Les dépressions de l'enfant : Formes cliniques: dépression blanche
Formes selon l’age
Dépression du nourrisson et carences en soins maternels
Au lendemain de la deuxième guerre mondiale, les travaux de Spitz ont permis la description de ia dépression anadîtîque et de l’hospitalisme du nourrisson survenant à la suite des séparations effectives d’avec la mère, se sont les tableaux de carences affectives quantitatives.
Plusieurs études se sont intéressées à la qualité des interactions précoces et ont décrits en plus des carences quantitatives, les carences qualitatives où la mère est présente physiquement mais psychiquement absente ou inaccessible, en raison de son état psychique personnel (par exemple dépression ou psychose) et qui peuvent réaliser les tableaux dépressifs suivants :
Dépression blanche
Il s’agit d’un tableau clinique qui s’observe chez des enfants soudainement confrontés à une rupture ou à une faillite du holding maternel au sens plein du terme, après une période de fonctionnement normal de la dyade mère-nourrisson, et brutalement pour une raison ou une autre, la mère se déprime et ses interactions avec l’enfant se modifient, se dévitalisent « le cœur n’y est plus » en quelques sorte ; on observe alors la tétrade sémiologique suivante :
1. L’atonie thymique : la dépression du nourrisson est une athymie globale, plus proche de l’indifférence que de la tristesse, il s’agit d’une indifférence morne, sans plaintes ni larmes, c’est une sémiologie en négatif, en creux.
2. L’inertie motrice : qui se manifeste par une lenteur et une monotonie des gestes et des attitudes. La mimique est pauvre ainsi que la mobilité corporelle, !e figement touche davantage le tronc et la racine des membres.
3. Le repli interactif : qui est marqué par un appauvrissement progressif de la communication, une diminution des initiatives et des réponses aux sollicitations.
4. La désorganisation psychosomatique: les formes de somatisation sont variées allant des plus banales (rhinopharyngite, bronchite, diarrhée) aux plus sévères.
Les troubles du sommeil et de l’alimentation sont quasi constants.
Syndrome du comportement vide
S’observe chez des enfants un peu plus âgés. Il s’agit ici d’enfants qui vivent depuis longtemps et chroniquement au contact d’un environnement déprimé, carencé.
Les traits sémiologiques sont comparables à celle de la dépression blanche mais avec une tonalité d’ennui, de vide et de morosité plus marquée ainsi qu’une instabilité psychomotrice fréquente avec une agitation stérile.
Evolution
La réversibilité des troubles est un caractère essentiel de ces tableaux pourtant parfois profonds. En absence de prise en charge adéquate, l’évolution est très variable, pouvant altérer le développement affectif et intellectuel de l’enfant.
La dépression du jeune enfant (entre 3 et 6 ans)
Les perturbations comportementales sont souvent au premier plan avec: un isolement ou un retrait, l’enfant est excessivement calme, mais le plus souvent on observe une agitation, une instabilité importante, des conduites agressives auto ou surtout hétéro agressives, des auto stimulations prolongées, en particulier des conduites masturbatoires. Un aspect fréquemment chaotique de l’état affectif est observé, qui se manifeste par une quête affective alternant avec un refus relationnel, des accès de colère et de violence à la moindre frustration. Il existe parfois des oscillations de l’humeur avec une alternance d’états d’agitation euphorique et de pleurs silencieux.
Les acquisitions sociales habituelles à cet âge sont en général troublées. En effet, le trouble dépressif peut entraver l’autonomisation de l’enfant, qui touchent notamment l’alimentation, i’endormissement et l’acquisition de la propreté.
La dépression à l’adolescence
Après avoir considéré la dépression comme un état normal à l’adolescence, la majorité des cliniciens distinguent les sentiments dépressifs modérés et transitoires appartenant en effet au développement normal de l’adolescence, des différentes formes que peut prendre une dépression proprement dite à cet âge.
Comme pour l’enfant, la sémiologie dépressive à cet âge peut revêtir plusieurs formes, avec une mention particulière pour celle qui est dominée par les aspects comportementaux: fugues, passage à l’acte, hétéro ou auto-agressivité, toxicomanie qui peuvent masquer la symptomatologie dépressive.
Plusieurs autres tableaux cliniques peuvent être observés et qui vont de la morosité de l’adolescent au syndrome dépressif franc et sévère.
Formes symptomatiques
La dépression masquée
Il s’agit d’une notion controversée, longtemps discutée, qui ne fait pour certains que masquer une description adultomorphe de la dépression de l’enfant.
Elle correspond à un état où la dépression et la tristesse ne sont pas ressenties au premier plan, et ce sont les trouDles du comportement (instabilité, opposition, fugue, propension aux accidents …) ou encore les plaintes somatiques (douleurs abdominales, céphalées, troubles du sommeil, troubles sphinctériens …) qui sont au devant de la scène.
La dépression mélancolique et le trouble bipolaire
Se sont des troubles de l’humeur qui débutent en général à l’adolescence ou à un âge plus tardif. Cependant, les formes juvéniles existent mais elles restent exceptionnelles avant l’âge de la puberté. Chez les enfants bipolaires, on retrouve fréquemment des antécédents familiaux chargés de troubles de l’humeur, les épisodes maniaques sont fréquemment atypiques tant sur le plan sémiologique que dans la durée de l’épisode.
La dysthymie
Il s’agit d’une forme clinique caractérisée par un nombre de symptômes plus réduit (une humeur dépressive associée à deux symptômes de la série dépressive suffisent à porter ce diagnostic) et une évolution durable dans le temps, définie par une durée minimum de un an chez l’enfant et l’adolescent.
Vidéo : Les dépressions de l’enfant : Formes cliniques
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