Les différentes formes:La distinction objet/personne et l'apparition de la permanence de l'objet
A travers l’emploi de méthodologies nouvelles, la distinction entre objets et personnes ainsi que l’apparition de la permanence de l’objet se sont avérées plus précoces chez le nourrisson qu’on ne les avait évaluées jusque-là.
Dès l’instant où différents indices multimodaux sont fournis au bébé, la distinction personne/objet apparaît extrêmement précoce, dès le deuxième ou le troisième mois de la vie. A cet âge, l’enfant se montre
déjà capable, dans certaines circonstances, de reconnaître des spectacles déjà vus et d’anticiper l’effet d’une action.
L’imitation précoce et l’imitation différée
• L’évolution de l’imitation néonatale
Contrairement à certaines conduites des nouveau-nés qui semblent disparaître pour préparer des conduites plus matures, l’imitation néo- natale connaît une évolution plus complexe dans les six premiers mois de la vie. Cette conduite assure une fonction d’apprentissage et de socialisation. Elle se révèle finalement être une forme d’apprentissage interactif. La période attestée d’apparition d’une telle compétence est donc d’un enjeu important pour l’évolution humaine.
L’imitation possède un aspect perceptif et un aspect cognitif. Elle nécessite que l’enfant perçoive l’acte de l’adulte, traduise cette perception en actes analogues pour lui-même et organise son activité motrice de façon à ce que son comportement corresponde à celui de son modèle.
On considère trois formes d’imitation néonatale : l’imitation vocale, gestuelle et faciale.
L’imitation exige deux mécanismes dans l’intégration des informations visuelles et proprioceptives. D’une part, le sujet doit sélectionner activement un programme moteur similaire au modèle et, d’autre part, la réponse imitative doit être spécifique et convergente au modèle.
• Une précocité de l’imitation attestée par diverses expériences
Un consensus parmi les auteurs du début du siècle concernant l’imitation peut être dégagé. Tous caractérisent l’imitation néonatale comme automatique et spontanée et la distinguent de la véritable imitation qui apparaît vers le dernier quart de la première année. L’imitation vraie est alors délibérée et suppose de la part de l’imitateur une attention importante focalisée sur les modèles, une analyse de ces modèles et un effort d’appariement.
Les recherches plus récentes montrent des compétences bien plus précoces. Des études ont mis en évidence l’existence d’imitations immédiates et différées, avec un délai de dix minutes, chez des enfants âgés de douze mois. Un autre chercheur impose quant à lui des délais de 24 heures pour l’imitation différée et obtient des résultats probants auprès d’enfants de quatorze mois, puis de neuf mois seulement.
Ces résultats vont dans le sens de l’existence de capacités innées des nouveau-nés leur permettant de reconnaître certaines similitudes entre eux et les autres, puis d’agir en fonction des représentations abstraites, intermodales, qu’ils possèdent des objets et des personnes du monde.
Le caractère inné de ces capacités a été démontré dans une expérience menée auprès d’enfants de 72 heures seulement. Celle-ci prouve l’existence d’une imitation précoce pour des gestes tels que la protusion de la langue (tirer la langue), des lèvres (avancer les lèvres) ou l’ouverture de la bouche.
L’existence d’une imitation différée à un âge si précoce implique une capacité de l’enfant à organiser et à contrôler son comportement sur la base de représentations mémorisées. De surcroît, si les enfants peuvent imiter des comportements qui ont disparu, cela implique qu’ils peuvent agir sur la base d’un modèle interne ou d’une représentation de l’événement absent.
Ainsi il n’existerait pas, comme le prédit la théorie de Piaget, un âge clé dans la capacité à imiter des actions en différé et où des bébés qui ne maîtrisent pas encore le langage peuvent se représenter des actions.