Les principaux remaniements psychologiques à l’adolescence
Régression transitoire et besoin d’investissement d’un espace à soi
A l’adolescence, cette autonomie de penser est bien sûr renforcée par la construction de l’identité et le besoin de s’éloigner des objets œdipiens. L’adolescent, dont les pensées sont souvent submergées par
le pulsionnel, sous forme d’affects et de désirs contradictoires, ressent parfois le besoin d’un isolement dans un endroit qui lui appartient. Sa chambre joue alors le rôle d’une enveloppe protectrice et son appropriation marque son besoin de repères nouveaux. Toutes les manifestations de cette appropriation, comme les posters des idoles, les photos des amis, montrent, le besoin de possession de soi et d’indépendance. Bien sûr, surtout au début de l’adolescence, on remarque un mélange des genres : le mélange d’identifications nouvelles et anciennes peuple son univers. Par un mouvement de régression, notamment anal, l’adolescent est enclin à rejoindre des comportements ou attitudes de l’enfance. Il doit trouver un aménagement entre ce qu’il a été et ce qu’il devient. Les adolescents qui adoptent rapidement des attitudes d’adultes ne sont pas forcément précoces et matures. C’est la peur de la régression qui les pousse en avant.
Toutefois, le passage par la régression est sain et nécessaire. Ladame nous dit que le réinvestissement de l’analité « peut être vu comme une défense à la fois contre la progression vers une sexualité adulte et contre un risque régressif autrement catastrophique, celui de l’effondrement narcissique et d’une désorganisation de l’identité ». On observe cette régression dans l’attrait des jeunes adolescents pour le scatologique, le désordre et la saleté de leur chambre, ou encore les jeux de barbouillages. Cette phase de régression amène l’adolescent à retarder la croissance soudaine et angoissante vers l’âge adulte. Il va reprendre peu à peu confiance en lui et conforter son narcissisme en attendant de pouvoir accéder à une autre étape.
L’adolescent peut également se servir du journal intime comme d’un espace privé qui lui sert aussi de miroir. En posant à l’extérieur de lui-même ses pensées et sentiments, il laisse une trace qui permet une relecture. Ce mouvement d’externalisation le débarrasse pour un temps de ses émois. De plus, la mise en mots permet la secondarisation des affects qui deviennent alors dicibles et moins angoissants. Le plaisir de se retrouver seul devant son journal n’enlève rien à cette habitude constructrice.
Comme nous venons de le dire, l’espace privé est donc essentiel depuis l’enfance. Mais à l’adolescence, il se double d’une nécessité, en raison des remaniements que l’adolescent subit. Il s’appuie sur cet espace réel pour consolider ses limites dedans-dehors, son identité, l’espace et le contrôle interne de son Moi.