Les remaniements psychologiques à l’adolescence, Le rôle essentiel des parents
Le rôle essentiel des parents, garants d’un cadre équilibré
Le rôle essentiel des parents, garants d’un cadre équilibré Aujourd’hui, les adolescents sont confrontés à la contrainte de la performance. Il faut être bon en tout, expérimenter le plus de choses
possibles. Les interdits donnés par les parents, s’ils ne sont pas trop en décalage avec les coutumes de la société et les moeurs des amis de l’adolescent, leur servent de garde-fou contre ce qu’ils peuvent être poussés (notamment sexuellement) à faire par leurs pairs, sans avoir les capacités de l’assumer émotionnellement. Ils peuvent toujours se prémunir du jugement de valeur des autres et d’eux-mêmes, en disant qu’ils n’ont pas le droit.
C’est pourquoi, même si la relation aux parents change à l’adolescence, sous le primat de l’autonomisation, les parents gardent un rôle essentiel pendant cette période. Ce rôle se nuance et les parents connaissent au jour le jour un besoin de modifier leurs réponses. En acceptant psychologiquement cette évolution sans se sentir attaqués dans leur fonction parentale, ils aident leur enfant à grandir. Ils sont les garants d’un cadre qui contient les désirs contradictoires de l’adolescent car celui-ci ne sait pas encore de quoi il est capable. Les parents tranchent à sa place en le rassurant alors sur son indécision. Bien sûr, le cadre doit être juste, posséder une certaine souplesse et être en relative adéquation avec les moeurs actuelles. C’est un nouveau travail, un nouvel ajustement qui entraîne des remaniements psychiques également chez les parents
Les relations sociales et amoureuses à l’adolescence
L’importance du groupe d’amis
En quittant ses parents à la fois psychologiquement et dans la réalité (détachement des activités communes), l’adolescent se tourne vers ses pairs. Ceux-ci passent du statut de camarade à celui de véritable ami : telle est la grande richesse de l’adolescence. Les relations d’amitié fortes précèdent les relations amoureuses.
La perte des investissements de l’enfance conduit l’adolescent à être soutenu et compris d’une autre manière. Il trouve cette réponse en construisant une relation avec un autre de son âge, qui ressent la même chose. C’est donc l’âge des amitiés les plus fortes, presque passionnelles, dans lesquelles l’ami joue un rôle de double étayant ou d’un être différent qui parvient à faire ce dont l’adolescent rêve. En passant par des étapes de relations quasi-fusionnelles, l’adolescent trouve peu à peu la force de s’individualiser. Mais en attendant, pour lutter contre les sentiments dépressifs suscités par l’adieu aux premiers objets d’amour, il a besoin de se sentir porté par ses semblables. Entre elles, les filles sont souvent affectueuses ; les garçons le sont aussi, à leur manière.
De nombreux rites, tels que le mélange des sangs (frère/sœur de lait), les promesses, les codes, la façon identique de s’habiller, de se prêter
des accessoires, de s’échanger des lettres et les appels téléphoniques interminables sont quelques exemples des manifestations de ce besoin de proximité avec l’autre. L’intensité des émotions de joie et de tristesse liées à ces amitiés en témoigne. Plus l’adolescent est déçu par sa famille, plus il cherche en l’ami ce qu’il ne peut et ne veut plus trouver dans sa famille : une grande proximité, le fantasme de se comprendre en un clin d’œil, une complicité magique, l’absence de jugements et de bons conseils.
L’adolescent perd un peu de lui-même dans ces amitiés, mais il y retire aussi beaucoup d’apports narcissiques et de valorisation, ce dont il a éminemment besoin dans cette période. Il n’attend pas seulement de ses parents un regard approbateur, il veut aussi être accepté, aimé, admiré par son groupe d’amis. Le groupe d’amis lui sert de cocon, d’enveloppe protectrice dans laquelle les angoisses sont partagées, les rôles répartis, les identités distribuées.
Notons que certains choisissent le repli sur eux-mêmes. Généralement il s’agit d’une difficulté d’intégration plutôt que d’un véritable choix. Il arrive que le sentiment de sécurité interne et la fragilité identitaire, accentuée par la transformation corporelle, rendent difficile voire impossible pour l’adolescent le contact avec l’autre. Il se construit alors une carapace qui le coupe d’autrui et de son monde interne. A un moment donné, cette tendance se paie au prix fort, si une consolidation et une souplesse ne sont pas trouvées. Il s’agit là d’adolescents en souffrance.