Les différentes formes:Le développement de l’intelligence sociale
La conception des développementalistes
Un ensemble de recherches sur les perceptions sociales des enfants a utilisé des expérimentations visant à perturber la communication entre l’enfant et son environnement immédiat.
Des chercheurs ont ainsi étudié la régulation des émotions à travers les interactions entre des enfants de deux mois et leurs mères, en perturbant le style de communication de la mère. Les résultats issus
de ces études attestent d’une fine sensibilité chez de très jeunes enfants (entre six à douze semaines) à la qualité affective immédiate du comportement maternel. Il apparaît aujourd’hui que de très jeunes enfants détectent des variations subtiles dans le comportement de leur donneur de soins et sont bien davantage perturbés par les réactions insolites que par les séparations inévitables.
Pour ces auteurs, cette coordination étroite du comportement de la mère et de celui de l’enfant implique l’existence d’un cercle de communication émotionnelle. La régulation des états personnels et affectifs n’est donc pas un processus linéaire au sein duquel le comportement de la mère déterminerait celui de l’enfant. Chacune des réponses de l’enfant est identifiée par la mère comme une réponse active et significative et provoque en elle des réactions en miroir conséquentes.
La théorie de l’esprit
Il est possible de distinguer deux grandes étapes dans la reconnaissance de l’intentionnalité des personnes :
• vers deux mois : l’enfant perçoit le fait que sa mère n’est pas « en phase » avec lui et il s’en inquiète. Il détecte donc finement un comportement inhabituel ou inadapté ;
• vers six mois : le bébé attend de toute personne une communication pertinente, même si cette personne lui est inconnue.
C’est la théorie de l’esprit, dont les termes furent consacrés par Pre- mack et Woodruff en 1978. Elle désigne l’aptitude à inférer que des conduites sont induites par des états mentaux. C’est une théorie que développe l’enfant dans la mesure où des prédictions doivent être formulées, permettant de tester des hypothèses concernant des inobservables. Cette théorie est dite « de l’esprit » car les inobservables inférés sont des états mentaux.
Dans la conception des développementalistes, par opposition aux nativistes (partisans d’une conception innée du développement), des prérequis sont nécessaires à la formation d’une théorie de l’esprit et des précurseurs sont détectables. Les trois principaux précurseurs actuellement proposés sont la synchronie interactionnelle, l’attention conjointe et l’imitation.
Les trois précurseurs principaux
L’importance des interactions dans le développement de l’enfant
De nombreux chercheurs insistent sur la place des interactions avec l’environnement dans le développement de l’enfant. Ce sont les adultes
qui sont responsables de la gestion des opportunités d’assimilation et d’accommodation suscitant te développement. Se référant à Vigotsky et à sa définition de la « zone proximale de développement », ils considèrent le développement cognitif comme l’intériorisation d’une culture. Selon Vigotsky, la « zone proximale de développement » constitue l’écart entre les capacités de l’enfant à structurer le réel lorsqu’il est seul et ces mêmes capacités sans assistance parentale. Sans parents pour piloter son développement, l’enfant ne progresserait guère.
La validité de ce modèle est à l’heure actuelle bien établie pour l’enfant d’âge préscolaire et scolaire, mais son application aux premiers mois de la vie doit parfois être nuancée.
Les auteurs remarquent que tous les bébés, sauf pathologie grave, arrivent au terme du stade sensori-moteur et accèdent au cours de la seconde année à la fonction symbolique et au langage, quels qu’aient été la variabilité des expériences individuelles et le rythme des acquisitions. Néanmoins, le développement du bébé dépend, pour une part variable selon les domaines, de la manière dont les parents l’anticipent et le définissent.
En employant le terme « parents » les auteurs sous-entendent tout individu capable de participer au développement du bébé, c’est-à-dire ses parents biologiques, mais aussi d’autres intervenants comme les nourrices, les frères et soeurs, voire même d’autres jeunes enfants fréquentant la crèche.
Le développement de l’enfant est ainsi partagé par les parents, comme le déterminent deux aspects cruciaux du développement précoce :
• si immature que soit le nouveau-né, il est d’emblée considéré comme un être humain qui émet des signaux et attend des réponses, donc un partenaire avec lequel on peut communiquer ;
• les parents soutiennent l’activité du tout-petit. Même s’il ne s’agit pas encore de résoudre des problèmes ou d’utiliser efficacement le langage, des mécanismes de bases, comme la focalisation de l’attention, peuvent bénéficier de l’étayage parental.