Le psychanalyste qui se la foule douce
Bien voir
Le psychanalyste qui éprouve avec ses jeunes analysants le besoin de se défouler, ne se foule pas trop, ou qui se la foule douce, se jette sur copine pour y voir — nous disons bien : pour y voir— un pénis détaché ou détachable bien sûr, et toujours upécularisé, pour mieux faire l’objet d’une attribution; cet analyste se comporterait i omme il pourrait imaginer que l’aurait fait Mélanie Klein : ce qui est rien de moins i|iic sûr, car la géniale tripière n’était justement pas si bête, pas si animale que ça.
Le sexe à la bouche
De telles interventions «analytiques», de la part de psychanalystes qui n’ont au lond que le sexe à la bouche — interventions dont Freud a pu se lasser que le petit Mans fasse l’objet, alors qu’il s’analysait si bien lui-même — révèlent chez eux une certaine inconséquence.
Effets pathogènes
Au mieux (!) elles hystérisent l’enfant en déposant avec l’autorité de F Autre dans son inconscient, des signifiants à connotation sexuelle qui devront attendre la puberté pour faire symptomatiquement réminiscence. Au pire, en raison du caractère effroyablement dissociatif qu’elles impliquent, elles morcellent le corps, et en raison du siidisme destructeur qui les inspire, elles font ensuite des morceaux ainsi découpés – nllribués au demeurant au corps d’un autre, un parent souvent — des équivalents d’objets ludiques mais inanimés (une petite voiture devient de la sorte le pénis de papa, avec lequel l’enfant s’amuse si souvent, tandis que le garage est un ventre maternel, dans lequel bien sûr toutes les voitures peuvent pénétrer…). Un tel acharnement thérapeutique peut être sédatif de l’angoisse, puisque le corps est détruit, terrassé, réduit à rien (l’angoisse relative au morcellement, c’est de l’unité de l’imago du corps qu’elle s’origine, et non l’inverse l’unité de l’organe génital qu’elle naît).
Libido et sexualité
Nos concepts de fonctron, de fonctionnement et de débordement nous permettent de penser une toute autre économie chez l’enfant, et d’ouvril de nouvelles perspectives d’interprétation de ses signifiants. Ce type d’intervention «musclée» oublie lout simplement que la sexualité à proprement parler, réelle, soumise au primat des zones génitales, procréatrice, et à laquelle la libido n’est pas obligatoirement associée, n’existe pas du tout chez l’enfant; elle est chez lui moins intense, d’une autre nature, plus diffuse, colloquée aux orifices assurant des fonctions vitales, et est soumise à une libido qui se l’associe activement, avec la force qu’elle tire des fonction tions qu’elle se soumet pour exister. C’est au moment de la puberté que la sexualité devient proprement génitale, la libido en excès devant alors — et c’est la norme — se convertir. Quand l’adulte parle le sexuel à un enfant, il n’a plus son innocence : il tombe là comme Mars en Carême ; il l’oublie, et cet oubli dont se soutient son intervention, est sans doute ce qui protège le plus sûrement l’enfant du caractère pathogène qui la spécifie. Au début de sa pratique, un jour qu’un psychanalyste intervenait de cette façon déplacée avec un enfant serein, celui-ci rétorqua : «c’est bon pour vous, c’que vous dites là»
Le semblable, le semblant, le même
Ce n’est d’ailleurs pas au sexuel que réfère copine dans le discours de Séraphine, mais au semblable, au semblant, au même. Confrontée au trou dans l’image du moi, confrontée à l’épreuve de la non-spécularité, elle préfère le copinage, qui lui est plus spéculaire, qui est plus précisément pour elle bi-univoque ; la non-spécularité introduit l’équivocité, même dans l’image : elle lui préfère l’image bi-univoque plus rassurante, celle qu’elle compose avec Aline, et qu’à partir de copine interprétée grâce à l’algorithme i (a) nous pourrions écrire : i (cop-ne)… Icône dont la nostalgie est exprimée par cette phrase, où le verbe prend toute son importance parce qu’il réfère à un réel nécessairement présent : «c’est dommage qu’on se voie qu’à l’école». Elle est trop petite encore pour imaginer une de ces méthodes expérimentales audio-visuelles qui assurent à l’expérimentateur un rapport bi-univoque à son objet. Quand elle sera plus grande peut-être… Icône, Aline, Séraphine, contiennent toutes les trois la négation ne, qui ne manque pas pour Séraphine de faire retour à sa douleur : dans son champ visuel en effet, elle fait coupure d’un réel pour lui substituer l’absence qui en marque la trace.
C’est pas si facile
- Le pas à faire
Sa nostalgie ne procède-t-elle que de cette négation? Le fragment : «c’est pas si facile» oblige à nuancer la réponse pour la soutenir, non seulement de l’action de nier, mais également de la position maternelle et de la complexion de l’enfant.
- L’imago maternelle
Séraphine présente sa mère comme un monolithe de raison, comme de la raison gravée sur de la pierre, gravée à jamais, donc à mort; et cette imago, car cette présentation est tout de même un peu trop caricaturale, se recommande des indiscutables impératifs maternels. Dans de telles conditions, comment ne pas voir Aline qu’à l’école?
- La conviction est-elle anticipatrice?
Une conviction anticipatrice voisine du délire lui en fournit un moyen, caricatural aussi parce que spéculaire des injonctions reçues de sa mère : « mais je suis sûre qu’elle viendra quand même, oh oui!’» Pour faire opposition au non maternel, elle recourt donc au oui. Et cette certitude trouve son origine irréfragable dans le copinage : « parce que c’est ma copine ! »
- La bi-univoque nostalgie
La copine n’est pas celle de sa mère en effet, et en cette occurrence, sa mère n’estnon plus sa copine; mais dans cette seule phrase, Séraphine dévoile sa problématique et sans y prêter attention, déclare que sa nostalgie tout comme son conflit avec dm nu re s’y originent. Sa problématique est celle de la bi-univocité, où une image ne ni. dans le moi comme dans le miroir ou dans l’Autre, se dissocier pour exister du mvI qui lui correspond. Quand un tel phénomène aliène tout le champ subjectif, ou pour le moins psychose; il ne s’agit pas du tout de ce type de structure , car le problème se réduit à ceci qu’il est difficile, ou plutôt pas si facile pour léruphine de se dissocier d’Aline. Telle est son reliquat bi-univoque, avec son strictement spéculaire, et son rapport conflictuel déchirant, avec quiconque de s’y faire valoir comme Autre, sinon comme tiers terme. Quand le psychana- ! Me évoque son père, elle le récuse et lui oppose une fin de non recevoir : il n’est pas tfnriix, il plaisante toujours. Le psychanalyste ferait mieux, comme elle paraît le lui innst’iller, de ne rien en demander, de n’en rien faire — où reparaît le «ça fait rien» i|in lui est si cher, mais qui prend en ce passage de son discours le trait du père : le th h. ce rien qu’elle ne cesse bien sûr d’avoir en tête.
- Excès d’un côté de t’Imago et déficit de l’autre
Après avoir fait de sa mère une pierre gravée d’une raison sans faille, sans limite et uns lerme, au point de la présenter comme aliénée, elle fait de son père un être peu m’nnix, un plaisantin, un homme de dérision assez déraisonnable pour n’être rien que I Hivers de son épouse; mais elle conjoint ses deux imago parentales à l’endroit de ce i |ii cl le suppose être leur commune folie : la déraison, par excès de raison chez l’une, l’Ui manque de raison chez l’autre. En peu de mots : elle sait déjà qu’ils mentent.
C’est seulement avec maman
- I ‘énigme
S’il était lui-même sans butée, cet imaginaire n’augurerait rien de très bon pour I .i<Ivcnir de Séraphine; mais dans le dernier fragment de son discours, la folie i mijoignant père et mère se métamorphose heureusement en un point d’arrêt : une i iiif ine, témoignant d’un refoulement et de ce qui peut en faire retour, mais cette fois ilt’placé sur une interrogation. Cette interrogation reprend, mais pour en faire énigme, lr .ignifiant sérieux, signifiant qui semble avoir perdu la négation propre à lui faire (n uire raison : il est très sérieux ce père avec sa femme; il sait sérier, faire série, |iu’iulre date; le signifiant marque alors l’inscription dans le temps, dans la ilmihronie.
- Le sérieux de l’énigme et son enjeu
Serait-ce de le sexualiser, que ce signifiant ne présenterait plus rien qui fasse rire, ou puisse faire l’objet d’une plaisanterie? Dans la leçon du 5 Mars 1969 de son Séminaire «d’un Autre à l’autre», Lacan nous permet de répondre plus sérieusement a cette question, en disant : «c’est parce que, comme le dit Freud, l’énigme est là de savoir ce que veut une femme, ce qui est une façon tout à fait déplacée d épingler ce qui’il en est, dans l’occasion, de sa place, que prend valeur ce qu’il en est de savoir devient proprement génitale, la libido en excès devant alors — et c’est la norme — se convertir. Quand l’adulte parle le sexuel à un enfant, il n’a plus son innocence : il tombe là comme Mars en Carême ; il l’oublie, et cet oubli dont se soutient son intervention, est sans doute ce qui protège le plus sûrement l’enfant du caractère pathogène qui la spécifie. Au début de sa pratique, un jour qu’un psychanalyste inter venait de cette façon déplacée avec un enfant serein, celui-ci rétorqua : «c’est bon pour vous, c’que vous dites là»
- Le semblable, le semblant, le même
Ce n’est d’ailleurs pas au sexuel que réfère copine dans le discours de Séraphine, mais au semblable, au semblant, au même. Confrontée au trou dans l’image du moi, confrontée à l’épreuve de la non-spécularité, elle préfère le copinage, qui lui est plus spéculaire, qui est plus précisément pour elle bi-univoque ; la non-spécularité introduit l’équivocité, même dans l’image : elle lui préfère l’image bi-univoque plus rassurante, celle qu’elle compose avec Aline, et qu’à partir de copine interprétée grâce à l’algorithme i (a) nous pourrions écrire : i (cop-ne)… Icône dont la nostalgie est exprimée par cette phrase, où le verbe prend toute son importance parce qu’il réfère à un réel nécessairement présent : «c’est dommage qu’on se voie qu’à l’école». Elle est trop petite encore pour imaginer une de ces méthodes expérimentales audio-visuelles qui assurent à l’expérimentateur un rapport bi-univoque à son objet. Quand elle sera plus grande peut-être… Icône, Aline, Séraphine, contiennent toutes les trois la négation ne, qui ne manque pas pour Séraphine de faire retour à sa douleur : dans son champ visuel en effet, elle fait coupure d’un réel pour lui substituer l’absence qui en marque la trace.
C’est pas si facile
- Le pas à faire
Sa nostalgie ne procède-t-elle que de cette négation? Le fragment : «c’est pas si facile» oblige à nuancer la réponse pour la soutenir, non seulement de l’action de nier, mais également de la position maternelle et de la complexion de l’enfant.
- L’imago maternelle
Séraphine présente sa mère comme un monolithe de raison, comme de la raison gravée sur de la pierre, gravée à jamais, donc à mort; et cette imago, car cette présentation est tout de même un peu trop caricaturale, se recommande des indiscutables impératifs maternels. Dans de telles conditions, comment ne pas voir Aline qu’à l’école?
- La conviction est-elle anticipatrice?
Une conviction anticipatrice voisine du délire lui en fournit un moyen, caricatural aussi parce que spéculaire des injonctions reçues de sa mère : «mais je suis sûre qu’elle viendra quand même, oh oui!» Pour faire opposition au non maternel, elle recourt donc au oui. Et cette certitude trouve son origine irréfragable dans le copinage : «parce que c’est ma copine! »
- Le sérieux de l’énigme et son enjeu
I a copine n’est pas celle de sa mère en effet, et en cette occurrence, sa mère n’est |ni’. non plus sa copine; mais dans cette seule phrase, Séraphine dévoile sa probléma- et sans y prêter attention, déclare que sa nostalgie tout comme son conflit avec nm iiutc s’y originent. Sa problématique est celle de la bi-univocité, où une image ne ni. dans le moi comme dans le miroir ou dans F Autre, se dissocier pour exister du im I qui lui correspond. Quand un tel phénomène aliène tout le champ subjectif, il y a miiisine, ou pour le moins psychose; il ne s’agit pas du tout de ce type de structure !t l, car le problème se réduit à ceci qu’il est difficile, ou plutôt pas si facile pour Nimphine de se dissocier d’Aline. Telle est son reliquat bi-univoque, avec son ordon strictement spéculaire, et son rapport conflictuel déchirant, avec quiconque IAi lu- de s’y faire valoir comme Autre, sinon comme tiers terme. Quand le psychana- h ‘.le évoque son père, elle le récuse et lui oppose une fin de non recevoir : il n’est pas M’iii’iix, il plaisante toujours. Le psychanalyste ferait mieux, comme elle paraît le lui de ne rien en demander, de n’en rien faire — où reparaît le «ça fait rien» i|in lui est si cher, mais qui prend en ce passage de son discours le trait du père : le llru, ce rien qu’elle ne cesse bien sûr d’avoir en tête.