Les remaniements psychologiques à l’adolescence: la rencontre amourese
En devenant adulte, l’adolescent se détache de cette dépendance au groupe d’amis pour vivre des relations plus ouvertes et modérées. Peu à peu, il entre dans la relation amoureuse. Généralement, il a beaucoup de connaissances sur la sexualité, mais il se trouve démuni face au sentiment amoureux et aux émotions que suscite une relation intime. A cet âge, l’amour prend différentes formes, mais il est souvent une recherche de complétude de ses manques. L’autre a des qualités surestimées que l’adolescent pense ne pas avoir. Plus il se dévalorise, plus il aura tendance à surévaluer l’autre. L’état amoureux est un état pathologique, selon Freud. C’est un véritable ébranlement narcissique qui met en cause la sécurité interne du sujet, déjà vulnérable à cette période. Cela implique une certaine capacité : pouvoir sortir de soi, se laisser approcher par l’autre dans l’intimité de ses sentiments et de son corps. Il s’agit d’une véritable capacité, car l’autre peut aussi être vécu comme une menace, d’autant plus si les bases identitaires et les assises narcissiques sont fragiles. Une certaine souplesse et une bonne base identitaire aident à lever ses propres frontières. La relation amoureuse est aussi la recherche de l’objet primaire perdu. Dans l’amour, le sujet a l’illusion de le retrouver. L’adolescent qui fait le deuil des objets œdipiens se lance vers son semblable pour tenter de combler cette perte. En effet, les relations amoureuses à l’adolescence contiennent une intensité accentuée par l’attente et les enjeux que l’adolescent y place inconsciemment. L’ampleur du désespoir que l’on observe dans les ruptures amoureuses adolescentes est à la hauteur de l’attente que l’adolescent en avait. Cette attente est également narcissique : si je plais à quelqu’un, je suis valable, je suis aimable, je deviendrai peut-être quelqu’un. On comprend mieux les conséquences néfastes des issues de ces histoires sur l’image de soi et sur l’identité. Lors de ces expériences difficiles, la solidité de la sécurité interne est une fois encore un atout pour que ces ruptures soient tolérables et que l’adolescent puisse dépasser sa souffrance. La fragilité narcissique due au remaniement de l’identité rend difficile l’acceptation du refus de l’autre et de son rejet. Or chaque relation comporte un risque de frustration à accepter. Mais à cet âge, la signification qui lui est donnée est personnelle et atteint le narcissisme.