les différentes formes du développement du nourrisson :La théorie de l’attachement
La théorie de Bowlhy
En 1969, John Bowlby développe ses recherches sur l’attachement, en postulant que le lien de l’enfant à sa mère est le
produit de l’activité d’un certain nombre de systèmes comportementaux qui ont pour résultat la proximité de l’enfant par rapport à sa mère. La définition du comportement d’attachement est donc élaborée comme suit : « rechercher et maintenir la proximité avec un autre individu ».
Sur la question de l’inné et de l’acquis, Bowlby remarque que même si une grande partie des variations de comportements chez des enfants différents est imputable à des différences génétiques, à mesure que la place et le poids de l’environnement s’accroissent, celui-ci étend une influence de plus en plus conséquente sur les modalités de l’attachement.
Au sein de ces modalités de l’attachement, Bowlby distingue deux formes principales de comportements :
• les comportements de signal, comme les pleurs, sourires ou babils, dont l’effet est d’amener la mère à l’enfant ;
• les comportements d’approche, comme la recherche, la tentative de suivre ou l’agrippement, dont l’effet est d’amener l’enfant à la mère.
Les fonctions des comportements d’attachement
L’ensemble des comportements d’attachement a pour but de maintenir l’enfant dans un espace sécurisé où il sent sa mère disponible et devient dès lors progressivement capable de s’en distancer, voire de s’en séparer durant des périodes plus ou moins longues.
Bowlby décrit ainsi de jeunes enfants d’un ou deux ans, placés dans une situation familière, qui sont parfaitement capables de jouer et d’explorer leur environnement de façon autonome, en gardant simplement leur mère comme base lorsqu’elle est stationnaire (par exemple, assise sur un banc près du bac à sable). La mère jouerait alors pour la majorité des enfants un rôle de point de repère permettant de contrôler de loin en loin que tout va bien.
Pourtant, si la plupart des enfants se montrent capables de manifester cette indépendance précoce, quelques-uns apparaissent moins en sécurité et pleurent ou appellent lorsque l’attention de leur mère n’est plus expressément tournée vers eux.
Bowlby cite un exemple de ce type, issu des observations faites par Appell et David en 1965, illustrant bien ce cas de figure un peu particulier : « Bob regarde beaucoup sa mère… Il a besoin qu’on le regarde et ne supporte pas que sa mère soit trop absorbée par son travail… Il devient alors grincheux et frustré, comme lorsque sa mère s’en va… » Les modalités de l’attachement existant entre la mère et l’enfant semblent ici différer de celles le plus couramment observées, et Bowlby va décrire tout un panel de réponses de l’enfant à la séparation, venant encore enrichir l’aperçu de ces spécificités.
L’auteur explique combien le comportement d’attachement de l’enfant au moment du départ de sa mère est influencé par l’avancée en âge de l’enfant, déterminant sa plus ou moins grande immaturité, ainsi que par les modalités du comportement maternel (départ visible et brutal ou au contraire discret et progressif). Le comportement le plus courant après douze mois serait constitué d’un ensemble d’appels et de protestations lors du départ de la mère, puis d’une bonne capacité à jouer seul en son absence.
Le comportement d’attachement au départ et au retour de la mère
L’étude des modalités du retour de la mère, principalement sur le plan de la durée de l’absence et de l’état émotionnel de celle-ci, permet également de connaître leurs répercussions sur le comportement d’attachement de l’enfant. Dans la plupart des cas, si l’absence n’a pas été trop longue, l’enfant recherche spontanément le contact de sa mère. Il lui sourit parfois et s’apaise s’il était en train de pleurer.
Une plus grande anxiété peut entraîner la mobilisation d’un comportement d’agrippement par l’enfant qui met davantage de temps à se rassurer. Lors de grandes détresses, on peut observer un phénomène de repli, l’enfant refusant le contact avec sa mère à son retour.
A un même âge et dans des situations similaires, de jeunes enfants ne présentent pas nécessairement les mêmes comportements d’attachement. Certains se montrent très rapidement autonomes, aisément rassurés et disponibles à la nouveauté, tandis qu’une autre catégorie d’enfants développe un plus grand sentiment d’insécurité, inhibant l’action et la relation.