La thérapie des phobies spécifiques
La thérapie des phobies spécifiques et de l’anxiété en général est un thème qui, dès les débuts de la thérapie comportementale, a donné lieu à de nombreuses recherches. Elle suit deux principes qui trouvent leur application dans des procédés divers.
Le premier principe, celui de la désensibilisation systématique, a été formulé par Wolpe (1958). Il recommande une confrontation progressive (dans l’imagination ou la réalité) du patient avec des situations peu anxiogènes jusqu’au moment où se produit une inhibition de la réaction anxieuse ( par la relaxation qui est antagoniste à l’anxiété). Son application clinique commence par une analyse du comportement suite à laquelle les différentes situations anxiogènes sont hiérarchisées d’après le degré d’anxiété éprouvé (hiérarchie d’anxiété). Le patient apprend alors une technique de relaxation (généralement la relaxation musculaire progressive selon Jacobson). Lors d’une troisième étape, on passe alors à la désensibilisation proprement dite en imagination : le patient commence par se représenter, en état de relaxation, l’échelon le plus bas de la hiérarchie d’anxiété (pendant 10 à 20 secondes). Cet exercice est répété jusqu’à ce qu’il puisse se le représenter sans devenir anxieux.
Il est à nouveau répété progressivement avec les autres situations de la hiérarchie d’anxiété jusqu’au moment où la réaction anxieuse ne se manifeste plus. Afin que la diminution d’anxiété ainsi obtenue s’étende mieux aux situations de la vie quotidienne, le patient doit faire des « devoirs » et exercices entre les séances. L’application clinique de ce principe peut cependant aussi se faire directement dans la réalité quotidienne du patient. Dans ce cas, le patient s’approche d’abord des situations les moins chargées d’anxiété et se risque ensuite progressivement dans celles qui le sont plus.
Le deuxième principe à l’œuvre dans le traitement des phobies spécifiques est celui de l’exposition et de l’empêchement de la réaction. Il repose sur l’observation que l’anxiété diminue spontanément après un certain temps si la personne l’affronte sans essayer de quitter la situation anxiogène ou de lutter contre l’anxiété. Pour cette raison, le thérapeute doit empêcher la réaction de fuite, ce qu’il fait en encourageant le patient.
L’application clinique de ce principe commence également par une analyse approfondie du comportement et un repérage des objets et situations anxiogènes. Le travail thérapeutique débute alors en imagination ou directement dans les situations anxiogènes, en présence du thérapeute, dans un groupe de patients souffrant du même trouble, ou en séance individuelle. Auparavant, on explique et on discute naturellement le procédé et l’on assure le patient de l’aide nécessaire. L’instruction pour la gestion de soi dans des situations de stress, déjà mentionnée antérieurement, fait partie de ce traitement entre autres.
Recommandations de traitement:
L’efficacité des divers procédés de désensibilisation et d’exposition a fait l’objet d’un grand nombre de recherches. Pour le traitement des phobies spécifiques, l’exposition in vivo s’est révélée efficace (Emmelkamp, 1986 ; Barlow, 1988) et elle est actuellement recommandée comme traitement de choix. La pharmacothérapie n’ajoute rien à cet effet (Zitrin et al., 1983).