Les différentes formes:Les hypothèses de Daniel Stern: daniel stern psychologue
En 1985, Daniel Stern pose l’hypothèse fondamentale selon laquelle des « sens de soi » existent bien avant l’apparition du langage et de la réflexivité. Il centre sa description sur le sens de « soi-et-de-iautre », et prend comme point de départ l’expérience subjective du nourrisson telle qu’on peut la déduire.
Stern distingue quatre sens du Soi successifs qui s’instaurent dans les premiers mois de la vie d’un enfant et déterminent quatre domaines du lien interpersonnel qui y sont directement liés. Ces domaines s’intégrent les uns aux autres et restent actifs au cours du développement. Pour cette raison, l’auteur préfère le terme de « domaine » à ceux de « phase » ou de « stade ».
Les quatre sens du Soi possèdent des périodes de formation précises caractérisant des domaines du lien interpersonnel :
• le « sens du Soi-émergent », en phase de formation jusqu’à 2 ou 3 mois, qui instaure le domaine du lien interpersonnel émergent ;
• le « sens du Soi-noyau », en phase de formation de 2 ou 3 mois à 7 ou 9 mois, qui instaure le domaine du lien interpersonnel noyau ;
• le « sens du Soi-subjectif », en phase de formation de 7 ou 9 mois à 15 mois, qui instaure le domaine du lien interpersonnel intersubjectif ;
• le « sens du Soi-verbal », en phase de formation à partir de 15 mois, qui instaure le domaine du lien interpersonnel verbal.
Dans sa conception du Soi avec l’autre, Stern s’oppose aux thèses de Winnicott posant la fusion Soi/autre comme état de base auquel le nourrisson revient constamment, ne pouvant différencier subjectivement le Soi d’autrui et posant alors subjectivement que le « Je » est un « Nous ».
L’accordage affectif entre l’enfant et son donneur de soins constitue une donnée fondamentale du développement précoce. Il crée une communion interpersonnelle qui jouera un rôle important dans la découverte par le nourrisson que les états émotionnels internes sont des formes de l’expérience humaine, partageables avec les autres humains. Il faut concevoir la grande importance, même au niveau cognitif, de cette capacité d’accordage : c’est un réaménagement, une reformulation d’un état subjectif, qui constitue pour le nourrisson une première
marche vers le langage, un pas essentiel vers l’utilisation des symboles. Le bébé a une connaissance de soi qui lui permet de se distinguer et de se différencier du reste du monde. Il serait conscient de l’existence d’un environnement situé hors de lui. Ce qui lui manque au début, c’est la « conscience de Soi ».
Pour certains auteurs, la connaissance de Soi pourrait être antérieure à la naissance, le fœtus possédant déjà des moyens de se différencier de son environnement. L’idée que le bébé posséderait le « Je » et non le « Moi » semble être acceptée par une grande majorité de chercheurs. Les régulations permettent ainsi au bébé d’avoir une connaissance de son propre corps différencié de celui de l’autre et de considérer ses actions comme distinctes de celles des autres. Il est néanmoins admis que le Moi précoce a deux ancrages, l’un biologique et l’autre social.