Les délires chroniques non schizophréniques
Introduction
La nosographie française distingue au sein de ces états délirants trois entités pathologiques principales : les délires paranoïaques, les psychoses hallucinatoires chroniques et les paraphrénies. Cette classification a été proposée en se référant aux travaux nosographiques, réalisés essentiellement au cours du siècle dernier, par l’Ecoie de Psychiatrie Française. Il n’est cependant pas certain que chacun de ces troubles corresponde à une entité pathologique distincte et de nombreux pays n’ont pas adopté cette classification.
Ces trois états délirants ont en commun un âge de survenue tardif (début en générai après 35 ans), un mécanisme délirant prépondérant caractérisant chacun d’eux (interprétation délirante pour les délires paranoïaques, hallucinatoire pour la psychose hallucinatoire chronique, imagination délirante pour la paraphrénie), une évolution chronique sans traitement contrastant parfois avec un maintien prolongé de l’intégration sociale et une absence de dissociation mentale.
Historique
La nosographie française distingue 4 types de délires chroniques dotés d’un certain nombre de caractères communs :
• Une organisation qui prend l’allure d’un roman plus au moins cohérent.
• Une évolution chronique.
• Une conservation des capacités intellectuelles.
Ces caractères permettent ainsi de les distinguer d’une part des délires aigus dont l’évolution est brève (inférieure à six mois) et d’autre part des délires chroniques à évolution déficitaire et discordante (schizophrénie).
Ces 4 types de délire sont :
– Le délire d’interprétation (Serieux et Capgras 1909).
– Le délire d’imagination (Dupré et Logre 1913).
– Les psychoses passionnelles (De clérambault).
– La psychose hallucinatoire chronique (Ballet).
La nosographie allemande :
Kraeplin a classé en 1912 les délires chroniques en 3 groupes :
- La paranoïa
- La paraphrénie
- La démence précoce
La nosographie américaine (DSMIV) :
Trouble délirant (équivalent aux délires paranoïaques)
Schizophrénie paranoïde (comporte la PHC et la paraphrénie)
Trouble psychotique partagé
Certains auteurs anglosaxons ont utilisé le terme de « late paraphrenia » pour désigner des psychoses délirantes apparaissant dans la deuxième moitié de la vie et pouvant rappeler la « Psychose Hallucinatoire Chronique » des auteurs français.
La clinique française continue à employer les entités présentées ici et à opposer le groupe des psychoses paranoïaques à celui des schizophrénies.