Les éléments du fonctionnement psychique:Le travail de deuil
En 1915, dans son ouvrage Deuil et Mélancolie, Freud s’intéresse au travail de deuil. Le deuil est l’état affectif douloureux que le sujet traverse lorsqu’il est confronté à la perte d’une personne chère. Il désigne également la période qui s’ensuit. Le travail de deuil est le processus psychique par lequel va passer le sujet pour rétablir son équilibre interne face à ce traumatisme de la perte. Celle-ci n’est pas forcément la disparition par la mort d’une personne, car n’importe quelle perte (rupture sentimentale, disparition d’une capacité physique, etc.) entraîne l’abandon d’un investissement libidinal fort et donne lieu à un travail de deuil.
C’est grâce à l’étude de la mélancolie, maladie du deuil, que Freud parvient à dégager ce qui est en jeu dans le travail de deuil normal. En comparant les deux, il s’aperçoit que les symptômes sont les mêmes, sauf la perte d’estime de soi qui n’est présente que dans la mélancolie. Ces symptômes communs sont :
• la douleur morale ;
• la suspension de l’intérêt pour le monde extérieur ;
• la perte de la capacité d’aimer ;
• l’inhibition de l’activité.
Les étapes du travail de deuil ont été développées par Freud et reprises par de nombreux auteurs avec des variantes.
Trois étapes importantes
Première étape : l’état de choc
C’est le traumatisme : le sujet est abasourdi par cette réalité de la perte qui s’abat sur lui. Physiquement et psychiquement, il est en état d’arrêt
et d’engourdissement. Il vit et agit de façon automatique. L’idée de la disparition bloque sa pensée. Des sentiments de colère et d’agressivité peuvent alors émerger et se manifester par des cris, des pleurs et des crises violentes. Certaines réactions immédiates se mettent en place. Par exemple, l’identification : la personne prend un trait de caractère ou une manière d’être du disparu pour le faire continuer à vivre. Il peut porter un vêtement du défunt, manger ce qu’il aimait ou fumer les mêmes cigarettes, etc.
Une autre réaction est l’illusion : le sujet se dit que l’autre n’a pas vraiment disparu et qu’il va se réveiller d’un mauvais rêve. Cette réaction est proche de l’irréalité. Le fait de voir la personne décédée aide à ne pas entrer dans un phénomène pathologique de déni de la réalité. Une autre réaction peut être l’investissement du quotidien pour éviter d’y penser. Certaines personnes s’investissent tout de suite dans les démarches administratives et funéraires pour ne pas être confrontées à l’idée de la perte et du vide. Elles fuient leurs pensées pour retarder la douleur.
Quelles que soient les premières réactions, la personne réagit avec ses propres capacités pour survivre à la douleur psychique engendrée par la nouvelle.