ou des nombres.
Syndrome de stress post-traumatique :
Il s’agit d’un ensemble de réactions qui peut se développer chez une personne après qu’elle ait vécu ou a été témoin d’un traumatisme (accident, agression violente, viol, catastrophe naturelle….) et qui a suscité une peur intense, un sentiment d’impuissance ou d’horreur.
On parle de stress post-traumatique lorsque la perturbation entraine une souffrance ou une altération du fonctionnement social, professionnel ou dans d’autres domaines importants.
Critères diagnostic selon le DSMIV.
A-La personne a été exposée à un événement traumatique tel que défini plus haut.
B-L’événement traumatique est constamment revécu, de l’une (ou de plusieurs) des façons suivantes :
1-Souvenirs répétitifs et envahissants de l’événement provoquant un sentiment de détresse et comprenant des images, des pensées ou des perceptions. Note : Chez les jeunes enfants, jeux répétitifs exprimant des thèmes ou des aspects du traumatisme.
2-Rêves répétitifs concernant l’événement provoquant un sentiment de détresse. Note :Chez les enfants, il peut s’agir de rêves effrayant sans contenu reconnaissable.
3-Impression ou agissements soudains « comme si » l’ événement traumatique allait se reproduire (incluant le sentiment de revivre l’événement, des illusions, des hallucinations et des épisodes dissociatifs (flash-back), y compris ceux qui surviennent au réveil ou au cours d’une intoxication). Note :Chez les jeunes enfants, la remise en action peut se produire.
4-Sentiment intense de détresse psychique lors de l’exposition à des indices internes ou externes évoquant ou ressemblant à un aspect de l’événement traumatiques (par ex : les dates des anniversaires, le temps froid ou le temps chaud, la neige, certains endroit, certaines scènes à la télévisions, etc….).
5-Réactivité physiologique lors de l’exposition à des indices internes ou externes pouvant évoquer ou ressembler à un aspect de l’événement traumatique.
C-Evitement persistant du stimulus associé au traumatisme et émoussement de la réactivité générale (non présente avant le traumatisme) comme en témoigne la présence d’au moins trois manifestations suivantes :
1-Des efforts pour éviter les pensées, les sentiments ou les conversations associés au traumatisme.
2-Des efforts pour éviter les activités, les endroits ou les gens qui éveillent des souvenirs du traumatisme.
3-L’incapacité de se rappeler un aspect important du traumatisme.
4-Réduction nette de l’intérêt pour des activités importantes ou bien réduction de la participation à ces mêmes activités.
5-Sentiment de détachement d’autrui ou bien le sentiment de devenir étranger par rapport aux autres.
6-Restriction des affects (par ex, l’incapacité à éprouver des sentiments tendres).
7-Sentiment d’avenir « bouché » (par ex : penser ne pas pouvoir faire carrière, se marier, avoir des enfants, ou avoir un cours normal de la vie).
D-La présence des symptômes persistants, traduisant une activation neurovégétative (non présente avant le traumatisme) comme témoigne la présence d’au moins deux des manifestations suivantes :
1-Des difficultés d’endormissement ou sommeil interrompu.
2-Irritabilité ou excès de colère.
3-Difficultés de concentration.
4-Hypervigilance.
5-Réaction de sursaut exagérée.
Anxiété généralisée :
Le trouble de l’anxiété généralisée, appelé également névrose d’angoisse, revêt deux aspects, l’un de fond, chronique : attente anxieuse, l’autre surgissant brutalement et plus fortement : l’attaque d’angoisse.
Cliniquement, l’anxiété généralisée est caractérisée par la survenue d’une anxiété et d’inquiétudes, tous les jours, au cours d’une période d’environ un mois, à propos de certaines activités, (en particulier celles qui sont reliées à l’école pour les enfants) et une difficulté à contrôler cette anxiété et à oublier ces soucis.
Pour porter ce diagnostic, il faut que cette anxiété ne soit pas liée à un autre trouble anxieux et qu’elle entraine significative et/ou une altération du fonctionnement social (ou scolaire pour enfant).
Anxiété de séparation :
On trouve l’anxiété de séparation chez l’enfant arrivant à ce stade de développement où il doit quittez la maison et se séparer de sa mère.
On parle d’anxiété de séparation, chez un enfant présentant au moins trois des sept symptômes suivants :
1-Une détresse excessive dans des situations où il ya séparation avec les personnes auxquelles l’enfant est attaché.
2-Une crainte excessive et persistante reliée à la disparition de l’une ou des principales figures d’attachement.
3-Une crainte excessive et persistante d’un événement malheureux.
4-Une réticence persistante ou refus d’aller à l’école .
5-Refus d’aller dormir seul.
6-Des cauchemars récurrents portant des thèmes de séparation.
7-Plaintes somatiques répétées lors des séparations avec les personnes auxquelles l’enfant est attaché.
Traitements des troubles anxieux :
On peut dire qu’il ya deux grands types de traitement qui permettent de soulager et parfois même guérir les différents troubles anxieux.
Traitement pharmacologique :
La prise de médicaments peut s’avérer nécessaire, dans un premier temps, si l’anxiété éprouvée par la personne est telle que son fonctionnement quotidien en est perturbé. On utilise alors la plupart du temps des antidépresseurs, et plus particulièrement une famille qu’on appelle des inhibiteurs sélectifs de la recapture de la sérotonine (ISRS) dont le Prozac est peut-être le membre le plus connu.
On utilise aussi une autre classe de médicamentent appelés anxiolytiques. Les benzodiazépines, qui font partie de ce groupe, doivent toutefois être prescrits avec soin, car ils peuvent provoquer une certaine forme d’accoutumance. Un seul trouble anxieux semble n’être que peu affecté par la médication : les phobies spécifiques.
Les thérapies cognitivo-comportementales(TCC) :
De leur côté, les thérapies cognitivo-comportementales (TCC) semblent efficaces contre chacun des troubles anxieux. Elles visent à fournir à la personne des outils pour faire face à ses symptômes d’anxiété et, éventuellement, à les maitriser. On peut, par exemple, amener la personne à restructurer sa pensée pour interpréter son anxiété de manière plus rationnelle et moins angoissante.
Une autre technique qui s’avère efficace est l’exposition aux objets et aux situations redoutés, mais de façon progressive et dans un climat sécurisant pour le patient. Les techniques de relaxation et de médiation sont aussi employées pour aider les gens à mieux contrôler leur respiration et leur anxiété.
D’autres techniques sont aussi à l’essai depuis moins longtemps. Signalons entre autres une technique controversée appelée désensibilisation et reconditionnement à l’aide de mouvements oculaires (EMDR, pour « Eye Movement Desensitization and Reprocessing »). Durant ce traitement, le patient se remémore de façon progressive des souvenirs émotifs dérangeants tout en se concentrant sur un stimulus extérieur qui l’aide à reproduire les mouvements latéraux des yeux ; qui ont lieu spontanément pendant les rêves. La thérapie EMDR permettrait au cerveau de digérer ainsi les résidus de traumatismes du passé.
Il a, ce pendant, été démontré que les mouvements des yeux n’étaient pas absolument nécessaires pour que la technique fonctionne : des sons alternants d’une oreille à l’autre ou même des mouvements du patient de droite à gauche seraient suffisants. Si c’est bien le cas, des études plus approfondies seront nécessaires pour clarifier ce phénomène qui semble tout de même prometteur.
Enfin, de simples comportements comme faire régulièrement de l’exercice physique ou prendre soin de ses relations affectives avec ses proches sont reconnus depuis longtemps pour avoir des effets non négligeables sur notre humeur et pour agir comme de puissants antidépresseurs naturels.