Les aspects pratiques de l'allaitement
Hygiène des seins
L’hygiène des seins avant chaque tétée n’est faire une toilette corporelle quotidienne. Il y pas nécessaire. Contentez-vous d’avoir les a dans le lait un composé antiseptique, et les mains propres au moment de la tétée et de quelques gouttes restées de la dernière tétée protégeront le mamelon. Si cela vous rassure, faites couler un peu de lait avant de commencer la tétée.
Faites attention aux produits de toilette que vous utilisez. L’enfant a besoin, pour téter, de retrouver votre odeur : c’est elle qui le guidera.
N’utilisez pas de crème pour les seins, ses constituants risquant de passer dans le lait. Si vous désirez masser votre poitrine, surtout au moment des grandes variations de volume, lorsque la peau est sollicitée, appliquez de l’huile de germe de blé (de première pression à froid), riche en vitamine E ; elle protégera votre peau et sera sans effet secondaire pour l’enfant.
Du colostrum à la montée de lait
Dans le prolongement de la première tétée, nourrissez votre bébé dès le premier jour, quand il vous le demande. Il boit à ce moment- là du colostrum, première sécrétion lactée1. Allaiter ainsi permet une montée de lait plus rapide, mais surtout plus régulière et moins difficile.
Les tout premiers jours, le désir de téter de l’enfant est très variable ; laissez-le, lui aussi, se remettre de l’accouchement et ne vous inquiétez pas s’il tète peu ; cela n’augure en rien de la suite.
La montée de lait est la transformation du colostrum en lait blanc. Souvent, elle se manifeste par un fort gonflement des seins, qui deviennent inconfortables voire douloureux. Elle peut s’accompagner d’un état fébrile avec de fortes transpirations. Elle survient dans les trois à cinq jours qui suivent la naissance. Pour certaines femmes, cette transformation se fait sans signe extérieur ; elle n’en est pas moins réelle et conséquente.
Les positions de l’allaitement
Pour allaiter, il est nécessaire de s’installer confortablement. Et si nous vous donnons quelques conseils, l’important n’est pas de les suivre à la lettre mais de permettre la détente de votre petit et de vous-même.
Allaiter en position assise
- Installez-vous au fond de votre siège, prévoyez sous votre bras un soutien (accoudoir ou coussin) pour ne pas avoir à porter l’enfant ; ce dernier doit être à bonne hauteur pour ne pas distendre votre sein. Vous pouvez aussi placer un coussin sur vos genoux et sous l’enfant. Calez bien sa tête pour que lui- même ne se fatigue pas les muscles du cou.
Vous devez toujours approcher l’enfant de vous et non vous approcher de lui en poussant votre poitrine en avant, car vous tireriez alors sur votre dos.
- Mettez l’enfant face au sein, non seulement sa tête mais tout son corps, son ventre tourné vers vous ; bébé doit être dans son axe, tête alignée dans le prolongement du corps.
- Prenez votre sein comme ceci : les quatre doigts soutiennent le sein par en dessous, et le pouce au-dessus pour lui présenter toute l’aréole. C’est une bonne prise pour guider, si nécessaire, le mamelon dans la bouche de bébé ou pour dégager doucement le sein devant son nez.
- Bébé, au contact de votre peau, ouvre grand la bouche pour happer non seulement le téton mais toute l’aréole (la zone sombre autour du mamelon).
C’est en appuyant sur les petits réservoirs qui sont sous l’aréole qu’il fera sortir le lait, et non en pinçant le bout du téton. C’est pour cette raison qu’il ne faut pas vous inquiéter si votre mamelon est petit ou ombiliqué : aspiré par la puissante succion de l’enfant, il va progressivement se dessiner.
- Gardez vos doigts détendus, ne vous crispez pas car vous risqueriez de comprimer les canaux lactifères.
- Quand bébé a pris sa place, lâchez votre main, le rond de son nez lui permet de se réserver un passage d’air ; s’il était vraiment gêné, il se rejetterait en arrière.
- Si vous voulez qu’il lâche le mamelon, mettez votre doigt dans sa bouche pour libérer l’aspiration ; surtout ne reculez pas l’enfant, car il tirerait sur le mamelon.
- S’il ne tourne pas sa tête du bon côté, ne le forcez pas ; chatouillez-lui simplement la joue du côté où vous désirez qu’il aille. Mais attention, l’enfant ne tourne pas la tête vers le sein : il lui fait face de tout son corps. Essayez donc de déglutir en tournant la tête et vous comprendrez vite !
Allaiter en position couchée
- N’hésitez pas à utiliser cette position quand vous êtes fatiguée et, bien entendu, la nuit. C’est également une position favorable en cas de césarienne.
Sans doute cette position permet-elle moins de jeux de regards, mais sentir son petit blotti contre soi donne le sentiment de le nourrir autant de lait que de contact et d’odeur. C’est une position agréable, que vous apprécierez.
- Couchez-vous sur le côté, votre bébé bien face à vous, non seulement sa tête mais tout son corps. Calez ses fesses et mettez-lui un coussin dans le dos. Vous-même, calez votre bassin en pliant vos jambes de façon à être détendue.
- Mettez votre bras sous votre tête, au-dessus de l’enfant, et coincez un oreiller derrière votre bras pour reposer la tête.
- Approchez bien l’enfant de vous de façon à ne pas pousser la poitrine en avant d’un geste qui tirerait sur le dos.
- Pour permettre à bébé de faire son rot, tenez-le contre vous et roulez sur le dos : lui sera sur le ventre et pourra éructer.
Quand il sera plus grand, vous le placerez perpendiculairement à vous, les jambes pliées sur le lit. Puis, pour changer de sein, vous roulerez de même de l’autre côté.
Allaiter dans des positions particulières
Si votre mamelon est douloureux, vous apprécierez de soulager la pression ; en changeant de position par rapport au sein, bébé pressera une autre partie du mamelon.
- Vous pouvez par exemple, en position assise, placer le bébé à votre sein droit mais en l’installant comme pour le sein gauche. Au lieu d’avoir sa tête à votre droite et ses jambes à votre gauche, tournez-le dans l’autre sens, avec sa tête entre vos seins et ses jambes sous votre bras droit. Cette position sera utile plus tard si votre enfant, enrhumé, ne peut respirer que d’une seule narine.
Vous pouvez aussi mettre l’enfant tête face à votre sein et le tenir sous votre bras, du côté du sein où il boit… comme un ballon de rugby ! Soutenez sa tête en vous assurant que son cou est détendu, et allongez ses jambes contre le dossier de votre chaise. Cette position, valable pour un bébé plus âgé, est aussi utile avec des jumeaux : un sous chaque bras.
La durée des tétées
- L’enfant tétera de façon efficace durant cinq à six minutes après l’éjection du lait ; celui-ci pouvant mettre plusieurs minutes à couler, ne faites pas de tétées trop courtes. Apprenez à sentir le réflexe d’éjection du lait : le mamelon gonfle, picote, l’autre sein se met souvent à couler. Avant l’éjection du lait, la succion forte peut faire mal, mais cela dure souvent peu de temps.
- À la période de montée de lait, il est préférable de donner les deux seins à chaque tétée ; faites de même quand vous sentez votre poitrine très pleine ou à la dernière tétée du soir afin de ne pas avoir un sein qui reste plus rempli. Mais ensuite, donner un seiA ou les deux sera laissé à votre choix.
Si vous donnez les deux seins à chaque tétée, commencez par celui avec lequel il a fini la fois précédente afin qu’il n’y ait pas le « sein du début » et le « sein de la fin » ; faites une marque (épingle à nourrice accrochée au soutien-gorge) pour vous en souvenir.
- Gardez l’enfant cinq à six minutes après le réflexe d’éjection du lait puis changez de sein, sinon il sera trop fatigué pour prendre le deuxième sein. Laissez-lui le deuxième sein jusqu’à ce qu’il le lâche. Plus tard, vous le laisserez lâcher le premier sein avant de lui proposer le deuxième. Une tétée de ce type peut durer vingt à trente minutes.
- Les premières tétées seront assez courtes, dix à quinze minutes, car bébé se fatiguera vite.
Si elles sont trop longues au début, les tétées risquent de sensibiliser vos mamelons : laissez le bébé téter efficacement tout son saoul, mais ne le laissez pas « mâchouiller » le téton ensuite.
- En revanche, quand vous sentirez que tout va bien, respectez le désir de bébé ; l’action de téter, outre le lait qu’il avale, lui est nécessaire pour satisfaire d’autres fonctions. Nous en reparlerons. Il n’y a pas de temps défini de tétée, attendez qu’il lâche le sein tout seul.
- Bientôt, vous vous familiariserez avec la musique de la tétée.
Quand l’enfant boit, on l’entend aspirer puis déglutir. Au début, il tète ; parfois, il s’énerve avant l’éjection du lait et, après, il prend un rythme régulier. Certains bébés « chantent » en tétant.