Les éléments du fonctionnement psychique
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La structure de la personnalité
La structure de la personnalité est ta façon dont est organisée la personnalité. Jean Berjeret, dans La Personnalité normale et pathologique, précise : « En psychopathologie, la notion de structure correspond à ce qui dans un état psychique de morbidité ou non, se trouve constitué par les éléments métapsychologiques profonds et fondamentaux de la personnalité fixés en un assemblable stable et définitif » La structure, une fois constituée, est invariable. Elle n’est visible qu’à travers certains mécanismes de défense, certains traits de notre personnalité, ou encore dans la façon dont nous tombons malades psychiquement. Lorsque notre psychisme rencontre des difficultés internes liées parfois à une mauvaise adaptation au changement ou à un traumatisme, nous pouvons alors l’entrevoir.
Freud a utilisé la métaphore du bloc minéral pour expliquer ce qu’est la structure. Un bloc minéral se constitue en se cristallisant d’une certaine façon. Couche après couche, le bloc s’est composé. Lorsque le bloc se casse, il se brise selon les grandes lignes de clivage qui se trouvent à l’intérieur. Ainsi est faite notre personnalité : elle s’est construite selon des lignes directrices qui dessinent sa structure. Elle n’est ni normale ni pathologique. C’est seulement lorsque l’individu tombe malade psychiquement que l’on voit la façon dont notre personnalité fonctionnait. On distingue deux grands types de structure : la structure névrotique et la structure psychotique. Si la personnalité se brise, la structure névrotique donnera une névrose et la structure psychotique engendrera une psychose.
Les « personnalités états limites » se situent entre les deux. Elles n’ont pu se structurer de façon névrotique, ni tout à fait psychotique. Berjeret parle d’« astructuration ». Elles empruntent certains éléments aux deux structures, notamment dans les mécanismes de défense. Elles possèdent aussi des spécificités propres à leur aménagement dit « border line ».
La genèse de la structure
La structure se construit dès le plus jeune âge, selon certains éléments comme la relation aux parents, le rapport corps/psychisme, les frustrations, les mécanismes de défense et les choix d’objets. Elle s’établit de façon stable en plusieurs étapes.
La reconnaissance de l’intégrité corporelle
Le bébé ne perçoit pas son corps comme un tout et se vit en indifférenciation totale avec sa mère. Le sein qui l’abreuve fait partie de lui- même. Peu à peu, grâce aux soins apportés par la mère et à l’enveloppe du langage, l’enfant se découvre comme un être à part qui a son propre corps. C’est la construction du soi. Elle est primordiale car la psychose montre la perception d’un corps morcelé, qui rappelle l’état premier de perception du corps.
L’individuation
Il s’agit d’une préorganisation. Fort d’un corps vécu comme unifié et différent de l’autre, l’enfant devient un individu à part entière. Les grandes lignes de la structure commencent à se mettre en place en fonction de données héréditaires et d’expériences de relations d’objets, de conflits, de frustrations.
Au moment du complexe d’Œdipe, l’enfant intègre des interdits et solidifie son Moi grâce aux identifications. C’est un moment crucial dans la genèse de la structure : le complexe d’Œdipe est structurant. La formation de l’instance du Surmoi est essentielle. Les principaux mécanismes de défense se mettent en place et commencent à réguler l’angoisse. Le psychisme commence à se cristalliser selon des lignes qui ne pourront plus changer.
La véritable structure
A l’adolescence, les changements pubertaires ébranlent la structure (possible entrée dans la schizophrénie) qui est déjà presque définitive. Le Moi s’organise de façon névrotique ou psychotique. Il devient personnel et gère les conflits selon la structure qui compose la personnalité. Il s’ajustera alors en fonction des lignes fondatrices. La structure ne pourra plus varier.
A l’adolescence, grâce à une psychothérapie, on peut encore faire basculer une structure psychotique en structure névrotique en raison des remaniements qui se jouent à cet âge. L’inverse n’est pas vrai.