Les différentes formes:L’approche piagétienne et le développement cognitif
Définition de l’approche piagétienne
La théorie piagétienne est une théorie constructiviste : elle postule que le réel se construit grâce à l’action. En 1936-1937, Piaget introduit la pensée du bébé comme objet de recherche, et, à travers sa description de l’intelligence sensori-motrice, pose l’existence de l’intelligence chez l’enfant avant que ne se manifeste la maîtrise langagière.
Piaget conçoit les mécanismes intellectuels dans le prolongement des mécanismes biologiques au sein de la relation individu/environnement. Il appelle « équilibration » l’adaptation réussie d’un individu à son environnement. Cette équilibration dépend de la synthèse de deux processus :
- l’assimilation : actions de l’organisme sur les objets qui l’entourent ;
- l’accommodation : actions du milieu extérieur sur l’organisme.
- Les trois grandes périodes du développement cognitif
La période de l’intelligence sensori-motrice
Elle couvre les deux premières années de la vie de l’enfant, constituant une période préverbale subdivisée en six stades.
Les six stades de la période préverbale
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De 0 à 1 mois : l’exercice réflexe
Ce stade est celui de la première manifestation de l’intelligence et la source de son développement ultérieur. L’enfant opère une généralisation du réflexe par l’assimilation généralisatrice lui permettant d’exercer son action dans des conditions différentes et sur des objets
différents. Par exemple, le réflexe de succion va ainsi être répété et adapté pour devenir efficace.
Trois processus sous-tendent son changement de statut :
- l’assimilation fonctionnelle, répétition du réflexe afin de le consolider et de le stabiliser ;
- l’assimilation généralisatrice, apparition de modifications à travers la généralisation à différents objets ;
- l’assimilation récognitive, discrimination des objets qui sont plus ou moins appropriés à la succion.
L’enfant va alors être capable de construire des schèmes d’action, c’est- à-dire des séquences de gestes qui sont transposables, généralisables ou différenciables d’une situation à une autre pour appréhender et connaître le réel.
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De 1 à 4 mois : les premières adaptations acquises et la réaction circulaire primaire
L’enfant est capable d’assimiler des schèmes nouveaux à ceux qu’il est en train de construire. La réaction circulaire primaire constitue un exercice fonctionnel acquis, qui prolonge l’exercice réflexe et a pour effet de fortifier et d’entretenir un ensemble sensori-moteur dont les résultats nouveaux sont poursuivis pour eux-mêmes. Ces résultats ont un effet agréable et intéressant sur le propre corps de l’enfant qui va ainsi chercher à les reproduire.
A la fin de ce stade, on observe une coordination de différents schèmes entre eux : l’audition et la vision, la succion et la préhension, la vision et la préhension.
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De 4 à 8 ou 9 mois : les réactions circulaires secondaires
On assiste à une généralisation du stade précédent aux objets extérieurs à l’enfant. Il passe alors gestuellement de son corps propre au monde des choses, et, en manipulant des objets et découvrant par hasard de nouveaux résultats qui éveillent son intérêt, il suscite de nouvelles réactions circulaires secondaires.
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De 9 à 11 ou 12 mois: l’intentionnalité et la coordination des schèmes secondaires
C’est l’apparition des premiers actes véritablement intentionnels. Les actions sont orientées vers un but, avec la conscience d’un désir d’agir. A cette étape du développement, les schèmes secondaires se coordonnent entre eux pour s’intégrer dans des unités de comportements plus larges, organisées autour d’un but posé préalablement au déclenchement de l’action.
De surcroît, l’enfant acquiert la capacité d’anticiper des événements liés à son action, par l’intermédiaire d’indices à sa disposition.
• De 11 ou 12 mois à 18 mois : la réaction circulaire tertiaire et la découverte de nouveaux moyens par expérimentation active C’est une période d’intense activité d’exploration de l’ensemble des propriétés des objets. L’enfant va faire varier ses mouvements pour obtenir de nouveaux résultats. Il cherche intentionnellement et découvre, par tâtonnements autour des schèmes d’action qu’il possède déjà, de nouveaux moyens d’action.
• De 1 à 24 mois : l’invention de nouveaux moyens par combinaison mentale
C’est le début de l’exercice de l’intelligence sur un plan symbolique. L’enfant acquiert progressivement une capacité de représentation symbolique dans des domaines variés. Il va intérioriser des schèmes d’action dont la combinaison mentale lui permettra de trouver des solutions plus rapidement.
La notion d’objet
Le développement de la notion d’objet est parallèle à celui de l’intelligence sensori-motrice :
• de 0 à 4 mois, aucune conduite particulière n’est observée relativement aux objets disparus ;
• de 4 à 8 mois, l’enfant n’est pas capable de rechercher un objet caché, mais il est en mesure de retrouver un objet qui est dans le prolongement direct de son activité ;
• de 8 à 12 mois, l’enfant recherche activement un objet disparu sans tenir compte de la succession des déplacements visibles ;
• de 12 à 18 mois, l’enfant devient capable de tenir compte de la succession des déplacements visibles dans sa recherche d’un objet ;
• de 18 à 24 mois, l’enfant est capable de se représenter les déplacements invisibles de l’objet.