Les dépressions de l'enfant : Facteurs etiopathogeniques
Facteurs favorisants
Une association fréquente entre un certains nombre de facteurs et d’événements et le trouble dépressif de l’enfant existe. Ces facteurs ne peuvent être pris dans un rapport linéaire de cause à effet.
Séparation et perte
Les expériences de séparations précoces et répétées quelle qu’en soit la cause (décès d’un parent, longue hospitalisation, placements répétés et non préparés) sont des facteurs fréquemment repérés dans l’anamnèse des enfants déprimés surtout chez le nourrisson. Parfois cette perte est « interactive », tel une mère accaparée par un deuil ou un conflit conjugal ce qui la rend peu disponible psychiquement.
La perte peut être en apparence banale pour l’adulte, tel un déménagement ou l’éloignement d’un frère ou d’un camarade chez un enfant d’âge scolaire.
Dépression maternelle
Les antécédents de dépression chez les parents et tout particulièrement chez la mère d’enfants atteints de dépression sont fréquemment retrouvés. Pius l’enfant est jeune plus sa dépression se profile comme une conséquence de la dépression maternelle. La dépression du post partum est particulièrement à redouter, d’autant plus qu’elle est sous diagnostiquée et survient à un moment crucial du développement de l’enfant. En l’absence de substitut maternel, le risque de survenue d’une carence affective qualitative est important.
Deux mécanismes ont été avancés pour expliquer cette fréquence : un mécanisme d’identification au parent déprimé ; un sentiment que la mère est inaccessible et en même temps l’enfant est incapable de la consoler ou de la satisfaire. L’enfant est donc confronté à un double mouvement de frustration et de culpabilité.
Attente familiale
La projection d’un idéal du moi parental, teinté de mégalomanie, sur l’enfant peut soumettre celui-ci à une attente parentale pesante. Cette attente peut toucher le domaine de réalisations pré-scolaires chez le jeune enfant (acquisition de la marche ou de la propreté par exemple) ou la réussite scolaire pius tard. Les difficultés voire l’impossibilité pour l’enfant de réaliser ces attentes peuvent entraîner chez lui une dépression.
Environnement familial
D’autres pathologies mentales parentales peuvent constituer un contexte favorisant la survenue d’une dépression chez l’enfant, tel que l’alcoolisme et la schizophrénie.
Un milieu conflictuel (violences conjugales) constitue aussi un facteur de risque de dépression.
Les enfants victimes de sévices, qu’ils soient physiques ou psychologiques, de la part de leurs proches, présentent souvent des tableaux dépressifs.
Plus rarement a été décrit comme facteur favorisant : l’éducation rigide et sévère (excès de punitions, d’autorité, d’emprise).
Maladie chronique
La maladie somatique n’est pas en soi un facteur de risque. En revanche, sa durée avec l’épuisement qu’elle provoque, la douleur chronique ou la faiblesse qui s’y associe, la lourdeur des traitements, les réactions de l’entourage, les hospitalisations -épétées, peuvent favoriser la survenue d’une dépression.
Depression et génétique
La dépression est considérée comme une maladie multifactorieile où interagissent des facteurs héréditaires ei. des facteurs de l’environnement.
Le risque de maladies bipolaires est multiplié par cinq dans les familles atteintes de ce trouble, les facteurs génétiques dans les autres formes de dépression notamment celles qui touchent l’enfant, sont moins bien documentés, même si les études familiales de jumeaux et d’enfants adoptés apportent des arguments sérieux dans ce sens.
Les recherches moléculaires en cours sont en faveur d’une maladie polygénique et ont permis de localiser plusieurs gènes candidats en particulier pour le trouble bipolaire sans aboutir encore à des résultats concluants.
Depression et neurobiologie
A la différence de l’adulte, il existe peu de recherches biologiques concernant les états dépressifs de l’enfant. Rappelons simplement l’existence d’hypothèses sérotoninergique et noradrenergiques de la dépression plus étudiées chez l’adulte que chez l’enfant.
La dépression de l’enfant est une affection qui peut passer inaperçue étant donné la diversité des formes cliniques.
Son retentissement sur le développement de l’enfant, sur son rendement scolaire et sur son devenir justifie un effort particulier au niveau de la prévention des facteurs de risque. Connaissant bien le contexte familial, l’histoire clinique et développementale de l’enfant, le médecin de famille a une place importante en matière de dépistage de troubles dépressifs chez l’enfant.
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