L'encoprésie
L’encoprésie ou incontinence fécale fonctionnelle désigne la persistance d’une défécation incontrôlée chez un enfant de plus de trois ans en l’absence d’une atteinte neurologique (incontinence anale) et d’une affection organique caractérisée (encéphalopathie, mégacôlon congénital ou maladie de Hirchprung).
Fréquence:
Plus rare que l’énurésie: 1,5 % à 3 % selon l’âge Elle touche trois à quatre garçons pour une fille.
Etude clinique:
On distingue deux formes:
- L’encoprésie primaire sans phase antérieure de propreté attribuée à un retard de maturation nerveuse.
- L’encoprésie secondaire beaucoup plus fréquente apparaît après plusieurs mois voire années de propreté (vers 7-8 ans dans la majorité des cas).
L’encoprésie contrairement à l’énurésie est presque exclusivement diurne, quotidienne ou pluriquotidienne, survenant parfois à des moments précis de la journée.
Elle peut être intermittente, nettement en relation avec les épisodes de la vie de l’enfant vacances, séparations du milieu familial, rentrée scolaire etc
L’aspect des selles est variables : il peut s’agir de fuites par suintement de selles moulées ou liquides ou évacuées en totalité dans la culotte.
Les conditions de la défécation méritent d’être soulignées certains enfants s’isolent et s’absorbent dans une activité qui n’est pas très différente de la conduite habituelle des enfants qui vont aux W.C., d’autres vont poursuivre l’activité en cours ou au contraire se précipiter vers les toilettes et se salir entre temps.
Le caractère volontaire ou non de l’encoprésie reste un sujet de discussion ; lorsqu’on l’interroge, l’enfant met toujours en avant l’incapacité à se contrôler, toutefois certaines observations vont à l’encontre de ce caractère toujours involontaire, il en est de même de la conscience ou non de la défécation.
Certains encoprétiques semblent passifs indifférents à leur symptôme, d’autres développent des conduites de dissimulation et cachent leur linge souillé. Enfin les attitudes de provocation agressive et ostentatoire sont plus rares.
Etiopathogenie:
La dimension relationnelle et psychologique est au premier plan dans la constitution d’une encoprésie. Contrairement à l’énurésie, il ne semble pas exister pour cette conduite de facteurs génétiques héréditaires.
Plusieurs hypothèses ont été tour à tour évoquées par les auteurs.
L’hypothèse d’un simple retard d’apprentissage dans un milieu familial passif et indifférent a paru expliquer la survenue d’une encoprésie primaire (c’est le cas des situations de carences affectives et éducatives).
Ailleurs et le plus souvent, c’est une situation de conflit qui apparait à l’origine des encoprésies secondaires où l’enfant exprime son agressivité sur un mode régressif envers une mère exigeante et répressive. Toutefois d’autres facteurs interviennent parmi lesquels l’érotisation de cette activité sphinctérienne (avec ses deux temps de rétention et d’expulsion) et les éventuels bénéfices secondaires obtenus grâce au symptôme.
Diagnostic différentiel:
il convient d’éliminer:
- Les incontinences anales des grands syndromes neurologiques.
- Le mégacôlon secondaire à un obstacle
- La maladie de Hischprung ou mégacolon congénital
Traitement:
Il convient d’éviter autant que possible les manipulations anales par suppositoires et lavements ainsi que la multiplication des examens complémentaires qui peuvent accentuer la fixation de l’enfant à son symptôme.
Des conseils peuvent être prodigués à l’enfant visant à le responsabiliser et à obtenir de lui une prise en charge active de son symptôme : tenue d’un carnet où sont consignés les incidents encopésiques, défécation matinale régulière dès le lever etc
Un abord psychothérapique de l’enfant avec implication de la famille reste l’indication de choix notamment dans les formes graves.
Vidéo : L’encopresie
https://www.youtube.com/watch?v=dpnmFxx4QIQ